Quand l’Amérique avance, la France recule… Terrible guerre économique !

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Par Charles Sannat Modifié le 27 novembre 2018 à 10h34
Etats Unis Europe Tensions Commerciales
20 milliardsLes États-Unis voudraient infliger une amende de plus de 20 milliards à anciennement AREVA.

Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,

Lorsque Macron, dans une petite phrase, parlant de défense européenne explique qu’il faut aussi se protéger des États-Unis, sa sortie n’est pas anodine, ni le fruit d’une erreur. C’est a priori bien volontaire, et en langage diplomatique cela veut dire que la France et son président sont très fâchés à l’égard des Américains.

Il faut dire qu’ils sont terribles ces Américains, et qu’avec des amis pareils, il n’est point besoin d’ennemi ! Si l’ogre russe doit nous faire trembler et que les Américains sont forcément gentils vu qu’ils nous ont sauvés de l’Allemagne nazie, Poutine, lui, a toujours livré son gaz, jamais augmenté les prix et respecté peu ou prou les accords et autres contrats, sans parler du fait que la Russie, elle, ne soumet pas nos entreprises à des amendes de plusieurs milliards tous les ans.

Le dernier sujet en date étant la méga menace d’amende à plus de 20 milliards que les États-Unis voudraient infliger à AREVA, enfin anciennement AREVA.

La guerre économique est terrible et l’incapacité européenne à s’unir face aux États-Unis rend la vie impossible à l’économie française et aux entreprises européennes en général d’ailleurs.

Toute l’ambiguïté de l'Europe !

Tout le monde serait d’accord pour une Europe qui soit belle, qui respecte la volonté des peuples, et qui nous assure à tous une protection par une union puissante notamment sur les sujets commerciaux !

Las. L’Europe, alors que nous sommes le plus gros marché mondial, et en réalité la première puissance économique est totalement impuissante. Les États ne peuvent plus rien faire, car ils ont abandonné leur souveraineté à l’Europe, qui n’a toujours pas mis en marche une souveraineté européenne susceptible de protéger l’ensemble des pays du continent.

Nous subissons, nous nous faisons « massacrer » économiquement sans rien dire. Sans rien faire.

Le chinois CNPC prend la suite de Total en Iran

La preuve par l’exemple, c’est un article d’Anne-Sophie Cathala du Figaro qui revient sur l'éviction de Total en Iran et de son remplacement immédiatement par le grand groupe pétrolier chinois CNPC.

Quand les États-Unis avancent et nous menacent, nous sanctionnent, et que nous acceptons la soumission économique, la France et nos intérêts reculent, la Chine, elle, prend la place, car la nature à horreur du vide et que la Chine assume sa volonté de puissance internationale et ne refuse pas la confrontation avec les États-Unis.

La Chine ne semble pas avoir peur des sanctions américaines, elle.

« Sur fond de sanctions américaines, le groupe pétrolier public chinois CNPC remplacera, comme attendu, le français Total dans le projet gazier de South Pars, en Iran. L’information a été officialisée dimanche par le ministre iranien du Pétrole.

Sous les menaces de Washington, Total avait indiqué, dès août, aux autorités iraniennes, qu’il allait se retirer du contrat du projet South Pars, en Iran. Le géant français, qui est présent aux États-Unis et a des actionnaires américains, ne pouvait impunément risquer de contrevenir aux sanctions rétablies par Washington. »

C'est fort dommage pour Total parce que le développement de la phase 11 de South Pars attribuait à Total 50,1 % du plus grand gisement gazier au monde… et donc des profits considérables.

Ces profits ne seront pas pour l’une de nos entreprises.

Vous voyez également la complexité de ce genre de dossier. En effet, quand bien même le gouvernement français aurait souhaité résister aux pressions américaines, quand bien même l’Union européenne, dont je dénonce inlassablement les limites et les problèmes qu’elle pose, aurait souhaité s’opposer aux États-Unis que Total aurait quitté tout de même l’Iran.

Et vous savez pourquoi ?

Parce que comme l’écrit Le Figaro dans le passage que je vous cite, « le géant français, qui est présent aux États-Unis et a des actionnaires américains, ne pouvait impunément risquer de contrevenir aux sanctions rétablies par Washington ».

Total ne pouvait pas passer outre ses actionnaires américains.

Cela nous conduit à reparler de ce que l’on appelait autrefois les « noyaux durs » d’actionnaires quand l’État privatisait une entreprise et s’arrangeait pour qu’elle reste entre les mains de grands capitaines d’industrie français.

Vous voyez, à travers ce cas emblématique de Total, aussi bien l’impuissance de l’État français que l’impuissance de l’Europe, mais aussi l’impuissance d’une entreprise.

Tous les flux d’actionnaires et financiers sont tellement interconnectés qu’il est devenu très difficile désormais de trouver des solutions alternatives « confortables » ou « douces ».

L’impuissance de l’action publique provient fondamentalement de cette situation. Petit à petit, nous avons laissé une mondialisation tentaculaire se développer jusqu’à ce qu’elle devienne totalement hors de contrôle.

C’est aussi pour cette raison que la démondialisation ne peut être qu’un processus long, et qu’elle n’est menée pour le moment qu’à l’avantage exclusif des Américains.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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