Santé : additifs alimentaires et risque de cancer

Une étude de l’Inserm met en lumière un lien préoccupant entre la consommation d’additifs alimentaires, notamment l’E471 et les carraghénanes (E407), et une hausse significative du risque de développer des cancers, notamment du sein et de la prostate. Avec plus de 20.000 produits concernés, dont les célèbres chocolats Kinder et les Pringles, cette recherche soulève des questions urgentes sur la sécurité alimentaire et appelle à une réglementation plus stricte.

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Par Rédaction Publié le 17 février 2024 à 12h00
cancer

L’alerte est lancée : certains additifs sont sous surveillance pour risque de cancer

L'étude menée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et publiée dans la revue PLOS le 13 février 2024, marque un tournant dans la compréhension des effets des additifs alimentaires sur la santé. S'étendant de 2009 à 2021 et basée sur les données de santé de 92.000 adultes suivis dans le cadre de la cohorte NutriNet-Santé, cette recherche exhaustive évalue l'impact de la consommation d’additifs, spécifiquement l'E471, les monoglycérides et diglycérides d’acides gras, et les carraghénanes (E407 et E407a), sur l’incidence des cancers.

Le constat est alarmant : 2 604 cas de cancer ont été diagnostiqués au cours de la période étudiée, révélant une corrélation inquiétante entre la consommation régulière de ces additifs et une augmentation significative du risque de cancer. Le cas de l'E471 est particulièrement préoccupant, avec une hausse de 15% du risque de cancer général, qui s'élève à 24% pour les cancers du sein et à 46% pour les cancers de la prostate.

Des produits omniprésents, des risques méconnus

Les additifs incriminés, et en particulier l'E471, sont omniprésents dans notre alimentation quotidienne. Ils confèrent aux aliments transformés leur texture onctueuse et sont présents dans une vaste gamme de produits, des chocolats Kinder aux chips Pringles, en passant par de nombreux produits laitiers et fromages. La découverte que 14.783 produits contenant de l'E471 circulent sur le marché français soulève des questions urgentes sur la sécurité alimentaire et la réglementation des additifs alimentaires.

L'étude pointe également les carraghénanes (E407 et E407a), utilisés dans plus de 10.000 produits tels que la crème entière de Normandie Elle & Vire ou le cheddar emmental de Président. Les femmes ayant une consommation élevée de ces additifs présentent un risque accru de 32% de développer un cancer du sein.

Une régulation en attente : l'Esfa et le rôle des industriels

Face à ces découvertes, Bernard Srour, chercheur à l’Inserm et co-auteur de l'étude, appelle à une prise de conscience et à une action réglementaire de la part des autorités, notamment l’Esfa, l’autorité européenne de sécurité des aliments. L'absence de données suffisantes avait jusqu'à présent limité la capacité de l'Esfa à réguler ces additifs de manière stricte. Cette étude pourrait donc servir de catalyseur pour une réévaluation des normes de sécurité alimentaire et des pratiques industrielles concernant l'utilisation des additifs.

Les industriels sont, en effet, tenus de démontrer que les additifs qu'ils souhaitent commercialiser ne sont pas nocifs , notamment en ce qui concerne leur potentiel mutagène ou cancérogène. Cependant, cette étude met en évidence la nécessité de renforcer les études de sécurité et d'adopter une approche plus précautionneuse dans l'évaluation des risques associés à ces substances.

Vers une alimentation plus sûre ?

Cette recherche de l'Inserm sonne comme un signal d'alarme pour les consommateurs, les industriels et les régulateurs. Elle rappelle l'importance d'une alimentation saine et d'une vigilance accrue vis-à-vis des produits transformés. Plus qu'une simple mise en garde, elle ouvre la voie à une réflexion plus large sur les pratiques alimentaires modernes et la nécessité de garantir une sécurité alimentaire pour tous.

Alors que les consommateurs sont de plus en plus soucieux de la qualité et de la composition de leur alimentation, cette étude pourrait inciter à un changement significatif dans la régulation des additifs alimentaires, vers une transparence accrue et une meilleure protection de la santé publique.

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