Droits de douane : la Chine tape fort sur les produits laitiers européens

La décision chinoise de relever brutalement les droits de douane sur les produits laitiers européens a provoqué une onde de choc dans les filières agricoles. Derrière une mesure technique de fiscalité commerciale, les industriels redoutent désormais un affaiblissement durable de leurs débouchés en Chine.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 23 décembre 2025 6h25
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Droits de douane : la Chine tape fort sur les produits laitiers européens - © Economie Matin
50%50% de la crème exportée d'Europe vers la Chine vient de France.

Le 22 décembre 2025, les autorités chinoises ont annoncé l’entrée en vigueur, dès le 23 décembre, de nouveaux droits de douane provisoires sur les produits laitiers importés de l’Union européenne. Cette décision intervient dans un contexte de tensions commerciales accrues entre Pékin et Bruxelles, et suscite de fortes inquiétudes au sein des filières agricoles européennes.

Les produits laitiers européens frappés par une nouvelle taxe en Chine

Les nouveaux droits de douane décidés par la Chine visent une large gamme de produits laitiers européens. Selon les autorités chinoises, la douane et la fiscalité appliquées répondent à des subventions présumées dont bénéficieraient ces produits sur le marché européen. Ainsi, les taxes annoncées varient de 21,9 % à 42,7 % selon les catégories de produits et les entreprises concernées, un niveau jugé particulièrement dissuasif pour la vente.

Dans ce contexte, les produits laitiers français sont en première ligne. Les crèmes, fromages et laits transformés destinés à la Chine constituent une part essentielle des exportations agricoles. En 2024, la valeur des ventes françaises de produits laitiers vers la Chine atteignait environ 370 millions d’euros, selon le magazine Challenges. Toutefois, sur les neuf premiers mois de 2025, ces exportations ont déjà reculé à 245 millions d’euros, un signal d’alerte pour l’ensemble de la filière.

Les autorités chinoises justifient cette taxe par la nécessité de protéger leur industrie nationale. Le ministère chinois du Commerce a ainsi déclaré que « les produits laitiers concernés importés de l’Union européenne bénéficiaient de subventions, et que l’industrie chinoise subissait un préjudice substantiel », selon des propos rapportés par TF1 Info. Cette position est fermement contestée par l’Union européenne, qui dénonce une mesure de douane jugée infondée.

Une inquiétude croissante pour la vente de produits laitiers

Pour les industriels européens, la hausse soudaine de la fiscalité douanière chinoise représente un choc économique majeur. « C’est un choc, un coup de massue », a déclaré François-Xavier Huard, directeur général de la Fédération nationale de l’industrie laitière, cité par Boursorama. Selon lui, la Chine constitue un débouché essentiel pour les produits à forte valeur ajoutée, notamment les crèmes françaises.

D’après Challenges, en effet, l’Union européenne a exporté vers la Chine près de 100 000 tonnes de crème en 2024, dont environ 50 % provenaient de France. Par ailleurs, 34 000 tonnes de fromages européens ont été vendues sur le marché chinois, dont 6 000 tonnes françaises. Une hausse de taxe de cette ampleur pourrait donc freiner durablement la vente de produits laitiers européens, au profit de producteurs locaux ou d’autres pays concurrents.

Dans ce climat tendu, la Commission européenne a dénoncé une décision « injustifiée », estimant que les éléments avancés par Pékin reposaient sur des preuves insuffisantes. Un porte-parole de l’exécutif européen a ainsi parlé d’un « développement très négatif » pour les relations commerciales entre l’Union et la Chine, selon Reuters.

Fiscalité, politique et commerce international en toile de fond

Au-delà de la seule question des produits laitiers, cette nouvelle taxe s’inscrit dans une stratégie plus large de la Chine en matière de politique commerciale. Depuis plusieurs mois, Pékin multiplie les enquêtes et les mesures de douane à l’encontre de produits européens, dans un contexte de désaccords sur les véhicules électriques et d’autres secteurs industriels.

Selon Reuters, les droits de douane sur les produits laitiers européens apparaissent comme une réponse indirecte aux mesures envisagées par Bruxelles sur les importations chinoises. La fiscalité devient ainsi un levier politique, utilisé pour peser sur les négociations commerciales internationales. Cette situation alimente les craintes d’une escalade, où chaque nouvelle taxe fragiliserait un peu plus les échanges bilatéraux.

Pour les exportateurs, l’incertitude demeure. Les droits annoncés sont provisoires, mais leur niveau élevé inquiète déjà les entreprises. Certaines, comme le groupe français Savencia, pourraient se voir appliquer des taxes proches de 30 %, tandis que d’autres industriels européens atteindraient le plafond de 42,7 %, selon Challenges.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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