Malgré une condamnation exemplaire et l’obligation d’être incarcéré, Nicolas Sarkozy reste officiellement administrateur au sein d’Accor, de Lagardère et du Lov Group. Une décision aux conséquences graves pour leur image et la cohérence de leur politique RSE.
RSE : Pourquoi Accor, Lagardère et Lov Group ne virent pas Nicolas Sarkozy ?

Le 25 septembre 2025, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne de 2007. Cette peine est assortie d’une exécution provisoire et d’un mandat de dépôt à effet différé, ce qui conduit à son incarcération prévue le 21 octobre 2025. Pour autant, l’ancien président ne sera pas écarté de ses fonctions au sein des conseils d’administration d’Accor, de Lagardère et du Lov Group. Un choix qui heurte les valeurs d’éthique que ces groupes prétendent défendre.
Nicolas Sarkozy : que décident concrètement les entreprises et sur quelles bases ?
Les entreprises concernées avancent que rien dans la loi ne les oblige à exclure un administrateur condamné, sauf si une interdiction de gérer est prononcée. Chez Accor, même après incarcération, Nicolas Sarkozy participera au conseil, le 23 octobre, selon ses avocats, puisqu’aucune clause statutaire ne l’en empêche, révèle BFMTV. Le PDG Sébastien Bazin, de longue date proche de lui, a clairement affirmé qu’il ne lui demanderait pas de partir tant que la législation ne l’y contraint pas.
Dans le cas de Lagardère, le groupe confirme que Nicolas Sarkozy demeure administrateur, notamment au sein du comité des rémunérations, malgré la condamnation récente. Le mandat courant du conseil court jusqu’en 2028 et aucun mouvement de révocation n’a été acté à ce jour. Le groupe rappelle que la peine ne prévoit pas d’interdiction de gérer, ce qui laisse la voie libre à son maintien. Quant au Lov Group, moins médiatisé, il ne s’est pas publiquement prononcé sur ce dossier. Toutefois, l’absence de déclaration de retrait suggère un maintien implicite du rôle administratif, explique BFMTV.
Ces décisions reposent sur une interprétation juridique stricte : la condamnation de Nicolas Sarkozy ne mentionne pas explicitement d’interdiction de gérer, ce qui lui permet, selon leurs conseils, de conserver ses fonctions dans des entreprises privées.
Pourquoi c’est désastreux du point de vue RSE et de la réputation
Contradiction avec les principes éthiques affichés
Les groupes concernés présentent publiquement des codes de conduite, des chartes anti-corruption et des engagements en matière de gouvernance responsable. Par exemple, Lagardère insiste sur l’intégrité comme pierre angulaire de son identité, rappelle ActuaLitté.com. Or, maintenir un administrateur condamné pour des faits graves crée une dissonance brutale entre le discours et les actes. Cette dissonance fragilise la crédibilité de la RSE : dès lors, les parties prenantes peuvent percevoir l’engagement éthique comme une façade cosmétique, d’autant plus que Nicolas Sarkozy est également en charge de la RSE chez Lagardère.
Risque de perte de confiance auprès des parties prenantes
Des actionnaires d’Accor se sont déjà offusqués, jugeant que « cela fait désordre », souligne BFMTV. Laisser perdurer cette situation envoie le signal que les intérêts stratégiques et les relations personnelles priment sur la probité. Salariés, investisseurs, clients, ONG ou pouvoirs publics pourraient en tirer la conclusion qu’une condamnation ne suffit pas à entraîner des conséquences tangibles.
En termes de gouvernance, cela affaiblit l’autorité morale des conseils : comment exiger de ses collaborateurs ou de ses cadres un comportement irréprochable quand une figure condamnée reste aux commandes ? Ce choix peut aussi encourager un précédent dangereux : d’autres dirigeants pourraient se sentir protégés malgré des condamnations lourdes, alimentant un sentiment d’impunité généralisé.
