Métavers : après des milliards perdus, Meta supprime des milliers d’emplois

Meta va réduire de près de 30% le budget alloué à ses projets autour du Métavers — une annonce qui pourrait s’accompagner de licenciements dès janvier 2026. Ce revirement majeur soulève une question essentielle : le Métavers a-t-il encore un avenir crédible face aux nouveaux enjeux technologiques ?

Anton Kunin
By Anton Kunin Published on 5 décembre 2025 8h01
Métavers : après des milliards perdus, Meta supprime des milliers d’emplois
Métavers : après des milliards perdus, Meta supprime des milliers d’emplois - © Economie Matin
60 milliards de dollarsDepuis 2020, la division Reality Labs a accumulé plus de 60 milliards de dollars de pertes opérationnelles.

Meta : coupes budgétaires et menaces sur l’emploi

Après des années de dépenses massives, la viabilité financière, mais aussi stratégique, du Métavers est sérieusement remise en cause. Meta envisage de couper jusqu’à 30% du budget de sa division Métavers à l’occasion de la planification 2026, rapportent simultanément le Wall Street Journal, le New York Times et Bloomberg. Une coupe qui pourrait impliquer des licenciements dès janvier 2026. La division concernée, Reality Labs, regroupe le développement de matériel et de plateformes immersives — casques VR/AR, lunettes intelligentes, univers virtuels. Dans un communiqué, Meta a en effet indiqué privilégier désormais les « lunettes et wearables IA » plutôt que les projets Métavers, évoquant un recentrage sur des technologies jugées plus prometteuses.

Autre signal d’alarme : depuis 2020, Reality Labs aurait brûlé plus de 60 milliards de dollars sans parvenir à en faire une source de revenus durable. Ce type de pertes répétées combine aux perspectives d’un retour sur investissement lointain pour convaincre les dirigeants de rabattre leurs cartes.

Le Métavers chez Meta : rêves, investissements et désillusions

Quand Meta a changé de nom en 2021, le Métavers était présenté comme le futur de l'Internet, une évolution majeure des interactions humaines, immersives et virtuelles. L’entreprise avait injecté des sommes colossales dans ce pari — les montants cumulés depuis 2020 dépasseraient 60–70 milliards de dollars. Pourtant, le Métavers n’a jamais décollé comme prévu. Les casques VR / AR n’ont pas atteint la masse critique des utilisateurs, les plateformes sociales virtuelles sont restées marginales, et le rendu financier ne suit pas.

Même en interne, le doute s’installe. Des analystes externes qualifient Reality Labs de « seau percé » et prédisent depuis des mois une fin probable des projets métavers non rentables. En avril 2025, Meta avait déjà procédé à des suppressions de postes ciblées chez les moins performants — mais ces réductions de 5% concernaient l’ensemble du groupe, non spécifiquement le Métavers. Ainsi, malgré une conviction forte à l’origine, le bilan du Métavers s’est assombri au fil des échecs commerciaux, des pertes colossales et d’un intérêt trop faible.

Plusieurs raisons convergent donc : des coûts astronomiques, un retour sur investissement décevant, une faible adoption utilisateur et une montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA). Meta semble désormais considérer que l’argent investi dans le Métavers pourrait être plus utile ailleurs, notamment dans les appareils portables intelligents et l’IA, domaines jugés à plus fort potentiel.

Les marchés réagissent positivement à cette annonce : l’action Meta a bondi de 6% après la publication des coupes envisagées, signe que les investisseurs approuvent un recentrage pour rentabiliser les ressources.

Le Métavers : doit-on encore y croire ?

À l’aune de l’actualité, le Métavers apparaît aujourd’hui moins comme un avenir certain que comme un pari industriel en perte de vitesse. Les sommes engagées n’ont pas convaincu les marchés, les utilisateurs n’ont pas suivi en masse, et les « mondes virtuels » n’ont guère trouvé d’usage clair et pérenne.

Le recentrage opéré par Meta n’est peut-être pas un abandon total — Reality Labs n’est pas dissous, et les technologies AR/VR pourraient renaître dans un cadre différent. Toutefois, le Métavers tel qu’imaginé en 2021 (plateformes sociales massives, immersion universelle, avatarisation de la vie quotidienne) semble désormais relégué au statut de projet secondaire.

Ce recul marque en tout cas un tournant. Pour les acteurs externes, les développeurs ou les utilisateurs, le Métavers n’apparaît plus comme une promesse imminente, mais comme un pari remis à plus tard — voire abandonné. Il faudra désormais des preuves tangibles d’utilité et de rentabilité pour espérer raviver la flamme.

Anton Kunin

Après son Master de journalisme, Anton Kunin a rejoint l'équipe d'ÉconomieMatin, où il écrit sur des sujets liés à la consommation, la banque, l'immobilier, l'e-commerce et les transports.

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