Alors que la France espérait maintenir son élan économique en 2024, les derniers chiffres de l’Insee viennent doucher les espoirs. Un recul du PIB en fin d’année, une consommation en berne, une crise budgétaire latente… Faut-il s’attendre à un ralentissement durable ou un simple passage à vide avant un rebond ? (bien qu’il n’y ait toujours pas de budget pour l’année 2025).
Croissance : la France dans le rouge en fin d’année 2024
Un coup d’œil dans le rétroviseur suffit pour voir l’ampleur du problème : après un été porté par l'effervescence des Jeux Olympiques, la France a brutalement freiné en fin d’année. Les ménages dépensent moins, les entreprises hésitent à investir et les voyants économiques virent à l’orange.
Un coup de frein brutal en fin d’année
L’année 2024 s’achève sur une note morose pour l’économie française. Selon l’Insee, le produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 0,1 % au quatrième trimestre 2024 (octobre-décembre 2024), une contre-performance qui contraste avec la progression de 0,4 % enregistrée entre juillet et septembre. Ce ralentissement marque un net coup d’arrêt, mais il intervient après l’impulsion temporaire des magnifiques Jeux Olympiques de Paris 2024, qui avaient dynamisé l’économie durant l’été.
Les raisons de ce repli sont multiples :
- Un commerce extérieur en difficulté : la balance commerciale a pesé négativement sur l’économie (-0,2 point après -0,1 au trimestre précédent).
- Un essoufflement de la consommation des ménages : en progression limitée à +0,4 %, après +0,6 % au trimestre précédent.
- Un investissement en berne : bien qu’un recul plus modéré qu’en été ait été constaté (-0,1 % contre -0,3 % au trimestre précédent), les entreprises restent prudentes face aux incertitudes économiques et politiques.
Une crise budgétaire qui s’aggrave
Derrière cette contraction du PIB se cache un malaise plus profond. La situation budgétaire française s’est considérablement tendue avec un déficit public qui atteint 6 % du PIB, bien au-delà des engagements européens. La chute du gouvernement Barnier en décembre 2024 a ajouté une incertitude supplémentaire : la France se retrouve toujours sans budget pour 2025 à l'heure où on se parle.
Cette instabilité politique alimente un climat économique dégradé :
- La confiance des ménages, en baisse depuis octobre 2024, reflète un attentisme généralisé.
- Le climat des affaires s’est détérioré, signalant une prudence accrue des entreprises.
- Les coupes budgétaires à venir risquent de freiner encore davantage l’investissement public, un moteur essentiel de l’économie française.
Des perspectives incertaines pour 2025
Si l’Insee prévoit une légère reprise du PIB de 0,2 % au premier et au deuxième trimestre 2025, la prudence est de mise. Le gouvernement de François Bayrou a d’ailleurs revu à la baisse sa prévision de croissance annuelle, passant de 1,1 % à 0,9 %, une estimation jugée encore trop optimiste par de nombreux économistes.
Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade, anticipe pour Les Échos une "dynamique proche de zéro" au premier semestre 2025, soulignant que "la dynamique interne est anémiée, et le contexte international n'est pas porteur". Mathieu Plane de l'OFCE partage cette analyse et insiste sur l'absence de moteurs solides pour soutenir la croissance.
Un rebond encore hypothétique
Pour sortir de cette spirale, plusieurs leviers pourraient être activés :
- L’adoption rapide d’un budget 2025 pour rassurer les marchés et redonner de la visibilité aux acteurs économiques.
- Des mesures de relance ciblées, notamment pour soutenir les secteurs les plus touchés, comme l’automobile et le bâtiment.
- Un regain de confiance des consommateurs, qui reste tributaire du pouvoir d’achat et des perspectives d’emploi.