La croissance française devrait rester modeste en 2025. Dans son enquête publiée le 11 août 2025, la Banque de France anticipe un PIB en hausse d’environ +0,3 % au troisième trimestre, dans le sillage du deuxième trimestre. Le tableau est contrasté : activité mieux orientée dans l’industrie et le bâtiment, services plus mesurés, difficultés de recrutement en recul mais encore présentes, et un environnement européen lesté par les tensions commerciales.
Croissance : un troisième trimestre dans le vert pour la France

La Banque de France résume ainsi l’état des lieux : l’enquête, menée « entre le 22 juillet et le 5 août » auprès d’environ 8 500 dirigeants, constate que l’activité progresse en juillet « de manière significative dans l’industrie et le bâtiment, et plus modérément dans les services marchands ». Pour août 2025, les entreprises anticipent une activité « en hausse dans l’industrie et le bâtiment » et « qui évoluerait peu dans les services », avec des carnets de commandes légèrement moins dégarnis hors aéronautique, mais « relativement bas ».
Conjoncture : Bonne nouvelle sur les prix, léger mieux sur l'emploi
Côté prix, le message est apaisant : « Les prix de vente sont jugés globalement stables dans les trois secteurs. » Côté recrutement, le goulot se desserre mais ne disparaît pas : « Les difficultés de recrutement concernent 18 % des entreprises, en baisse d’un point par rapport au mois dernier. » Enfin, sur la prévision de PIB, la Banque de France écrit : « nous estimons que le PIB continuerait de croître au troisième trimestre sur un rythme proche de celui du trimestre précédent ( +0,3 % selon la première estimation de l’Insee). »
Dans l’industrie, la dynamique vient des matériels de transport et des biens d’équipement ; l’aéronautique et l’automobile bénéficient de chaînes d’approvisionnement plus fluides. Le taux d’utilisation des capacités reste toutefois sous sa moyenne de long terme (75,3 % contre 77,2 % en moyenne), signe d’un appareil productif qui tourne sans surchauffe. Dans les services marchands, l’activité est hétérogène : elle rebondit dans les loisirs et la restauration (après un mois de juin perturbé par la canicule), elle accélère dans le nettoyage, les activités juridiques et comptables, l’ingénierie, l’édition et la publicité. Dans le bâtiment, l’activité progresse plus que prévu aussi bien en gros œuvre qu’en second œuvre.
Un autre point clé de l’enquête est l’incertitude. L’« indicateur mensuel d’incertitude » se replie dans l’industrie, les services et le bâtiment, « plus sensiblement dans le bâtiment ». Mais il « reste significativement plus haut dans l’industrie […] ce qui témoigne de la plus forte exposition de ce secteur à l’international, notamment à la politique tarifaire des États-Unis. »
Croissance : où en est la France en milieu d’année ?
Le point de départ 2025 compte pour comprendre l’atterrissage de fin d’année. Selon la première estimation de l’INSEE publiée à la fin juillet 2025 et rappelée par la Banque de France, le PIB a progressé de +0,3 % au deuxième trimestre, après +0,1 % au premier. Cela place l’« acquis » de croissance autour d’un demi-point pour 2025 si l’activité stagnait ensuite.
Pourquoi la Banque de France reste prudente
La prudence vient d’abord de l’extérieur. Le Bulletin économique n° 5/2025 de la BCE (7 août 2025) décrit un environnement « extrêmement incertain, en particulier en raison des tensions commerciales », avec des entreprises « qui hésitent davantage à investir » à cause des « droits de douane effectifs et attendus » et d’une appréciation de l’euro.
La prudence tient aussi au marché du travail : même si la part d’entreprises signalant des difficultés de recrutement recule à 18 %, elle reste non négligeable. Tant que ces contraintes subsistent, la montée en cadence de certains secteurs peut rester progressive. Enfin, la demande intérieure s’améliore par endroits (restauration, loisirs, services aux entreprises), mais sans accélération généralisée.
Ce que cela implique pour la croissance 2025
Concrètement, l’hypothèse +0,3 % au T3 signifie qu’en l’absence de choc, la croissance annuelle 2025 devrait rester faible, dans un couloir autour de 0,5–0,7 %, compatible avec ce que la Banque de France laissait entrevoir au fil de ses précédentes projections. Le fait que l’incertitude recule et que certains goulots s’allègent est plutôt positif, mais le cœur du message est celui d’une progression lente, sans relais massif ni côté exportations (plutôt neutres à négatives), ni côté investissement privé (encore prudent), même si l’aéronautique et les biens d’équipement offrent des appuis.
Dans ce schéma, l’industrie pourrait contribuer un peu plus au T3 qu’au T2 (cadence de production mieux tenue, stocks plus équilibrés, trésorerie un peu moins sous pression selon les sous-secteurs). Les services marchands resteraient en léger mieux, mais très disparates. Le bâtiment progresse, ce qui est notable après une longue phase de repli, mais le niveau d’activité reste, dans plusieurs segments, inférieur aux sommets d’avant-crise.
Croissance de la France en 2025 : les points à surveiller
D’abord, la validation statistique fin août 2025 : l’INSEE publiera sa seconde salve pour le T2 et d’autres indicateurs (consommation, production industrielle) susceptibles de confirmer ou non le profil +0,3 %. Ensuite, l’humeur des entreprises en septembre : si le repli de l’incertitude se confirme, la croissance pourrait rester légèrement positive au T4. À l’inverse, un durcissement des tensions commerciales ou une remontée des coûts de financement pèserait sur l’industrie et l’investissement, au moment où la demande des ménages reste mesurée.
Enfin, le fil budgétaire : même si ce n’est pas l’objet direct de l’enquête, la trajectoire des finances publiques et d’éventuels ajustements d’ici l’automne voire dans le cadre du Budget 2026 jouent sur la confiance et sur l’investissement public.
