Austérité : le Medef s’inquiète de devoir faire des efforts

L’austérité, annoncée par le gouvernement, est-ce pour tout le monde ou seulement les Français les plus pauvres ? La question, pour le Medef, semble vite tranchée : le syndicat des patrons s’inquiète de voir les aides aux entreprises coupées sur fond de volonté de faire des économies budgétaires. Et pour cause : les aides aux entreprises sont tout simplement la première dépense de l’État, loin devant les sommes versées pour les particuliers.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 19 mars 2024 à 6h37
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0,8%La Banque de France prévoit une croissance de 0,8% en 2024.

Le Medef est pour l’austérité… mais pas si ça le concerne

Patrick Martin, président du Medef, s’est exprimé dans une interview accordée à La Tribune du Dimanche le 17 mars 2024 au sujet de l’austérité annoncée par le gouvernement. S’il ne critique pas le concept de devoir faire des économies, nécessaires par ailleurs puisque le déficit et la dette de la France explosent, il ne veut pas que ça touche les entreprises.

« Dans le budget de l'État et le budget de la Sécurité sociale, la tentation de Bercy de remettre en question les dispositifs de soutien aux entreprises est déjà là , alors même que notre économie ralentit », a-t-il affirmé.

Les entreprises : première dépense de l’État en aides

Le gouvernement cherche en effet à couper dans ses dépenses. Après avoir augmenté les coupes à 10 milliards d’euros pour 2024, ce sera l’année 2025 qui verra la coupe la plus sévère : 20 milliards d’euros, au moins. Et c’est même insuffisant pour la Cour des Comptes qui estime que l’Hexagone devrait se forcer à faire une cure d’austérité inédite et trouver 50 milliards d’euros d’économies.

Forcément, la tentation de couper dans les aides aux entreprises est forte, et cette solution paraît même nécessaire pour trouver les sommes recherchées. En 2022, selon la Fondation Ifrap, 157 milliards d’euros d’aides ont été versées aux entreprises françaises.

Le Medef veut, au contraire, des baisses d’impôts

Patrick Martin est clair : « dans cette recherche d'économies, les entreprises ne doivent pas être prises pour cible ». Et mieux, il aimerait bien que le gouvernement adopte enfin certaines baisses d’impôts comme celle sur la CVAE, reportée.

« Le gouvernement, fidèle à sa rhétorique fiscale, nous répète qu'il n'y aura pas de hausses d'impôts. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'entend pas minorer les allègements d'impôts, comme il l'a déjà fait sur les charges sociales, ou reporter indéfiniment des baisses promises comme avec la CVAE. Ce qui revient au même ! »

Où vont les milliards versés aux entreprises ?

Reste la question de savoir où vont les milliards que l’État verse aux entreprises. Alors que celles-ci touchent plus de 150 milliards par an, Patrick Martin s’inquiète « pour l'investissement de nos entreprises ». Le patron du Medef prend même en exemple « les États-Unis, qui investissent des milliards de dollars dans l'économie et attirent les entreprises européennes » oubliant sans doute que les États-Unis c’est incomparable avec la France puisque ce serait plutôt comparable, en ordre de grandeur, à l’ensemble de l’Union Européenne.

Et, surtout, la critique de Patrick Martin se heurte… aux résultats record des entreprises en 2023. Le CAC 40 a une nouvelle fois franchi le cap des 140 milliards d’euros de bénéfices, pour la troisième année consécutive.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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