Municipales : après la fête du second tour, le coup de barre du troisième : 20 milliards d’économies à trouver dans les collectivités

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Par Ludovic Grangeon Publié le 29 mars 2014 à 5h30

Commençons par la conclusion : 20 milliards par an tout de suite… Il suffit d’appliquer aux indemnités d’élus le système qu’ils ont eux-mêmes mis en place pour leurs propres partis politiques.

Les commentaires se multiplient à propos de la gigantesque gifle donnée par les électeurs au système politique français, à ses petites cours, ses minuscules intrigues. Les évènements actuels ne sont qu’un défi à notre médiocrité.

Pourtant, il est un enseignement jusqu’ici passé inaperçu. Dans de nombreuses communes de France, il existe des élus qui ont réussi à intéresser leurs électeurs à la vie locale, à les mobiliser sur des projets, à obtenir des participations de vote de 80 %.

Ces élus n’en sont pas récompensés pour autant. Dans certaines villes, des listes vont être élues avec moins d’une voix sur deux, ce qui fait que leur majorité ne représentera à peine qu’un quart de la population, voire moins…

Il existe une économie efficace qui permettra en même temps d’assainir considérablement la vie politique, et qui demande une mesure très simple. Il suffit d’appliquer aux indemnités d’élus le système qu’ils ont eux-mêmes mis en place pour leurs partis politiques. Ainsi, un maire élu avec 40 % d’abstentions ne percevra que 60 % de son indemnité de fonctions. On pourrait même imaginer que la dotation globale de fonctionnement versée par l’Etat pour équilibrer le budget de la commune, suive le même régime. Les projets locaux ne sont pas légitimes s’ils sont lancés par des élus locaux qui ne représentent qu’une voix sur 4 ou 5.

L’indemnité d’un maire, d’un conseiller général, d’un député, et de tout autre élu aux très nombreuses structures technocratiques intercommunales doit tout simplement être proportionnelle au pourcentage de voix recueilli par sa liste aux élections. Les ors du Sénat et de l’Assemblée Nationale ont été suffisamment décriés ces derniers temps. Le train de vie de nos parlementaires est une honte en temps de crise.

N’oublions pas que les budgets de nombreuses collectivités sont très alourdis par des charges de fonctionnement dues aux effectifs pléthoriques des petits barons locaux qui ont multiplié les embauches de « chargés de mission » divers et variés pour disposer à leur guise de permanents politiques. Et pourtant ce système n’aura servi à rien, si ce n’est au contraire d’être entourés de courtisans qui les ont éloignés encore un peu plus de leurs électeurs…

Alors ? Combien ça rapporte ? Pour les rentes de situation des élus locaux et de leurs aéropages, minimum 20 milliards par an. Si l’Etat module les dotations d’équilibre, 45 à 60 milliards par an, et on ne verra pas la différence, avec cette baisse de la fiscalité que tout le monde cherche pour relancer l’économie. Demandez à un Préfet comment il observe le rendement détestable des dotations qu’il verse tous les ans aux collectivités…Un Prix Nobel d’économie l’a totalement démontré : Elinor Ostrom. Un autre Prix Nobel d’économie le répète tous les jours : Joseph Stiglitz.

Les dépenses locales ont encore augmenté plus vite que celle de l’Etat, même s’il y a eu des reports internes. Les deux suivent un rythme insupportable, de 2 à 4 fois l’inflation par an depuis 30 ans. Aujourd’hui les dépenses locales représentent environ 230 milliards €. Seulement UN QUART de ces dépenses va réellement à l’équipement soit environ 60 milliards. C’est comme si un architecte vous demandait 75 % d’honoraires pour construire une maison, ou un garagiste 75% du prix de votre voiture !!!

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.

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