Le diagnostic énergétique DPE ne correspond pas à la réalité

Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est-il bien en phase avec la consommation d’énergie réelle des ménages ? Une étude très sérieuse tend à démontrer que ce n’est pas le cas, ce qui pose des problématiques de fiabilité et de manipulation de cet outil indispensable dans le secteur immobilier.

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Par Aurélien Delacroix Publié le 12 janvier 2024 à 13h00
DPE
4,8 MILLIONS4,8 millions de logements sont considérés comme des passoires thermiques.

Le Diagnostic de Performance Énergétique, instrument clé dans l'évaluation des logements depuis 2006, se trouve au cœur d'une controverse. Cette procédure, obligatoire pour la location ou la vente d'un bien immobilier, mesure la consommation d'énergie et l'impact en termes d'émissions de gaz à effet de serre.

Le DPE, un outil imparfait

Cependant, une récente étude du Conseil d'analyse économique (CAE) et de Crédit Mutuel Alliance Fédérale révèle une corrélation faible entre les prévisions du DPE et la consommation réelle d'énergie. L'étude, basée sur un échantillon de 178.110 ménages et des données bancaires, met en évidence une progressivité de la consommation d'énergie moins marquée que celle théoriquement prédite par le DPE.

La méthode de calcul du DPE, particulièrement depuis sa réforme en 2021, est critiquée pour son manque de précision et les possibilités de manipulation. Les auteurs de l'étude soulignent que deux logements similaires, mais de superficies différentes, peuvent recevoir des notations DPE divergentes. De plus, l'approche subjective dans l'évaluation des paramètres du DPE a été dénoncée par des experts et des associations de consommateurs, avec des diagnostics variant grandement pour un même logement. Des variations qui conduisent à des diagnostics incohérents et à une surreprésentation de logements à la limite des seuils d’attribution des étiquettes énergétiques.

L'impact réel des comportements des ménages

L'étude met également en lumière les « effets comportementaux » des ménages selon leurs revenus. Le DPE part du principe que la demande de confort thermique est constante, mais dans la pratique, les occupants des logements ajustent souvent leur consommation en fonction de la performance énergétique de leur habitation. Dans les logements moins performants, les habitants tendent à réduire leur consommation, tandis que dans les logements plus performants, on observe un « effet rebond » où la consommation dépasse les estimations théoriques. Cette observation remet en question l'efficacité des diagnostics en termes d’économie d’énergie.

Face à ces constats, les auteurs de l'étude recommandent des pistes d'amélioration pour le DPE, notamment en termes d'homogénéisation et de fiabilité. Ils suggèrent également de promouvoir des efforts de sobriété énergétique, en particulier auprès des ménages à revenus élevés et dans les logements énergétiquement performants. Cette étude souligne l'importance de reconsidérer les outils de diagnostic énergétique pour mieux aligner théorie et pratique, et ainsi contribuer efficacement à la transition énergétique.

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De formation économiste, Aurélien s'est spécialisé dans le domaine de la technologie, plus particulièrement dans l'émergence de l'intelligence artificielle et ses implications sociétales.

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