Santé : la vitamine D réduirait de moitié le risque d’un deuxième infarctus

La vitamine D, longtemps reléguée à un rôle de soutien dans le métabolisme osseux, pourrait bien devenir un acteur clé dans la prévention des récidives cardiovasculaires. Une étude récente révèle qu’une supplémentation ciblée permettrait de diviser par deux le risque de deuxième infarctus.

Stephanie Haerts
By Stéphanie Haerts Published on 18 novembre 2025 18h30
Santé : la vitamine D réduirait de moitié le risque d’un deuxième infarctus
Santé : la vitamine D réduirait de moitié le risque d’un deuxième infarctus - © Economie Matin

Un protocole ajusté autour de la vitamine D pourrait réduire le risque de récidive cardiaque

Les résultats de l’étude TARGET-D ont été dévoilés le 9 novembre 2025, lors des sessions scientifiques de l’American Heart Association. Conduite auprès de 630 adultes ayant récemment subi un syndrome coronaire aigu, cette étude clinique a testé une approche personnalisée de supplémentation en vitamine D. Selon l’American Heart Association, « le risque de second infarctus a été réduit de 52 % dans le groupe recevant une supplémentation adaptée ». Dans le groupe traité, le taux d’infarctus a été de 3,8 %, contre 7,9 % dans le groupe témoin, soit un écart significatif.

Heidi T. May, chercheuse principale, précise, dans des propos partagés par Patient Care Online : « Nous encourageons les personnes souffrant de maladie cardiaque à discuter du dosage sanguin de vitamine D et d’une supplémentation ciblée avec leurs professionnels de santé pour répondre à leurs besoins spécifiques ». Dès l’inclusion, 85 % des participants présentaient un déficit avec un taux inférieur à 40 ng/mL. Pour corriger cette carence, une majorité a reçu 5 000 UI de vitamine D₃ par jour, soit bien plus que les doses habituelles recommandées dans la population générale.

Un changement de paradigme dans la prévention post-crise cardiaque ?

Le rôle de la vitamine D dans la prévention des maladies cardiovasculaires reste controversé, mais l’étude TARGET-D introduit une variable clé, l’individualisation des doses. Contrairement aux approches standards administrant une dose unique à tous les patients, les chercheurs ont ajusté les quantités en fonction des niveaux sanguins de chaque individu. Le docteur Mikhail Kosiborod, cardiologue impliqué dans l’étude, rappelle, dans des propos partagés par HCPLive, que « les essais antérieurs n’ont pas démontré de bénéfices car les niveaux cibles n’étaient probablement pas atteints ». Ainsi, cette recherche marque une rupture avec les précédentes méthodologies jugées peu concluantes.

En pratique, cette stratégie pourrait inciter les cardiologues à intégrer le dosage de la vitamine D dans le bilan post-infarctus, et à adapter la supplémentation en conséquence. Toutefois, le critère principal de l’étude, une combinaison de décès, infarctus, AVC ou hospitalisation pour insuffisance cardiaque, n’a pas été atteint avec une différence significative : 15,7 % dans le groupe traité contre 18,4 % dans le groupe contrôle. Cette nuance incite à la prudence, d’autant que les résultats complets ne sont pas encore publiés dans une revue à comité de lecture.

Ce que cela change (ou pas) pour les patients à risque de crise cardiaque

L’enthousiasme suscité par cette annonce ne doit pas occulter certaines limites. Tout d’abord, l’étude porte exclusivement sur la prévention secondaire : seuls des patients ayant déjà subi une crise cardiaque ont été inclus. Par ailleurs, bien que la vitamine D soit disponible en vente libre, une supplémentation à haute dose, comme les 5 000 UI administrées dans l’étude, nécessite un encadrement médical rigoureux.

Des apports excessifs peuvent entraîner des effets secondaires tels que l’hypercalcémie ou des troubles rénaux. Enfin, comme le souligne la publication de Drugs.com le 10 novembre 2025, « ces résultats sont prometteurs, mais doivent être confirmés par d’autres essais plus larges et plus diversifiés ». Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle directive thérapeutique, mais d’une orientation potentielle à explorer au sein d’une stratégie globale de prévention cardiovasculaire.

Une tendance à surveiller dans le paysage de la cardiologie préventive

Les recherches sur la vitamine D et les maladies cardiovasculaires ne datent pas d’hier. Déjà, des études observationnelles avaient mis en évidence un lien entre des taux bas de 25‑OH‑vitamine D et une augmentation du risque cardiovasculaire. Cependant, jusqu’à présent, les tentatives de démonstration d’un bénéfice clinique concret via la supplémentation se sont soldées par des résultats peu convaincants.

L’étude TARGET-D renverse partiellement cette tendance. En introduisant une approche sur mesure, elle redonne une légitimité scientifique à la supplémentation en vitamine D, au moins chez des patients post-infarctus. Elle ne permet pas de conclure que cette vitamine prévient toutes les crises cardiaques, mais suggère qu’un déficit non corrigé pourrait aggraver le pronostic.

Pour les professionnels de santé, l’enjeu consistera désormais à déterminer dans quelles conditions ce protocole peut être intégré de façon sécurisée et efficace. Pour les patients, notamment ceux ayant déjà subi un infarctus, cette piste pourrait représenter un espoir de stabilisation durable, sous réserve d’un suivi rigoureux.

Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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