E-commerce : les petits colis taxés par l’UE dès 2026 ?

Face au flot ininterrompu de colis venus de Chine, l’Union européenne s’apprête à durcir les règles du e-commerce transfrontalier. Une nouvelle taxe sur les petits envois, conçue pour rétablir la concurrence et renforcer les contrôles, pourrait bouleverser le paysage des achats en ligne dès 2026.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 13 novembre 2025 6h46
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2 EUROSLa France prévoit une taxe nationale de 2 euros par article importé hors UE.

Depuis le début de l’année 2025, la progression des colis à très bas prix importés dans l’Union européenne atteint un niveau inédit. Cet afflux interroge les autorités européennes, qui préparent une refonte majeure des règles douanières. Bruxelles entend agir vite, car le sujet touche à la fois la sécurité des consommateurs, l’équilibre commercial et l’avenir du marché du e-commerce.

Pourquoi l’Europe veut reprendre la main sur les petits colis

L’Union européenne fait face à une pression logistique et réglementaire sans précédent. Selon les données du Parlement européen, 4,6 milliards d’articles d’une valeur inférieure à 150 euros ont été importés en 2024, soit près de 12 millions de colis par jour. Cette masse considérable met les douanes sous tension et rend les contrôles de conformité plus complexes, alors même que les produits concernés circulent massivement sur les plateformes d’ultra-discount.

Autre élément marquant : 91 % de ces envois proviennent de Chine, toujours selon les services du Parlement européen. Cette domination alimente les inquiétudes politiques et économiques autour d’une concurrence faussée. Le vice-président de la Commission, Maroš Šefčovič, n’a pas hésité à dénoncer « un tsunami », selon Le Monde. L’expression illustre la rapidité du phénomène et l’impossibilité, pour les douanes européennes, de maintenir un rythme de contrôle compatible avec de telles volumes.

Ce que prévoit Bruxelles : une taxe de 2 euros et une réforme majeure des droits de douane

Pour freiner cette vague d’importations et rééquilibrer les conditions de marché, la Commission européenne souhaite instaurer une redevance de 2 € sur chaque colis importé d’un pays tiers lorsqu’il est commandé en ligne.

Initialement prévue pour 2028, l’entrée en vigueur pourrait être avancée. Selon le Financial Times, Bruxelles envisage désormais de lancer le dispositif dès début 2026, en réponse à la croissance fulgurante des importations. Cette accélération n’est pas anodine : depuis le début de l’année, le volume des petits colis a bondi de 20 %, a rappelé Pierre-François Le Louët, cité par Le Monde.

Cette taxe s’inscrit dans une réforme plus vaste. L’Union prévoit de supprimer entièrement l’exemption de droits de douane pour les biens de moins de 150 € dès le 1er mars 2028, comme l’indique un rapport d’Alvarez & Marsal. Plusieurs pays entendent d’ailleurs anticiper le mouvement. La France prévoit une taxe nationale de 2 € par article importé hors UE dans ce segment de valeur, confirme Le Monde. En Roumanie, un forfait d’environ 25 lei, soit près de 5 €, par colis est à l’étude. Face à cette multiplication d’initiatives, l’association EuroCommerce plaide pour une mesure harmonisée, « à l’échelle de l’UE », selon une déclaration relayée par EcommerceNews.

Pourquoi acheter des petites choses en Chine va être plus cher

Pour les consommateurs européens, la réforme aura des effets concrets et immédiats. Une redevance de 2 € sur un colis d’une valeur de 4 € ou 5 € modifie considérablement la perception du prix et réduit l’attrait du « petit achat impulsif » venu de l’étranger. À mesure que les exemptions douanières disparaîtront, la facture pourrait s’alourdir pour chaque importation, rendant les achats plus prévisibles mais aussi plus coûteux.

Pour les plateformes asiatiques comme Shein ou Temu, l’enjeu est stratégique. La multiplication des colis surtaxés pourrait inciter ces acteurs à développer des entrepôts sur le sol européen. Dans cette perspective, le mécanisme envisagé par Bruxelles, plus favorable aux envois transitant par des centres logistiques installés dans l’Union, pourrait constituer un puissant levier.

Pour les commerçants européens enfin, cette réforme est perçue comme une manière de rétablir une concurrence plus équitable. Les coûts de traitement et les obligations de conformité, aujourd’hui supportés de manière inégale, seraient mieux répartis entre les différents acteurs du marché.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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