Les municipales sont-elles un véritable enjeu politique pour LaREM ?

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Par Daniel Moinier Modifié le 24 février 2020 à 7h30
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60%60% des villes de plus de 30.000 habitants sont détenues par le parti Les Républicains.

Le mouvement LaREM étant un mouvement très jeune, il est difficilement possible d’avoir une comparaison raisonnable avec des partis ayant une antériorité très ancienne comme par exemple le LR (ex UMP) ou le PS (Parti Socialiste)....Avec des maires « implantés » depuis des décennies, il existe un maillage ancien de la France important, surtout dans les plus grandes villes, mais aussi dans les villes moyennes. Pour les villes plus petites ou communes, le caractère politique est beaucoup moins présent pour leur éligibilité.

Nous sommes à quelques semaines des élections municipales de 2020 et les médias, le monde politique, semblent beaucoup se préoccuper de savoir si elles devraient constituer un enjeu national plutôt que local. Il est vrai que la donne a complètement changé avec l’arrivée de deux nouveaux partis depuis le printemps 2016 : La France Insoumise et En Marche. Ces nouveaux partis ont modifié profondément l’ordre établi, en supprimant la bipolarité Gauche-Droite et en réduisant considérablement le poids des LR (ex UMP) et du PS.

La nouvelle rivalité qui s’est constituée aux dernières élections européennes n’aura pas lieu d’être entre LaREM et le RN, puisque ce dernier est encore peu implanté dans les mairies. Pour LaREM c’est différent puisqu’il a bénéficié lors de sa création de l’arrivée de nombreux élus venus de la gauche, du centre, voire de la droite, mais seulement huit villes importantes ont un maire de ce nouveau parti. L’autre parti qui pointe son nez c’est l’EELV dit les verts. Depuis la canicule et la prise de conscience internationale du danger climatique, beaucoup d’électeurs changent progressivement de casquette, principalement de gauche. Le premier verdique a été constaté lors du résultat des européennes où il a devancé les deux partis traditionnels.

Enjeux politique ou pas ?

Cette question revient devant la scène médiatico-politique à chaque élection des maires. Elle a d’autant plus de résonnance depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, du fait que beaucoup n’ont pas digéré cette prise de pouvoir non conventionnelle.

Du fait aussi de l’arrivée du mouvement gilets jaunes, d’une réforme des retraites qui bouscule presque toutes les couches de la population, en premier les syndicats de tout bord, y compris les plus modérés et même ceux du patronat, les élections auront un goût amer avec une certaine « dent » des électeurs contre ce gouvernement. Cela se voit dans la cote du président qui est au plus bas depuis son arrivée.

Tous les médias, syndicats... ayant beaucoup de grain à moudre, ne se privent de faire connaître leur ressentiment, leur incompréhension et pour certains leur désir de changement, jusqu’à proférer des menaces intolérables !

Tout le monde veut que cela change, mais personne ne veut du changement dès lors que cela risque de toucher sa propre personne !
Et pourtant la France a vraiment besoin de réformes. Elle est arrivée à un point tel que ce n’est plus possible d’attendre. Les dettes viennent de dépasser le PIB. La France est le deuxième grand pays dans cette situation après l’Italie. Les autres sont le Portugal, la Belgique et Chypre. Ce qui reflète ces difficultés se sont toutes les contestations, manifestations, insurrections qui n’ont jamais atteint un niveau aussi élevé.

En ce qui concerne ces élections, elles se jouent dans un espace de configuration très différent selon la taille de la commune. La France est un des rares pays européens à avoir conservé une forme institutionnelle identique dans toutes les 36.783 communes :

Le Conseil Municipal : Son nombre d’élus varie selon la taille de la commune. La facilité de contenter ses ouailles, c’est d’avoir des ressources financières provenant du nombre d’habitants dont la taxe d’habitation, ce qui devient difficile avec sa suppression et d’avoir un nombre d’entreprises et de commerces suffisants pour pouvoir boucler le budget. C’est très inégalement réparti en France avec 32.000 communes rurales avec à peu près la moitié des habitants et les 941 villes de plus de 10.000 habitants pour l’autre moitié. Mais chaque commune est différente en fonction de son environnement économique plus ou moins favorable. Une seule grosse entreprise implantée sur son territoire peut changer complètement la vie des habitants et la facilité de gestion du conseil, d’où des services très inégaux suivant les communes malgré un système de compensation.

La manière dont s’exerce le pouvoir municipal dépend d’une autre variable : depuis les premières lois de décentralisation, le mode de scrutin varie dès lors que l’on dépasse le seuil de 3 500 habitants dans la commune. Il s’agit alors d’un scrutin de liste bloquée (sans possibilité de « panachage », c’est-à-dire de vote préférentiel). Règle particulière : le vainqueur se voit attribuer une « prime » de 50% des sièges à pourvoir ce qui annihile la critique venant de l’extérieur. Un jeu finalement très politique où la politique politicienne, nous allons le voir, n’est en fait pas très éloignée.

Dès que la taille de la commune est, ou devient importante, le recours à un parti politique semble indispensable pour espérer gagner les élections surtout en milieu urbain. C’est le besoin de moyens financiers, matériels, militants, l’organisation de meetings, de préparation d’argumentaires, de tracts, de présence sur le terrain, de passage sur les radios, télévisions qui obligent à avoir une structure de campagne étoffée pour gagner. Puis ensuite, c’est la création d’un capital de sympathie, de reconnaissance du travail bien fait, reconnu par un maximum de concitoyens qui fait la réélection ou pas.

Le choix du parti peut être primordial pour arriver à être élu et y rester, mais pas totalement rédhibitoire. Beaucoup de maires de grande ville sont restés en place malgré les changements de gouvernance : Chaban-Delmas à bordeaux pendant 48 ans, Edouard Herriot à Lyon 45 ans, Gaston Deferre à Marseille 34 ans, Jean-Claude Gaudin à Marseille 25 ans. Le record est détenu par Henri Cornu avec 72 ans de mandat à Bazolles dans la Nièvre.

Le RN, parti un peu plus ancien, ne parvient pas à décoller avec seulement 15 villes de plus de 9000 habitants. Pout LFI, plus récent c’est une seule ville à son tableau.

Trois grands changements semblent devenir décisifs dans cette élection :
- La primauté des enjeux financiers dont les impôts locaux.
- L’emploi et le développement économique.
- La direction donnée en faveur de l’environnement par la commune.
Un critère est devenu prépondérant c’est la notion de services aux habitants, tel que l’offre de soins et les services de santé, faire revenir des commerces et même les gérer si besoin. On en reviendrait presque aux coopératives ouvrières qui comportaient presque tout ce que l’on trouve dans un hypermarché.

Quel est le parti dont les prétendants seront des managers capables de mieux vendre ces attentes, y compris leur bilan pour ceux en place, sachant que les LR ont une marge d’avance avec 60% des villes de plus de 30.000 habitants détenues par eux ?

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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