La durabilité comme premier critère d’achat ?

Si le prix compte plus que jamais les Français privilégient de plus en plus un autre repère : celui d’un objet qui dure, qui tient ses promesses et qui inspire suffisamment confiance pour accompagner le quotidien. L’électroménager en est l’exemple parfait : la durabilité y est devenue l’un des premiers critères de choix, surtout lorsqu’elle s’accompagne d’une fabrication française. Des objets robustes, fiables, transmis de génération en génération.

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By Rédacteur Published on 23 novembre 2025 9h30
Electromenager Reparation Consommation Obsolescence Programmee Seb
@shutter - © Economie Matin
66%66 % des Français ont réparé ou fait réparer un objet au cours des six derniers mois

Pendant des années, le marché du petit électroménager s’est structuré autour d’une promesse simple : proposer toujours plus de fonctionnalités, toujours plus vite et toujours moins cher. Cette logique a alimenté la montée en puissance d’une “fast-tech” où les appareils s’usent vite, se réparent difficilement et finissent régulièrement à la déchetterie. Cette époque touche en partie à sa fin. Les Français ne se satisfont plus d’un prix bas ; ils cherchent un prix juste, un rapport entre coût, usage, durée de vie et cohérence écologique.

Cette évolution n’est pas un phénomène marginal : elle traverse toutes les classes sociales. Selon plusieurs études, la durabilité est désormais l’un des critères les plus déterminants au moment d’acheter un robot, une friteuse à air, une bouilloire ou une poêle. En d’autres termes, la robustesse n’est plus un argument marketing : elle redevient une norme attendue. Et ce changement offre au Made in France un terrain inattendu pour se réinventer.

Dans ce mouvement, le Groupe SEB apparaît comme un acteur précurseur et de référence. Depuis des années, le groupe dirigé par Stanislas de Gramont et présidé par Thierry de La Tour d'Artaise assume une stratégie résolument tournée vers la production locale : des usines ultra modernes à Tournus, Rumilly ou encore Mayenne, une expertise historique dans les revêtements, des pièces détachées disponibles sur le long terme et une réparabilité pensée dès la conception. Une approche à contre-courant lorsqu’une partie de ses concurrents — Philips, Ninja, certaines gammes Bosch ou Hisense — ont globalement privilégié le tout-importé. Mais cette constance donne aujourd’hui un avantage concret : les appareils fabriqués en France résistent mieux à l’usure, rassurent davantage les foyers et incarnent cette notion de prix juste que les consommateurs réclament.

Ce retour en grâce du Made in France va au-delà de la rationalité économique. Il touche à quelque chose de plus intime : la nostalgie familiale. Beaucoup se souviennent d’une cocotte-minute de la marque rouge (inventeur du modèle) qui trônait fièrement sur le feu, d’une poêle héritée des parents, d’un robot qui accompagnait les repas du dimanche. Ces souvenirs ne relèvent pas du passéisme : ils traduisent un besoin de stabilité dans un monde incertain. Ils rappellent que les objets peuvent avoir une histoire — et non un simple cycle de remplacement.

La durabilité prend également une dimension très pragmatique. À l’heure où le pouvoir d’achat est sous tension, où l’inflation pèse sur les produits du quotidien, il devient rationnel d’investir dans un appareil plus fiable plutôt que de racheter un modèle bas de gamme tous les trois ans. C’est d’ailleurs l’un des arguments majeurs avancés par les réparateurs : entretenir un appareil de qualité coûte souvent trois à quatre fois moins cher que d’en acheter un nouveau, sans compter l’impact environnemental évité.

Ce changement de rapport aux objets s’observe partout. Les ateliers de réparation en zones rurales revivent. Les plateformes de pièces détachées voient leurs commandes augmenter. Les distributeurs constatent que les produits durables enregistrent de meilleures notes, moins de retours et une satisfaction plus forte. Même les enseignes généralistes mettent désormais en avant la réparabilité aux côtés du prix, là où cela était absent il y a encore cinq ans.

Mais derrière cette transformation du consommateur, il y a surtout une transformation du territoire. Car réenchanter le Made in France, c’est redonner un rôle central à des écosystèmes industriels complets : la métallurgie des fonds de casseroles en Bourgogne, les revêtements techniques en Rhône-Alpes, les chaînes d’assemblage en Haute-Savoie, la plasturgie en Bretagne. Chaque appareil durable produit en France irrigue des PME, des compétences locales, des emplois non délocalisables.

Il ne s’agit pas d’idéalisme. Il s’agit de compétitivité. Produire plus près, réparer plus près, maîtriser sa chaîne de valeur : tout cela réduit les risques logistiques, renforce la qualité et stabilise les coûts. Dans un environnement mondial instable, le Made in France n’est plus un supplément d’âme ; c’est un avantage stratégique.

La durabilité (re)devient ainsi le premier critère d’achat non par nostalgie, mais par lucidité.
Et c’est cette lucidité qui réenchante aujourd’hui le Made in France : des objets qui durent, qui rassurent, et qui reconnectent les consommateurs à un savoir-faire qu’ils pensaient avoir perdu.

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