CAC40 en manque de catalyseurs pour aller plus haut ?

Après s’est rapproché des 7600 points en avril, le CAC40 a connu ces deux dernières semaines (fin avril- début mai) une vague de correction qui pourrait encore persister quelques temps.

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Par Alexandre Baradez Publié le 12 mai 2023 à 5h56
Salaires Pdg Cac40 Inegalites Oxfam Rapport
43%Lors du krach de 2008 le CAC40 avait chuté de 43% en 10 mois.

Tout d’abord l’attitude de la BCE ne laisse pas de place au doute sur sa détermination à ramener l’inflation vers l’objectif de 2%. Dans son dernier communiqué, l’institution monétaire a réitéré que les perspectives d’inflation restaient trop élevées qu’il fallait s’assurer que les taux soient portés à un niveau suffisamment restrictif. Christine Lagarde a indiqué que les pressions sur les salaires restaient fortes et que les risques étaient toujours orientés à la hausse concernant l’inflation en zone euro, écartant de fait toute hypothèse de pause pour l’instant dans ce cycle de hausse de taux.

La dégradation récente de la note souveraine de la France par l’agence de notation Fitch, même si elle n’a pas eu d’impact direct sur les écarts de taux avec l’Allemagne ou sur le CAC40, est toutefois un avertissement sur la trajectoire budgétaire de la France qui ne laisse pas de marge de manœuvre à de nouvelles mesures de soutien fiscal alors que les consommateurs sont confrontés aux hausses de prix depuis plus d’un an. Et c’est d’ailleurs le souhait de la BCE qui appelle depuis plusieurs mois les gouvernements de la zone euro à limiter les soutiens fiscaux pour ne pas contrer les effets de la politique de la BCE sur la lutte contre l’inflation.

De quoi freiner la consommation malgré un taux de chômage bas en zone euro et des salaires qui progressent, mais moins vite que les prix. Outre-Rhin, les effets de l’inflation sur la consommation sont bien visibles. Les derniers chiffres de ventes au détail affichent un repli de 8.6% en mars (vs mars 2022). Et le moteur commercial allemand est loin de tourner à plein régime : en mars les exportations se sont repliées de 5.2%, un chiffre deux fois plus faible que le consensus et les importations ont chuté de 6.4% soit trois fois plus que ce que le consensus espérait.

La production industrielle allemande s’est repliée de 3.4% en mars, largement plus que le consensus de -1.6%...ce qui réouvre clairement le risque de récession technique pour la première économie d’Europe.

Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, les risques pour la consommation sont bien présents. Les ventes au détail Outre-Atlantique se sont encore repliées de 1.0% en mars après une baisse de 0.4% en février.

Et du côté de la Chine, les signaux sont mitigés, l’activité manufacturière s’est de nouveau contractée le mois dernier comme en témoignent les indices PMI et les derniers chiffres de la balance commerciale montrent que la demande intérieure n’est pas aussi forte qu’attendu après la réouverture de l’économie post confinement. En avril, les importations chinoises ont chuté de près de 8% en annuel alors que le consensus attendait un chiffre inchangé. Typiquement le genre de chiffre qui pourrait pousser à des prises de gain sur certaines valeurs européennes, comme celles du luxe par exemple.

Le durcissement des conditions financières via le stress bancaire mais également via la poursuite de la normalisation monétaire de la Fed et de la BCE, les tensions autour du plafond de la dette américaine, la fin de la saison des résultats et des données macroéconomiques mitigées en Europe, aux Etats-Unis et en Chine offrent le contexte « parfait » à quelques prises de gain sur les marchés actions et à plus de consolidation.

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Diplômé de l’ESCE (Ecole Supérieure de Commerce Extérieur), Alexandre Baradez débute sa carrière chez EBG FINANCES en 2003 en tant que consultant spécialisé en défiscalisation immobilière. Il intègre le département Gestion Privée de BNP PARIBAS en 2005 où il assure la gestion et le suivi d’un portefeuille de 400 clients. En 2008, il rejoint Banque Robeco Gestion Privée où il a en charge la gestion d’un portefeuille de 650 clients. Il délivre un conseil sur OPCVM, la constitution et la gestion d’un patrimoine en exploitant l’actualité macro et micro-économique. En octobre 2009, il rejoint Saxo Bank en tant que Sales Trader et devient en 2011 Analyste Marchés de la banque dont il est l’interlocuteur privilégié auprès des medias français. Aujourd'hui, Alexandre Baradez est Responsable Analyses Marchés chez IG France.

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3 commentaires on «CAC40 en manque de catalyseurs pour aller plus haut ?»

  • Monsieur Baradez,
    Si votre prose doit avoir un certain pourcentage de raisonnement intellectuel, je tiens à vous rappeler que le Cac 40 ne peut être commenté comme un indice financier. L’indice Cac 40 est un indice de logique comptable, et non financière. Logique comptable qui, consistant à prendre les cours de fermeture de la Bourse réalisés lors d’un volume très limité de titres, et dont le seul enseignement était qu’il n’y avait plus d’acheteur ou vendeur à ce cours, ne peut être « vendu » comme un indice financier. Le seul catalyseur de l’indice comptable (et non de réalité financière) du Cac 40, n’est pas financier. Ainsi, il suffit de travailler le cours de cession à la fermeture de peu ou prou certaines actions pour que la valorisation comptable du Cac 40 varie.

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  • Déclaration de l’Autorité des Marchés Financiers en support de mon commentaire.

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  • Laurence Boisseau dans « Les Echos » du 2 juillet 2012 Article intitulé : AMF : Jean-Pierre Jouyet tire sa révérence aujourd’hui   
    « Enfin, les normes comptables devront être regardées de très près, notamment dès qu’il s’agit de comptabiliser à la valeur de marché, ce qui ne peut que générer une forte volatilité. »

    Dans « http://www.trends.be » du 26 janvier 2012 André Orléan qui est au Comité scientifique de l’AMF Article intitulé : Et si les marchés financiers avaient tort ?  «Les prix sur lesquels reposent les marchés financiers sont tronqués, pour ne pas dire totalement faux ! »

    Paul-Henri de La Porte du Theil nouveau Président de l’Association de la Gestion Financière dans « Les Echos » du 18 mai 2009 : «  Dans la gestion, nous avons focalisé sur le couple rendement-risque en oubliant la liquidité, qui semblait aller de soi. L’effet de ciseau entre un passif qui décollecte et un actif illiquide peut être très douloureux » 

    Monsieur de Juvigny, Secrétaire général adjoint de l’AMF, le 6 décembre 2010 dans « La Tribune » va encore plus loin en précisant : « L’évaluation financière est si peu encadrée qu’elle fait presque figure d’anomalie dans l’univers réglementé de la finance. Mais avec l’essor du concept de « juste valeur », l’évaluation est apparue comme le maillon faible de l’information financière lors de la crise du « subprime », qui a mis en évidence la difficulté à cerner la valeur intrinsèque d’un actif en l’absence de transactions sur le marché. Avant d’ajouter que « L’AMF n’exclut pas la « possibilité de faire référence, à terme, aux standards de l’IVSC, mais « ne se prononce pas, à ce jour, en faveur de normes précises et contraignantes ». Et pourtant le même jour dans le même journal….

    Michel Prada, ex-Président de COB, dans « La Tribune » daté du 6 décembre 2010 en page 37 : Article intitulé : Refonder l’évaluation financière pour restaurer la confiance « Les problèmes de valorisation sont au cœur des crises. Le sujet de l’évaluation financière échappe aujourd’hui à l’écran radar de la plupart des acteurs et des observateurs des marchés financiers. C’est là un véritable paradoxe au regard du rôle central joué par les problèmes de valorisation des actifs dans les dernières crises qui ont secoué non économies. L’incapacité des institutions financières à valoriser de façon précise et convaincante leurs actifs financiers complexes en l’absence de transactions sur le marché a en effet déclenché une crise de confiance sans précédent depuis 1929. L’heure est aujourd’hui à une refondation de l’évaluation financière, qui doit concerner tant les pratiques de place de la profession et sa déontologie. »

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