Travail au noir, fraude aux cotisations coûtent au moins 20 milliards

Photo Jean Baptiste Giraud
Par Jean-Baptiste Giraud Modifié le 17 septembre 2014 à 4h56

Et encore 20 milliards, c'est pour que le titre soit court, car le rapport de la Cour des Comptes qui révèle l'explosion du phénomène parle même de "20 à 25 milliards d'euros". En cause ? La crise bien entendu, qui n'en finit pas de ne pas finir, mais aussi le matraquage fiscal et le poids des charges de cotisations sociales pesant sur les entreprises. Curieusement, la "phobie administrative" n'est pas prise en compte, mais il doit bien y avoir aussi un peu de "négligence" dans le lot.

En attendant, 20 à 25 milliards d'euros représentent plus de 5 % du total des cotisations sociales prélevées en France sur le travail. Un montant astronomique qui a plus que doublé depuis 2007, signant la double responsabilité de la crise et de la hausse des charges. En tête des fraudeurs, on retrouve sans grand étonnement des secteurs qui souffrent de la crise et de la concurrence de la main d'oeuvre à bas coût : bien évidemment le secteur du batiment, suivi par celui du commerce. Il manquerait près de 4 milliards d'euros de cotisation dans le batiment, eu égard à l'activité constatée du secteur, et 3,3 milliards dans le commerce en général.

Difficile pour autant de les blamer, quand on sait par exemple que le nombre de travailleurs détachés provenant d'autres pays de l'Union Européenne, où les salaires sont beaucoup moins élevés est passé de 8000 au début des années 2000 à.... 170 000 en 2012. De même, le statut d'auto-entrepreneur, réguliérement critiqué, abriterait un certain nombre d'anciens salariés travaillant pour leur ancien employeur ou un employeur unique, en lieu et place d'un contrat de travail soumis à cotisations sociales. Autre fraude difficile à sanctionner, la non-déclaration de tout ou partie des heures de services à la personne : aide-ménagère, femme de ménage. A tout cela s'ajoute la sous-traitance, et le travail "dissimulé" ou non déclaré des proches dans les entreprises familiales. Et bien entendu, le vrai travail au noir, assumé, non déclaré par choix. L'ensemble représenterait plus d'un point de PIB. Pourtant, le calcul du PIB a justement été révisé dernièrement, pour en tenir compte...

La Cour des Comptes, dont le rapport sera rendu public mercredi 17 septembre mais dont des pans entiers ont fuité dans les médias la veille au soir, déplore l'absence de "police fiscale"pour lutter contre la fraude aux cotisations sociales. Les URSSAF régionales disposent bien d'équipes d'enquêteurs, habilitées à procéder à des contrôles in situ et sur pièces, mais à l'échelle d'une région comme la région PACA, ils ne sont qu'une petite dizaine... Résultat, les redressements et recouvrement forcés se sont élevés à moins d'1 milliard d'euros en 2013, soit moins de 5 % du montant éstimé des fraudes.

Photo Jean Baptiste Giraud

Jean-Baptiste Giraud est le fondateur et directeur de la rédaction d'Economie Matin.  Jean-Baptiste Giraud a commencé sa carrière comme journaliste reporter à Radio France, puis a passé neuf ans à BFM comme reporter, matinalier, chroniqueur et intervieweur. En parallèle, il était également journaliste pour TF1, où il réalisait des reportages et des programmes courts diffusés en prime-time.  En 2004, il fonde Economie Matin, qui devient le premier hebdomadaire économique français. Celui-ci atteint une diffusion de 600.000 exemplaires (OJD) en juin 2006. Un fonds economique espagnol prendra le contrôle de l'hebdomadaire en 2007. Après avoir créé dans la foulée plusieurs entreprises (Versailles Events, Versailles+, Les Editions Digitales), Jean-Baptiste Giraud a participé en 2010/2011 au lancement du pure player Atlantico, dont il est resté rédacteur en chef pendant un an. En 2012, soliicité par un investisseur pour créer un pure-player économique,  il décide de relancer EconomieMatin sur Internet  avec les investisseurs historiques du premier tour de Economie Matin, version papier.  Éditorialiste économique sur Sud Radio de 2016 à 2018, Il a également présenté le « Mag de l’Eco » sur RTL de 2016 à 2019, et « Questions au saut du lit » toujours sur RTL, jusqu’en septembre 2021.  Jean-Baptiste Giraud est également l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Dernière crise avant l’Apocalypse », paru chez Ring en 2021, mais aussi de "Combien ça coute, combien ça rapporte" (Eyrolles), "Les grands esprits ont toujours tort", "Pourquoi les rayures ont-elles des zèbres", "Pourquoi les bois ont-ils des cerfs", "Histoires bêtes" (Editions du Moment) ou encore du " Guide des bécébranchés" (L'Archipel).

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