Chaque année, le mois de novembre résonne comme un appel à la mobilisation contre le tabac. Pourtant, derrière cette campagne de sensibilisation se cache une réalité alarmante : le cancer du poumon, longtemps considéré comme un fléau masculin, progresse rapidement chez les femmes françaises. Devenu le cancer le plus meurtrier pour cette population, il enregistre une hausse continue de 4 % par an, avec 20 000 nouveaux cas chaque année.
Cancer du poumon : une progression fulgurante chez les femmes, le tabac en cause

Alors que débute le Mois sans tabac les autorités sanitaires s’inquiètent d’une tendance devenue structurelle. Le cancer du poumon augmente chez les femmes et inquiète épidémiologistes, oncologues et pouvoirs publics. En France, ce type de cancer est désormais celui qui tue le plus de femmes, devant le cancer du sein. Un phénomène récent mais tenace, alimenté en grande partie par une exposition croissante au tabac depuis plusieurs décennies.
Un cancer qui progresse sans relâche chez les femmes
Alors que le taux d’incidence du cancer du poumon diminue légèrement chez les hommes, il connaît une envolée préoccupante chez les femmes. « Chez les femmes, le taux de cancer du poumon augmente chaque année de 4 %, et touche 20 000 nouvelles patientes », indiquait récemment TF1 Info. Cette progression s’appuie sur les données de l’Institut national du cancer, qui confirment une hausse moyenne de +4,3 % par an entre 2010 et 2023 pour cette population.
Dans le même temps, le cancer du poumon est devenu le cancer le plus meurtrier chez la femme, devant le cancer du sein. Cette inversion des courbes s’explique par une combinaison de facteurs comportementaux et historiques, mais aussi biologiques. Car si le tabac reste la cause principale de cette maladie, son impact est modulé par des spécificités féminines encore insuffisamment prises en compte dans les politiques de santé publique.
Le poids du tabac et les freins à l’arrêt chez les femmes
Le lien entre tabac et cancer du poumon n’est plus à démontrer. Il constitue le facteur de risque numéro un de cette pathologie. D’après le site Cancer-Environnement, « le tabagisme est responsable de plus de 80 % des cancers du poumon en France ». Cependant, l’augmentation actuelle chez les femmes ne peut se comprendre sans intégrer des éléments sociologiques et physiologiques. TF1 Info rappelle que « les femmes ont en effet commencé à fumer dans les années 1970 et le pic de consommation a eu lieu dans les années 2000. Résultat : le cancer se développe avec le temps et son taux explose plusieurs dizaines d’années plus tard ». Ce décalage historique explique en partie la courbe ascendante observée depuis quelques années. Mais au-delà de l’effet différé du tabagisme, des résistances particulières à l’arrêt du tabac compliquent la donne.
Un article publié par Pleine Vie précise que « chez les femmes, l’arrêt du tabac est plus difficile… cette combinaison rend l’addiction à la nicotine plus forte, mais les statistiques révèlent une diminution du nombre de fumeuses quotidiennes ». Cette difficulté est nourrie par plusieurs facteurs : la peur de prendre du poids, des cycles hormonaux influant sur le manque, et une pression sociale souvent différente de celle subie par les hommes. Les femmes sont biologiquement plus vulnérables à la toxicité du tabac, même en exposition passive. Astrazeneca indique que « les femmes sont plus sensibles au tabagisme, qu’il soit actif ou passif, et ont davantage de risque de développer un cancer du poumon lorsqu’elles sont exposées au tabac ».
Mois sans tabac : une campagne décisive mais encore insuffisante
Chaque mois de novembre, la campagne Mois sans tabac vise à inciter les fumeurs à arrêter, au moins pour trente jours. C’est un moment stratégique pour impulser une dynamique de sevrage. Pourtant, les données montrent que seule une action conjointe sur plusieurs fronts permettra d’inverser la tendance. TF1 Info rapportait que « un dépistage précoce en plus d’un arrêt de la consommation du tabac permettrait de diminuer de 38 % le risque de décès ». Ce chiffre souligne à quel point les efforts de prévention doivent être complétés par des dispositifs de dépistage ciblé. Dans cette logique, l’INCa a lancé le projet IMPULSION, une expérimentation dédiée au dépistage organisé du cancer du poumon.
Ce programme vise à recruter 20 000 personnes âgées de 50 à 74 ans, ayant fumé ou ex-fumeuses, afin de réaliser un scanner thoracique tous les deux ans. L’objectif est de détecter les tumeurs à un stade précoce, souvent asymptomatiques, et améliorer les chances de guérison. Cependant, pour être pleinement efficace, cette stratégie devra s’adapter aux profils particuliers des femmes fumeuses. Cela implique un accompagnement renforcé, une prise en charge psychologique spécifique, mais aussi une communication qui tienne compte des mécanismes d’adhésion au tabac chez les femmes. Car le défi est double : prévenir l’entrée dans le tabagisme chez les plus jeunes, et favoriser l’arrêt durable chez les fumeuses de longue date.
