Harcèlement : 1 enfant sur 3 touché, 1 victime sur 4 a pensé au suicide

Le cyberharcèlement s’ancre désormais au cœur du quotidien des jeunes Français. Selon la nouvelle étude 2025 menée par la Caisse d’Épargne et l’association e-Enfance/3018, 37 % des enfants et adolescents de 6 à 18 ans ont déjà été victimes d’une forme de harcèlement, qu’elle soit physique, verbale ou numérique. Une proportion alarmante qui ne faiblit pas, et qui, pour la première fois, s’observe dès les bancs du primaire.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 31 octobre 2025 7h53
Young,boy,sitting,alone,with,sad,feeling,at,school.,bullying,
Harcèlement : 1 enfant sur 3 touché, 1 victime sur 4 a pensé au suicide - © Economie Matin
70%70 % des jeunes et 60 % des parents ne savent pas que le 3018 existe.

Un phénomène massif dans les écoles et sur Internet

Rendue publique le 30 octobre 2025, l’enquête de la Caisse d’Épargne et de l’association e-Enfance/3018 confirme une tendance inquiétante : le cyberharcèlement progresse parallèlement au harcèlement scolaire. L’étude, cinquième du genre, révèle que 71 % des situations de harcèlement se produisent à l’intérieur des établissements, mais que les attaques se poursuivent ensuite sur Internet et les réseaux sociaux, créant une continuité entre l’école et la sphère privée.

Les enfants de primaire sont particulièrement exposés. Le Point rapporte qu’un tiers des victimes se situe désormais dans cette tranche d’âge, signe que le cyberharcèlement s’installe précocement. De fait, 65 % des élèves de primaire reconnaissent fréquenter les réseaux sociaux alors que la majorité d’âge requise y est de 13 ans. Cet accès anticipé multiplie les risques : photos diffusées sans accord, moqueries collectives, ou insultes dans des groupes de classe fermés.

WhatsApp, réseaux sociaux et nouvelles formes de violence numérique

Les canaux privilégiés du cyberharcèlement se concentrent sur les outils de messagerie. L’étude indique que 41 % des cas passent par WhatsApp, et qu’un quart des incidents ont lieu dans des groupes de classe.

« Les chiffres sont alarmants : 37 % de nos jeunes sont confrontés au harcèlement, qu’il soit physique ou en ligne », déclare Simon Cascarano, directeur du développement B2C de la Caisse d’Épargne

Face à cette réalité, 19 % des jeunes admettent avoir déjà participé à des actes de harcèlement, et 24 % reconnaissent avoir récidivé. La dimension collective de ces comportements – souvent sous l’effet de groupe – contribue à banaliser la violence. Pourtant, près de la moitié de ces jeunes déclarent ensuite s’être sentis mal à l’aise, preuve que le cyberharcèlement génère de la souffrance des deux côtés de l’écran.

Conséquences psychologiques et urgence éducative

Le baromètre 2025 souligne un constat dramatique : 25 % des victimes ont déjà songé à se faire du mal ou à se suicider, une proportion qui atteint 39 % chez les filles. « La souffrance des jeunes victimes est criante : perte de confiance, troubles anxieux, pensées suicidaires... Ces traumatismes profonds touchent les enfants dès le plus jeune âge et ne peuvent plus être ignorés », avertit Justine Atlan, directrice générale de l’association e-Enfance/3018.

Conscients du danger, 90 % des parents demandent une responsabilisation accrue des plateformes de réseaux sociaux, 75 % souhaitent leur interdiction avant 15 ans, et 72 % plaident pour l’intégration d’un accompagnement psychologique dans les contrats d’assurance scolaire.

La Région Hauts-de-France, en partenariat avec e-Enfance, a déjà renforcé son dispositif de prévention dans les collèges et lycées, preuve d’une mobilisation locale croissante. Cependant, malgré ces initiatives, le numéro d’aide 3018 reste encore méconnu : 70 % des jeunes et 60 % des parents ne savent pas qu’il existe. Pour Simon Cascarano, la priorité est claire : « Faire connaître les solutions avant que le drame ne survienne. »

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

No comment on «Harcèlement : 1 enfant sur 3 touché, 1 victime sur 4 a pensé au suicide»

Leave a comment

* Required fields