Le 31 juillet 2025, à l’aube du grand chassé-croisé estival, Vinci Autoroutes a publié une nouvelle édition de son baromètre annuel sur les comportements des automobilistes en matière de gestion des déchets. Cette enquête, menée par l’institut Ipsos auprès de 2 256 personnes du 6 au 13 juin 2025, révèle que les gestes de pollution, bien que légèrement en recul, demeurent largement répandus sur les axes autoroutiers français. Plus d’un conducteur sur cinq continue de jeter ses déchets par la fenêtre de son véhicule. Une donnée inquiétante pour l’environnement comme pour la sécurité routière.
L’autoroute, toujours terrain d’incivilité environnementale
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2025, 22 % des Français reconnaissent jeter leurs déchets par la fenêtre de leur voiture, contre 27 % en 2024, soit une baisse de 5 points. Sur la voie publique, 37 % des personnes interrogées avouent faire de même, contre 41 % l’an passé. Une amélioration marginale, mais encore loin d’être satisfaisante. Les déchets les plus fréquemment jetés incluent les trognons de pomme (19 %), les mégots (18 % des fumeurs), les canettes et les emballages (6 % chacun). Ces comportements affectent directement la propreté des aires d’autoroute, mais aussi la biodiversité et les risques d’incendie, notamment en été.
La jeunesse semble amorcer un virage. Chez les moins de 35 ans, 28 % déclarent jeter par la fenêtre, contre 40 % l’an passé, soit une chute de 12 points. Le recul est également marqué dans la rue (44 %, -12 points). Mais malgré ces signaux encourageants, la majorité des usagers de la route continuent de perpétuer des gestes polluants.
Éducation, tri, et exemplarité : les piliers encore fragiles
La progression du tri sélectif reste timide. Seuls 77 % des Français affirment trier leurs déchets sur les aires d’autoroute, contre 87 % en vacances. Un différentiel de 10 points qui s’explique par une contrainte logistique : 46 % des sondés estiment ne pas avoir le temps de chercher la bonne poubelle.
L’éducation apparaît comme un levier déterminant. « Les Français de tous âges considèrent unanimement que jeter un déchet est un geste grave, quel que soit le lieu », souligne Bernadette Moreau, déléguée générale de la Fondation Vinci Autoroutes, dont les propos ont été rapportés par Le Figaro. Pour 65 %, ce sont les parents qui leur ont transmis les bons réflexes. Un constat qui se vérifie dans la pratique : 95 % des parents déclarent enseigner le tri à leurs enfants, et 51 % reconnaissent s’être déjà fait réprimander par ceux-ci pour un mauvais geste.
Mais les enfants ne sont pas seulement des relais d’exemplarité, ils sont aussi des catalyseurs. « La bonne nouvelle, c’est que chacun peut prendre sa part et que la transmission intergénérationnelle apparaît comme une solution efficace à encourager », poursuit Bernadette Moreau.
Le mégot, symbole d’une pollution banalisée
Parmi les déchets les plus répandus, le mégot reste un fléau. Si 18 % des fumeurs continuent de les jeter par la fenêtre, seule une minorité mesure réellement la portée du geste. Seuls 55 % estiment que cela présente un risque sérieux d’incendie, contre 81 % de l’ensemble des Français. Même constat pour la pollution : 51 % des fumeurs y voient une menace environnementale, loin des 78 % du reste de la population. Un déficit de sensibilisation évident.
Les données régionales illustrent aussi les disparités : les régions fortement exposées aux feux estivaux, comme la Nouvelle-Aquitaine (11 %) ou l’Occitanie (13 %), affichent de meilleurs comportements que l’Île-de-France (21 %) ou le Centre-Val-de-Loire (24 %). Preuve que la perception du risque joue un rôle clé.
Un chemin encore semé de déchets
Les chiffres dévoilés par Vinci Autoroutes illustrent un paradoxe typiquement français : une prise de conscience réelle, mais encore trop lente à se traduire en actions concrètes. Les campagnes de sensibilisation produisent des effets mesurables, notamment chez les jeunes et les familles, mais les comportements inciviques persistent sur le bitume national.
Avec 56 % des sondés favorables à une intensification des sanctions – amendes, vidéosurveillance – et 44 % misant sur l’éducation et l’exemplarité, la France reste divisée sur la méthode. Mais une chose est sûre : les vacances d’été, encore trop souvent synonymes d’abandon des règles écologiques, doivent devenir un terrain de transition vers une responsabilité partagée.

