Registre national du cancer : à quoi va servir ce nouvel outil ?

Longtemps réclamé par les chercheurs et les acteurs de la santé, le registre national du cancer entre officiellement en vigueur en France. Pensé comme un outil central de connaissance et de pilotage, ce dispositif inédit doit améliorer la compréhension du cancer, réduire les inégalités territoriales et renforcer les politiques publiques de prévention et de soins.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 30 décembre 2025 5h58
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Registre national du cancer : à quoi va servir ce nouvel outil ? - © Economie Matin
57%57% des nouveaux cancers détectés touchent les hommes.

Le 26 décembre 2025, un décret publié au Journal officiel acte la création du registre national du cancer, avec une entrée en vigueur fixée au 1ᵉʳ janvier 2026. Pour la première fois, la France se dote d’un système national destiné à centraliser des informations exhaustives sur le cancer, une maladie qui demeure l’une des premières causes de mortalité dans le pays.

Le cancer au cœur d’un registre national inédit

Jusqu’à présent, la connaissance du cancer en France reposait sur une mosaïque de registres locaux. Toutefois, même s’ils étaient précieux, ces outils ne couvraient qu’environ un quart de la population. Dès lors, et parce que le cancer touche chaque année plusieurs centaines de milliers de personnes, l’absence d’un registre national constituait une lacune majeure dans le système de santé français. Avec ce nouveau registre, l’État entend combler ce retard structurel, en alignant la France sur les standards déjà en place dans plusieurs pays européens.

Concrètement, le registre national du cancer vise à recueillir de manière systématique et régulière des données relatives à la maladie. Selon le décret, il s’agit de rassembler, apparier et pseudonymiser des informations issues de multiples sources afin de produire des indicateurs fiables d’incidence et de mortalité du cancer, en France. Cette centralisation permettra ainsi de mieux mesurer l’ampleur réelle du cancer, mais aussi d’en suivre les évolutions dans le temps et sur les territoires.

La mise en œuvre du registre est confiée à l’Institut national du cancer, agence publique chargée de coordonner la lutte contre le cancer. Son président, Norbert Ifrah, souligne que disposer de telles données est indispensable pour « mieux objectiver les réalités, mesurer les inégalités sociales et territoriales et orienter les politiques publiques », comme il l’a déclaré avec le directeur général Nicolas Scotté, selon Le Figaro. Le registre s’inscrit ainsi pleinement dans la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030.

Quelles informations le registre national du cancer va-t-il collecter ?

Le périmètre du registre national du cancer est volontairement large. D’après le décret n° 2025-1366 publié le 28 décembre 2025 au Journal Officiel, il couvrira l’ensemble des personnes engagées dans un dispositif de prévention, suspectées d’être atteintes d’un cancer ou ayant été traitées pour cette maladie. Cette approche globale vise à retracer l’intégralité du parcours lié au cancer, depuis le dépistage jusqu’au suivi post-traitement, en passant par le diagnostic et les soins.

Les informations collectées porteront notamment sur les données cliniques, biologiques et médico-administratives liées au cancer. Elles proviendront à la fois des registres locaux existants, des bases nationales de données de santé, des dispositifs de dépistage et des systèmes de soins. Le texte officiel précise que ces données seront pseudonymisées afin de garantir la protection des personnes, tout en permettant leur appariement pour des analyses épidémiologiques fines.

Ce socle d’informations doit permettre de produire, au moins annuellement, des indicateurs consolidés sur le cancer en France. Selon le décret, le registre a en effet pour finalité de « recueillir systématiquement les données populationnelles disponibles et de permettre à l’Institut national du cancer de conduire des études dans le cadre de ses missions d’observation et d’évaluation ».

À quoi va servir le registre national du cancer pour les politiques publiques ?

Au-delà de la collecte d’informations, le registre national du cancer est conçu comme un outil d’aide à la décision. Grâce à des données plus complètes et homogènes, les pouvoirs publics pourront mieux évaluer l’efficacité des actions de prévention, de dépistage et de prise en charge du cancer.

Le registre doit également soutenir la recherche. Le décret prévoit explicitement que les données, une fois sécurisées, pourront être mises à disposition pour contribuer aux études, à l’innovation et à l’amélioration des connaissances en cancérologie. Pour les chercheurs, disposer d’un registre national du cancer constitue un levier majeur pour analyser les facteurs de risque, comprendre les trajectoires de soins et identifier les déterminants des inégalités face à la maladie.

Enfin, ce nouvel outil doit renforcer la transparence et la cohérence de la politique de santé en France. En harmonisant les informations relatives au cancer, le registre permettra de mieux anticiper les besoins, d’adapter l’offre de soins et de suivre l’impact réel des décisions publiques. Comme le souligne le résumé officiel de Vie-publique.fr, la création du registre répond à un objectif clair : améliorer durablement la prévention, le diagnostic et la prise en charge du cancer, au bénéfice de l’ensemble de la population.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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