Marketing trompeur : Tesla dans le viseur de la justice sur la conduite autonome

La conduite autonome est au cœur d’une décision judiciaire majeure en Californie. Les juges reprochent à Tesla d’avoir entretenu une confusion durable entre assistance à la conduite et autonomie réelle, via un marketing jugé trompeur.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 17 décembre 2025 10h04
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Marketing trompeur : Tesla dans le viseur de la justice sur la conduite autonome - © Economie Matin
1500 MILLIARDS $La capitalisation de Tesla est de 1500 milliards de dollars.

Le 16 décembre 2025, en Californie, une décision de justice a marqué un tournant pour Tesla et la conduite autonome. À l’issue d’une procédure engagée par le Department of Motor Vehicles, un juge administratif a estimé que le constructeur avait enfreint la loi en présentant ses systèmes d’assistance comme plus autonomes qu’ils ne le sont réellement.

Conduite autonome et Tesla : ce que les juges reprochent au marketing

La conduite autonome constitue le cœur du litige opposant Tesla aux autorités californiennes. Selon les juges, l’utilisation des appellations « Autopilot » et « Full Self-Driving Capability » crée une ambiguïté majeure pour le consommateur. En effet, bien que Tesla précise l’obligation de supervision humaine, le vocabulaire employé suggère, de manière implicite mais persistante, une autonomie complète du véhicule. Or, juridiquement et techniquement, ces fonctionnalités relèvent toujours de l’assistance à la conduite, et non de la conduite autonome au sens strict, comme l’ont rappelé les autorités selon le Department of Motor Vehicles de Californie.

Dans sa décision, le juge administratif souligne que cette présentation contrevient à la loi californienne sur la publicité automobile. Le Department of Motor Vehicles considère que Tesla a donné « une impression fausse des capacités réelles » de ses véhicules, selon TechCrunch. Steve Gordon, directeur de la sécurité au DMV, a déclaré que cette décision « confirme que chaque constructeur sera tenu aux plus hauts standards de sécurité ». Cette critique vise moins la technologie elle-même que la manière dont la conduite autonome est mise en scène commercialement, dans un secteur où la promesse d’innovation influence fortement les décisions d’achat.

Publicité mensongère sur la conduite autonome : Tesla risque gros

La décision judiciaire ne se limite pas à un simple rappel à l’ordre. Elle s’accompagne de sanctions potentielles lourdes pour Tesla. Le juge administratif a recommandé une suspension de 30 jours des licences de fabrication et de vente du constructeur en Californie. Même si ces sanctions n’ont pas été appliquées immédiatement, elles constituent un signal fort adressé à l’ensemble du secteur de l’automobile et de la conduite autonome.

Dans les faits, le DMV a décidé de différer l’application de ces sanctions. Tesla dispose désormais d’un délai de 60 jours pour modifier ou supprimer toute terminologie jugée trompeuse. Par ailleurs, la suspension de la licence de vente a été mise en pause pour une durée de 90 jours, selon Reuters. Cette période doit permettre au constructeur d’adapter son marketing sans interrompre immédiatement ses activités commerciales. L’avocat de Tesla a affirmé que l’entreprise « n’a jamais induit les consommateurs en erreur ».

Conduite autonome n’est pas conduite supervisée

Au-delà du cas Tesla, cette affaire redéfinit les règles du jeu pour la conduite autonome dans l’industrie automobile. Elle impose une frontière plus nette entre innovation technologique et communication commerciale. Tesla a déjà commencé à ajuster ses termes, en renommant par exemple « Full Self-Driving Capability » en « Full Self-Driving (Supervised) », selon CBS News.

Les conséquences pourraient être durables. Selon Reuters, le 17 décembre 2025, le DMV exige désormais que Tesla démontre soit la capacité réelle de ses véhicules à fonctionner sans supervision, soit l’abandon de termes évocateurs d’autonomie complète. Cette exigence pourrait faire jurisprudence et inciter d’autres acteurs de l’automobile à revoir leurs stratégies publicitaires.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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