À quelques jours de la COP30, le Brésil annonce une baisse historique de la déforestation en Amazonie : moins 11 % sur un an, soit son niveau le plus bas depuis onze ans.
La déforestation en Amazonie atteint son plus bas niveau depuis 2014
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Published on 31 octobre 2025 6h46
25%Seul le Mato Grosso connaît une hausse, d’environ 25 %
Le 30 octobre 2025, à Brasília, le gouvernement brésilien a publié les nouvelles données du programme PRODES, qui surveille la déforestation en Amazonie. Entre août 2024 et juillet 2025, la surface déboisée atteint 5 796 km², soit une réduction de 11,08 % par rapport à la période précédente, selon le ministère de l’Environnement et l’Institut national de recherches spatiales (INPE).
Une déforestation en net recul dans l’Amazonie brésilienne
Les chiffres dévoilés par le gouvernement brésilien marquent un tournant. Selon les données officielles, la déforestation en Amazonie légale a reculé de 11,08 %, atteignant 5 796 km² entre août 2024 et juillet 2025 — soit le niveau le plus bas depuis 2014, d’après les relevés PRODES communiqués à Reuters le 30 octobre 2025. Ce résultat correspond à la troisième plus faible valeur enregistrée depuis 1988, selon le communiqué officiel du gouvernement.
La ministre de l’Environnement, Marina Silva, s’est félicitée de cette tendance : « Quand on obtient un bon résultat, il faut passer au prochain défi. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Notre défi, c’est de réduire la déforestation à zéro d’ici 2030 », a-t-elle déclaré selon le HuffPost. Une ambition reprise par plusieurs acteurs du climat, à l’image de Márcio Astrini, coordinateur de l’Observatório do Clima, qui estime que « cela prouve que l’objectif zéro déforestation est atteignable si le gouvernement et la société travaillent ensemble ».
Le recul ne concerne pas seulement l’Amazonie. Dans le Cerrado, vaste écorégion de savane boisée au centre du Brésil, la déforestation a également diminué de 11,49 %, à 7 235 km². Ce double résultat illustre la relance des politiques de conservation sous le gouvernement de Luiz Inácio Lula da Silva, qui promettait un tournant environnemental après la période Bolsonaro.
Une stratégie de contrôle et de coordination renforcée
Pour expliquer la baisse de la déforestation, le Brésil met en avant une combinaison d’outils technologiques et de décisions politiques.
Selon le ministère de l’Environnement, 19 ministères participent désormais à la lutte contre la déforestation, dans le cadre du plan intégré PPCDAm – Plan d’action pour la prévention et le contrôle de la déforestation en Amazonie. Cette approche transversale s’appuie sur la relance du Fonds Amazonie, financé notamment par la Norvège et l’Allemagne, et sur un suivi satellitaire renforcé par l’INPE.
Les efforts de terrain se traduisent aussi par un regain d’activité des agences environnementales. L’Ibama (Institut brésilien de l’environnement) a réalisé 9 540 inspections entre janvier et octobre 2025, soit une hausse d’environ 38 % sur un an, et infligé 2,85 milliards de réais d’amendes environnementales, selon AP News.
Le communiqué officiel de la Secom, bras communication du gouvernement, précise que ces politiques ont permis d’« éviter environ 733,9 millions de tonnes de CO₂ équivalent » depuis 2022. La ministre Marina Silva affirme : « La réduction de la déforestation en Amazonie par troisième année consécutive et dans le Cerrado par second cycle confirme que l’agenda environnemental est prioritaire et transversal dans le gouvernement du président Lula. » Sur le terrain, plusieurs États amazoniens ont vu leurs efforts récompensés : huit sur neuf ont enregistré une baisse de la déforestation, selon El País). Seul le Mato Grosso connaît une hausse, d’environ 25 %, liée à la pression agro-industrielle sur ses marges forestières.
Un revers de médaille : feux, sécheresse et dépendance politique
Si les chiffres témoignent d’un progrès, le tableau reste nuancé. La déforestation recule, mais la dégradation forestière persiste, notamment à cause des incendies. AP News rapporte que le nombre de foyers d’incendie détectés entre janvier et octobre 2025 atteint son plus haut niveau depuis 2010, conséquence directe d’une sécheresse intense dans le bassin amazonien. Ces feux aggravent les émissions de carbone et compromettent la résilience du couvert forestier. La durabilité des progrès reste incertaine. Ana Clis Ferreira, porte-parole de la campagne Zéro Déforestation de Greenpeace Brésil, relayée par AP News, avertit : « Il est essentiel d’institutionnaliser des protections qui ne dépendent pas des cycles politiques et de renforcer les plans d’action pour les périodes de vulnérabilité climatique. »
Les scientifiques, de leur côté, soulignent que les chiffres officiels du PRODES ne mesurent que la coupe rase, pas la dégradation progressive liée au stress hydrique et aux feux. Cette limite méthodologique explique pourquoi le mot-clé déforestation ne résume pas à lui seul l’état du climat amazonien. D’après les données de Mongabay, près de 2,78 millions d’hectares de forêt primaire ont été affectés par les incendies en 2024, dont environ 60 % situés en Amazonie.
Dans le même temps, certaines décisions du gouvernement alimentent les critiques : la suspension partielle du moratoire sur le soja issu de zones récemment déboisées inquiète plusieurs ONG, qui y voient un risque de recul. Pourtant, le gouvernement insiste sur la continuité de ses engagements. La ministre Marina Silva a souligné dans une interview à Reuters qu’« elle n’aurait jamais imaginé atteindre une réduction de 50 % de la déforestation » depuis le début du mandat Lula.