Bruxelles accuse Meta d’exclure ses rivaux IA sur WhatsApp

L’Union européenne a déclenché une enquête antitrust d’envergure contre Meta le 4 décembre 2025, accusant le groupe d’avoir utilisé WhatsApp pour imposer sa propre intelligence artificielle au détriment de solutions concurrentes.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 9 décembre 2025 7h22
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facebook, meta, instagram, panne, mondiale, whatsapp, perte, revenus - © Economie Matin
1680 MILLIARDS $La capitalisation de Meta est de 1680 milliards de dollars.

Le 4 décembre 2025, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête visant Meta, après la modification de sa politique d’accès à WhatsApp pour les fournisseurs tiers d’intelligence artificielle. Selon Bruxelles, cette évolution pourrait transformer WhatsApp en un canal fermé au profit exclusif de Meta AI, ce qui soulève des interrogations majeures en matière de concurrence.

Une politique controversée : WhatsApp au cœur de l’enquête de l’Union européenne

La Commission européenne reproche à Meta d’avoir restreint, dès octobre 2025, l’accès des prestataires d’intelligence artificielle à WhatsApp Business Solution, un outil essentiel pour la diffusion de chatbots auprès du public. Les nouveaux fournisseurs sont bloqués depuis le 15 octobre 2025, tandis que les acteurs déjà présents seront coupés du service à partir du 15 janvier 2026. Selon Bruxelles, cette nouvelle politique « pourrait empêcher des fournisseurs d’IA tiers d’offrir leurs services via WhatsApp dans l’Espace économique européen », comme le précise un communiqué de la Commission européenne du 4 décembre 2025.

Cette mesure s’accompagne d’un maintien exclusif de Meta AI au sein de WhatsApp, tandis que les assistants concurrents, y compris certains acteurs majeurs du secteur, n’auront plus la possibilité d’utiliser l’API officielle. D’après Reuters, l’Union européenne soupçonne Meta de vouloir « favoriser son assistant IA tout en évinçant des concurrents innovants ». Cette stratégie pourrait constituer un abus de position dominante, notamment en raison de la puissance considérable de WhatsApp, dont l’usage massif crée des effets de réseau déterminants.

Un risque structurel pour la concurrence et l’innovation dans l’intelligence artificielle

L’Union européenne estime que le contrôle exercé par Meta sur WhatsApp, combiné à l’intégration de Meta AI, pourrait réduire substantiellement la concurrence dans l’intelligence artificielle. En effet, WhatsApp compte des centaines de millions d’utilisateurs dans l’UE, ce qui en fait un passage quasi obligé pour tout fournisseur souhaitant toucher le grand public. Dès lors, l’exclusion de solutions concurrentes menace l’accès des petites entreprises innovantes au marché et fragilise l’équilibre économique.

« Nous devons veiller à ce que les citoyens et les entreprises européens puissent bénéficier de cette révolution technologique et empêcher les entreprises dominantes d’évincer des concurrents innovants », a déclaré Teresa Ribera, commissaire européenne à la concurrence, selon une dépêche Reuters. Par ailleurs, Bruxelles évalue la possibilité d’imposer des mesures provisoires pour éviter un « préjudice irréparable » dans le secteur, comme l’a confirmé la Commission dans son communiqué.

De telles mesures signalent la gravité perçue de la situation. L’enjeu est d’autant plus majeur que Meta pourrait être exposée à une amende représentant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires mondial si une infraction est confirmée, conformément au droit antitrust européen.

Meta contre-attaque : une défense axée sur la technique et la diversité de l’écosystème numérique

Meta conteste fermement les accusations. Selon un porte-parole de WhatsApp, ces critiques sont « sans fondement », car l’API Business « n’a pas été conçue pour supporter une telle demande » provenant de chatbots d’intelligence artificielle généralistes. Cette déclaration, rapportée par Euronews, sert de pierre angulaire à la stratégie défensive du groupe, qui invoque des contraintes techniques pour justifier les restrictions imposées.

De plus, Meta affirme que le marché reste largement ouvert. Les utilisateurs peuvent accéder à d’autres assistants IA via des moteurs de recherche, des boutiques d’applications ou d’autres plateformes de messagerie, ce qui, selon le groupe, écarte tout risque réel pour la concurrence. Toutefois, l’Union européenne souligne que la position centrale de WhatsApp dans l’économie numérique rend ces alternatives insuffisantes pour compenser l’effet d’exclusion.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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