Coronavirus : l’État envisage des nationalisations

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 18 mars 2020 à 11h44
Responsabilite Catastrophe Multinationale Petition
1%Le gouvernement s'attend à une récession de 1% en France.

La crise du coronavirus signe-t-elle la fin du libéralisme total qui a été le mot d’ordre depuis des décennies, et en particulier depuis la chute du mur de Berlin en 1989 et de l’URSS en 1991 ? C’est un peu tôt pour l’annoncer. Mais le paradigme a clairement changé et, désormais, l’État français mentionne la possibilité de nationalisations pour aider les entreprises.

Dans la stratégie du gouvernement, qui a privatisé la Française des Jeux en 2019 et qui espérait privatiser les Aéroports de Paris (ADP) en 2020, c’est un virage net à 180 degrés.

45 milliards d’euros pour l’économie

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, a détaillé mardi 17 mars au matin, quelques heures avant l’entrée en vigueur du confinement de toute la population française, les mesures que se prépare à lancer le gouvernement. Un chiffre est à retenir : 45 milliards d’euros. C’est ce qui est mis sur la table pour l’instant et qui s’ajoute, au niveau mondial, à l’ensemble des mesures prises et annoncées par les banques centrales des pays touchés.

Première mesure, confirmée plus qu’annoncée, la prise en charge totale du chômage partiel pour un coût de 8,5 milliards d’euros. Pour commencer… car personne ne sait en réalité quand cette crise va se terminer. 2 millions de salariés seraient déjà concernés.

« C’est une stratégie de maintien des compétences, qui rompt avec les décennies précédentes où, lorsqu’il y avait une crise économique, on se séparait des salariés, on faisait des licenciements et, du coup, on redémarrait plus difficilement l’économie parce qu’on avait perdu des compétences » explique Bruno Le Maire. Car l’objectif affiché par Emmanuel Macron est simple : personne ne sera laissé de côté. « Nous sommes en guerre » a-t-il déclaré.

Mais, paradoxalement et alors que Muriel Pénicaud, ministre du Travail, l’a annoncé et répété, il n’y aura pas d’interdiction de licenciement en France. Les entreprises auront donc le droit de licencier, mais elles sont vivement incitées à ne pas le faire. Si les chefs d’entreprises interprètent ces signaux comme les Français ont interprété l’invitation à rester chez eux du 14 mars 2020, le lendemain ils étaient amassés dans les parcs, ce n’est pas gagné…

Les TPE au centre de la stratégie de combat

Le gouvernement espère surtout sauver un maximum de TPE, véritable tissu économique de France qui représentent, peu ou prou, 99% des entreprises du pays. Plus fragiles, elles risquent de mettre la clé sous la porte.

Environ 32 milliards d’euros leur sont dédiés… pour le mois de mars 2020. Le gouvernement espère en effet que le confinement pourra prendre fin en avril 2020, il n’a été annoncé que pour 15 jours, mais quand on regarde la situation ailleurs dans le monde, et surtout en Italie, cette éventualité semble impossible. L’espoir fait vivre, n’est-ce pas ?

Les TPE dont le chiffre d’affaires aurait baissé de plus de 70% entre mars 2019 et mars 2020 bénéficieront d’une indemnisation de 1.500 euros. Leurs charges sociales et fixes (factures, loyers) sont également suspendues.

Vers des nationalisations en France ?

Mais l’annonce la plus importante, en termes de stratégie, est sans doute celle faite à demi-mot, le gouvernement espérant sans doute ne pas avoir à y recourir : des « nationalisations si nécessaire ». « Tous les moyens à disposition seront utilisés » a déclaré Bruno Le Maire en visioconférence, confinement oblige.

Pour qui et comment ? Difficile à dire. Difficile toutefois de croire que le gouvernement va nationaliser les petites entreprises : ce sont donc, encore une fois, les grands groupes qui en bénéficieront. Peut-être Air France, Total, EDF, GDF… les TPE et PME, elles, seront laissées à leur propre sort.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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