Russie : la pénurie de carburant s’aggrave après les frappes ukrainiennes

Depuis début août 2025, les frappes de drones ukrainiens ont gravement perturbé l’infrastructure pétrolière russe, entraînant une hausse spectaculaire du prix du carburant. Alors que la Russie s’efforce de maintenir son approvisionnement intérieur et ses exportations, les analystes estiment qu’entre 10 et 15 % de la capacité de raffinage nationale est aujourd’hui indisponible. Cette situation révèle à quel point la guerre avec l’Ukraine s’immisce désormais au cœur de l’économie énergétique russe.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 25 août 2025 17h00
Russie : la pénurie de carburant s’aggrave après les frappes ukrainiennes
Russie : la pénurie de carburant s’aggrave après les frappes ukrainiennes - © Economie Matin
10%D’après le Financial Times, environ 10 % de la capacité de raffinage russe est actuellement indisponible.

Des frappes ciblées sur le système pétrolier russe

Les attaques ukrainiennes ont frappé au moins sept raffineries depuis le début du mois, parmi lesquelles celles de Novoshakhtinsk, Syzran, Volgograd et Saratov. Ces frappes répétées ont provoqué des incendies majeurs et des arrêts de production, fragilisant un système déjà mis sous pression par la demande intérieure croissante. Les infrastructures de transport n’ont pas été épargnées. La station de pompage d’Unecha, qui alimente le pipeline Druzhba vers la Hongrie et la Slovaquie, a été frappée à plusieurs reprises, entraînant une suspension de plusieurs jours des flux, selon Reuters. En Extrême-Orient, la situation est tout aussi critique.

Le Moscow Times indique que près de 13 % de la capacité de raffinage russe est hors service depuis début août, avec quatre raffineries totalement arrêtées. Cette indisponibilité pèse directement sur l’approvisionnement des grandes villes régionales, où les stations-service affichent des ruptures de stock régulières. L’Atlantic Council confirme cette estimation, précisant que la vulnérabilité des sites éloignés aux attaques de drones longue portée accroît la pression logistique.

Une flambée des prix du carburant sans précédent

L’impact immédiat se mesure dans les chiffres du marché. D’après le Financial Times, environ 10 % de la capacité de raffinage russe est actuellement indisponible. Cette réduction d’offre a fait bondir le prix de gros de l’essence Euro 95 de 55 % depuis le début de l’année, atteignant 82 300 roubles la tonne, soit près de 1 023 dollars. Le même média précise que les prix de détail à la pompe ont progressé de 9 % sur un an, une hausse significative dans un pays où l’énergie constitue un pilier économique et social.

Pour les consommateurs russes, la pénurie de carburant se traduit par des files d’attente croissantes et des achats limités dans certaines stations. Le Moscow Times décrit une situation particulièrement tendue dans l’Extrême-Orient, où plusieurs régions connaissent des ruptures quasi totales de carburant. Ces tensions alimentent une inquiétude plus large quant à la capacité du pays à stabiliser ses marchés intérieurs. De plus, les prix du carburant exercent une pression sur l’ensemble de la chaîne logistique, du transport routier jusqu’à l’agriculture.

Une vulnérabilité stratégique pour Moscou face à Kiev

Au-delà de l’impact économique immédiat, ces frappes ukrainiennes révèlent la fragilité d’un secteur considéré comme vital pour la Russie. Selon le Financial Times, « au moins quatre grandes raffineries ont été touchées » et les experts estiment qu’environ 10 % du potentiel national de raffinage a été paralysé. En termes stratégiques, cette perte équivaut à un levier majeur pour l’Ukraine, qui cherche à réduire les revenus pétroliers de Moscou, essentiels au financement de l’effort de guerre.

Les analystes du Moscow Times et de l’Atlantic Council convergent pour situer cette perte entre 10 et 13 % des capacités, ce qui, dans un pays exportateur majeur, équivaut à une fragilisation profonde de l’équilibre interne. Cette situation se double d’une contrainte géopolitique. En frappant Druzhba, Kiev perturbe aussi l’approvisionnement énergétique de pays européens comme la Hongrie et la Slovaquie, liés à la Russie pour une partie de leur consommation. Bien que l’interruption n’ait duré que quelques jours, elle illustre la capacité de l’Ukraine à influer sur les routes d’exportation.

Enfin, le contraste entre la puissance exportatrice affichée par Moscou et la réalité d’une pénurie intérieure alimente un paradoxe politique. Alors que la Russie continue de livrer des volumes significatifs à l’étranger, ses propres citoyens font face à des stations vides. Cette situation pourrait éroder la perception d’un État capable de protéger ses approvisionnements, tout en démontrant la portée des drones ukrainiens sur des objectifs économiques de premier plan.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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