Le cloud privé (re)devient stratégique, notamment pour les workloads sensibles, les environnements IA ou encore les applications soumises à des contraintes réglementaires strictes. Richard Wilkinson, Chief Technologist GIS Europe chez DXC Technology, décrypte cette tendance en répondant à trois questions.
3 grandes tendances expliquent le retour au cloud privé en entreprise
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Published on 1 août 2025 4h30
53%53 % des décideurs IT considèrent le cloud privé comme leur priorité n° 1
Le modèle hybride, longtemps perçu comme une transition vers un cloud public total, devient aujourd’hui moins dominant. En effet, selon le rapport « Private Cloud Outlook 2025 », une vague d’entreprises amorce un recentrage vers le cloud privé, motivé par des impératifs de sécurité, de conformité et de souveraineté, si bien que ce sont 53 % des décideurs IT qui considèrent le cloud privé comme leur priorité n° 1 pour déployer de nouvelles workloads sur les trois prochaines années, et 69 % envisagent ou mettent déjà en œuvre un rapatriement des charges critiques sur cloud privé.
Pourquoi observe-t-on un regain d’intérêt pour le cloud privé dans les entreprises, et qu’est-ce que cela dit de leurs priorités actuelles ?
“Au sein de DXC Technology, nous identifions trois tendances principales pouvant expliquer ce retour au cloud privé. Tout d’abord, le contexte géopolitique qui pousse nos clients à réévaluer leurs risques, notamment en ce qui concerne la dépendance à certains partenaires technologiques et la localisation de leurs données critiques. Puis, les besoins en intelligence artificielle, incluant son entraînement qui nécessite souvent une consolidation des données sur un site unique, ce qui va à l’encontre des politiques multicloud ou multi-partenaires. Et enfin, les avancées des outils d’orchestration et des architectures en containers qui ont gommé de nombreux avantages autrefois liés aux hyperviseurs. Par conséquent, le cloud privé devient à la fois plus attractif techniquement et économiquement.”
Quel rôle jouent aujourd’hui les nouvelles réglementations européennes (comme DORA, NIS2, RGPD ou SecNumCloud) dans les choix d’architecture cloud ?
“La multiplication des réglementations impose à nos clients un besoin accru de maîtrise de leurs infrastructures. Ceux qui sont soumis à plusieurs régimes de conformité — souvent les plus grands groupes — doivent répondre à des audits complexes et fréquents. Cela les conduit à reprendre la main sur leurs systèmes critiques, avec une préférence marquée pour des solutions souveraines, auditables et conformes aux exigences locales et européennes.”
Face à la montée des usages en IA et à la complexité des environnements hybrides, comment les entreprises peuvent-elles garder le contrôle de leur infrastructure ?
“Les entreprises ont la responsabilité légale, mais aussi éthique, de maîtriser leur infrastructure, en particulier dans un contexte où les interactions clients sont de plus en plus pilotées par l’IA. Chaque dialogue entre un agent IA et un client engage l’image de l’entreprise. Un incident de sécurité, un biais ou une mauvaise réponse peuvent entamer durablement la confiance. Cela exige une gouvernance forte, une architecture maîtrisée et une supervision continue.”