Japon : le yen condamné à s’affaiblir

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Par Alexandre Baradez Modifié le 18 mars 2014 à 10h18

Il y aura incontestablement un avant et un après Shinzo Abe sur les marchés financiers. Son arrivée au pouvoir a créé une inflexion très nette de l’évolution de ces derniers, que ce soit le marché des changes ou celui des actions.

L’homme fort du Japon a axé sa politique sur 3 axes : plan de relance, intervention monétaire et réformes structurelles, les fameux Abenomics. L’intervention la plus spectaculaire pour les marchés financiers et notamment pour le marché des changes est celle de la banque centrale (BoJ) dont l’intervention vise à briser le cercle déflationniste dans lequel est plongé l’archipel depuis près de 15 ans.

La BoJ s’est fixée pour objectif de ramener l’inflation dans la zone des 2 % en doublant la masse monétaire en deux ans. Conséquences spectaculaires de cet arsenal de relance : le Nikkei 225 a bondit de plus de 80 % et la yen s’est massivement affaibli face aux principales devises, dont l’euro et le dollar. Le dollar est passé de 80 yens à fin 2012 à plus de 105 yens à fin 2013. Même constat pour l’euro qui s’est très nettement apprécié : la devise européenne s’échangeait à 100 yens fin 2012…contre 145 yens fin 2013, soit plus de 45 % de hausse. Même si la BoJ s’est toujours défendue de vouloir agir sur les taux de change, l’effet est bien là, la communauté internationale n’ayant que pas ou peu réagi face à ces mouvements sensibles sur les devises.

On pourrait penser qu’après une telle phase d’affaiblissement, le yen devrait reprendre quelques couleurs face aux autres devises mais il n’en sera rien. Le meilleur exemple à ce propos est très proche de nous : lors de l’accroissement des tensions en Ukraine, avec d’abord un changement de pouvoir puis la montée en puissance des tensions géopolitiques autour de la Crimée, le yen, traditionnel marqueur du « risque » s’est très peu renforcé alors que d’autres marchés, notamment les marchés actions ont sensiblement baissé au cours de la journée de lundi (3 mars). Le yen n’est pas l’unique devise recherchée en période de risques, c’est également le cas du dollar américain et du franc suisse. Mais le renforcement extrême du yen depuis des années, face au dollar notamment, laisse penser que la phase de correction qui a commencé à s’opérer depuis l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe n’est pas prête de s’arrêter…
Au début des années 80, un dollar US s’échangeait contre près de 280 yens. Après la crise des subprimes et au plus fort de la crise de la dette en zone euro, un dollar s’échangeait contre « seulement » 75 yens…

Depuis près de 30 ans, le yen n’a donc cessé de se renforcer face au dollar et plus récemment face à l’euro. L’ampleur des Abenomics aura permis d’infléchir cette tendance long terme et les derniers.

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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