Et si, après le Navigo, c’était au tour des jeunes de trinquer ? Pas dans dix ans. Pas en 2028. Mais dès septembre 2025. L’Imagine R, le pass pensé pour les scolaires et étudiants franciliens, prend 9,90 € de plus à la rentrée.
Pass Imagine R : pourquoi 1,2 million de jeunes vont payer plus cher ?

À partir du 1er septembre 2025, l’Imagine R coûtera 392,30 € par an, frais de dossier inclus. Après l’augmentation du Pass Navigo en janvier dernier, c’est donc l’abonnement des jeunes qui subit la hausse. Une décision d’Île-de-France Mobilités qui soulève critiques et inquiétudes : près de 1,2 million d’élèves et étudiants sont concernés, dans une région où les dépenses de rentrée explosent déjà.
Imagine R : une hausse programmée mais contestée
On aurait pu croire à une surprise. Elle ne l’est pas. Cette augmentation était écrite dans le marbre depuis l’accord signé entre l’État et Île-de-France Mobilités en 2023. Le principe est simple : indexer les abonnements sur l’inflation, avec un point supplémentaire. Résultat : + 2,8 % en 2025, soit 9,90 € de plus sur l’année. L’abonnement passe donc de 382,40 € à 392,30 €. Et pour les plus jeunes, le forfait Imagine R Junior bondit de 16,80 € à 24,80 €.
La présidente de la région, Valérie Pécresse, justifie la mesure par la nécessité de maintenir le financement du réseau. Mais l’opposition ne décolère pas. Dans les rangs de gauche, on parle d’une « stratégie qui fait toujours payer les usagers ». La critique est claire : plutôt que d’explorer d’autres pistes de financement, l’exécutif régional privilégie la hausse régulière des tarifs. Une mécanique répétée : en janvier 2025, le Navigo mensuel avait déjà grimpé de 86,40 € à 88,80 €.
La nouvelle campagne de remboursement pour l’année universitaire 2025-2026 débutera le 4 septembre 2025 et s’achèvera le 30 juin 2026. Les étudiants en stage ou en contrat d’alternance continuent de bénéficier d’une prise en charge à hauteur de 50 % par leur entreprise, comme le prévoit la loi
Les familles en première ligne
Ce n’est pas qu’une question de chiffres. C’est un budget familial qui vacille. Selon la Confédération syndicale des familles, le coût de la rentrée scolaire grimpe de 7,1 % en 2025. À ce contexte déjà tendu, s’ajoute donc la nouvelle facture des transports. En dix ans, le tarif de l’Imagine R a gonflé de près de 58,40 € : il était de 333,90 € en 2016, il atteint désormais 392,30 €.
Cette hausse tombe au pire moment. De nombreux départements, comme le Val-d’Oise en mai 2025, ont choisi de supprimer leurs aides locales aux lycéens non boursiers. Résultat : une double peine pour les familles. Certes, une subvention régionale unique de 100 € existe pour certains lycéens. Mais pour l’opposition, ce coup de pouce « ne compense pas la suppression des aides départementales ». Le sentiment d’abandon grandit, et l’écart entre discours politique et réalité vécue se creuse.
Un choix politique aux répercussions durables
Derrière les chiffres, un choix. Pécresse assume de protéger l’équilibre financier d’Île-de-France Mobilités, quitte à rogner sur le portefeuille des usagers. Mais les critiques rappellent que d’autres options existent : contribution accrue des entreprises, soutien renforcé de l’État, ou fiscalité dédiée.
Pour les 1,2 million de jeunes franciliens concernés, la rentrée 2025 marque une nouvelle étape : payer plus pour le même service. La promesse d’un abonnement abordable pour favoriser la mobilité étudiante et scolaire se fragilise. La grogne monte déjà dans les assemblées locales. Et chacun le sait : toucher au transport, c’est toucher au quotidien.