Pourquoi le secteur de la tech a plus que jamais besoin de diversité ?

Ainsi, quel constat dresser en matière de diversité dans la tech ? Pourquoi cette diversité est-elle d’une importance cruciale aujourd’hui ? Et comment les entreprises technologiques peuvent-elles mutualiser leurs efforts en vue de faire émerger une meilleure représentativité ?

La diversité au sein de la tech : état des lieux

En dépit des progrès, il reste encore beaucoup à faire pour favoriser une véritable inclusion et équité dans notre secteur et ce, sur plusieurs fronts.

S’agissant de la diversité de genre, c’est un secret de polichinelle : les femmes restent largement sous-représentées dans les entreprises de technologie en France. En 2022, la proportion des femmes dans le monde de la tech plafonne à 17 % (source : Gender Scan 2022). Un constat qui se reflète également s’agissant des postes à hautes responsabilités. En effet, seulement 13 % des postes du noyau exécutif du programme French Tech 120[1] sont occupés par une femme (dont 7 femmes CEO).

En ce qui concerne la diversité culturelle, il y a encore du chemin à faire dans notre pays, à l’heure où la trop grande homogénéité culturelle et ethnique des startuppers, investisseurs et leaders de l’IT persiste et signe en France. Enfin, la diversité liée à l'âge est également une composante importante de cet état des lieux du secteur technologique en France. Bien qu'il soit difficile d'obtenir des données précises à ce sujet, il est clair que les plus de 45 ans sont plus fréquemment confrontés à des disparités à l'embauche au sein du secteur et au-delà.

Toujours est-il que la sous-représentation de certains groupes dans le secteur du numérique ne constitue pas seulement un signe inquiétant de déséquilibre sociétal : elle présente également un coût économique de plus en plus dommageable pour un secteur en quête de talents. Promouvoir la diversité, c’est donc, à contrario, développer une tech plus performante et plus innovante.

La diversité dans la tech a trop de potentiel pour que les entreprises s’en passent !

 Le numérique doit donc être vecteur de diversité, pas seulement pour des considérations éthiques, mais également car c’est dans son intérêt.

La pénurie de compétences et de talents à laquelle le secteur est actuellement confronté le confirme. Aujourd’hui, le numérique est l’un des moteurs de l’économie, si bien que certaines entreprises et startups affichent des croissances insolentes tout en transformant la société. Il s’agit même du secteur qui générera le plus de nouveaux emplois dans les années à venir : l’emploi dans l’IT progresse en effet 2,5 fois plus vite que dans les autres secteurs. Or, en excluant certains profils, les entreprises participent de facto à la pénurie de compétences qui sévit dans le secteur aujourd’hui. En effet, le rapport Mulesoft 2022 IT Leaders Pulse révèle que près des trois quarts des décideurs informatiques reconnaissent que le recrutement de talents informatiques  n’a jamais été aussi difficile qu’aujourd’hui, quand la quasi-totalité (98 %) des décideurs affirme que la capacité à attirer des talents influence les choix d’investissement technologique par l’entreprise. Exclure la diversité de talents, c’est donc, plus que jamais, se tirer une balle dans le pied. L’inclure, c’est se sortir de cette pénurie de talents la tête haute.

 D’autant que la diversité en entreprise permet de renouveler la perception que l’on a du secteur du numérique, lequel souffre encore d’un déficit d’image toujours perceptible. En effet, l’inconscient collectif alimente certains stéréotypes du travailleur IT qui serait forcément un geek, jeune, asocial et passant ses journées entières devant un écran. En diversifiant les profils dans le numérique, il deviendrait alors plus aisé de montrer la partie invisible de l’iceberg. Et, tel un cercle vertueux, cela favoriserait également les recrutements auprès de la génération Z, tout en répondant mieux à la diversité de la clientèle.

Enfin, rappelons que la mixité apporte de nombreux avantages et contribue à une culture d'entreprise plus vertueuse. Vision complémentaire, meilleure créativité, sens plus aigu de l'innovation, capacité à résoudre les problèmes et plus grande rétention des employés au sein des entreprises, sont autant de richesses qui permettent aux entreprises ayant investi dans la diversité et l'inclusion de bénéficier d’un réel avantage concurrentiel.

La tech elle-même doit se mobiliser !

Inclusion et diversité dans la tech ne sont pas des vœux pieux, mais des objectifs véritables. Mais comment faire pour se donner les moyens d’exploiter le potentiel de la mixité au sein de notre secteur ? Pour répondre à cette question, nous pensons que la tech elle-même a un rôle à jouer.

D’abord en agissant à la racine, c’est-à-dire dans les salles de classes. Par exemple, afin d’encourager les filles à s’orienter vers les filières du numérique et à s’approprier les compétences nécessaires à leur montée en expertise, la Fondation FACE a mis en place le projet Wi-Filles, en partenariat avec plusieurs entreprises technologiques. De la création d’un site web à la programmation, en passant par la formation à la cyber sécurité, le programme a pour but de faire découvrir toutes les dimensions du numérique à des jeunes filles de 14 à 17 ans et ainsi, leur ouvrir un champ des possibles en vue de leur future filière d’études.  

Ensuite, en encourageant activement l’entrepreneuriat par les minorités sous-représentées. Pour ce faire, les entreprises technologiques doivent mutualiser leur temps et leurs moyens dans le développement de programmes visant à fournir des ressources, un réseau et des opportunités à celles et ceux qui s’en sont vu dépourvues, pour développer et faire croître leur(s) entreprise(s). Dans ce contexte, il convient de décentraliser autant que faire se peut la portée de ces initiatives afin qu’aucun territoire ne soit lésé. Et ce grâce, par exemple, à des événements régionaux ou des forums en ligne qui visent à connecter les entrepreneurs en herbe, et leur donner accès à des mentors, des investisseurs, des partenaires commerciaux, ainsi que des outils de développement des compétences. Aux grands maux, les grands moyens !