Déserts médicaux : et si les nouvelles technologies étaient la solution ?

Depuis plusieurs années, la France fait face à une crise lancinante dans le secteur hospitalier et médical qui semble s’aggraver de plus en plus. Si certaines agglomérations regroupent différents pôles de santé, de nombreux territoires manquent cruellement de médecins, spécialistes et autres professionnels de santé.

Eliane Hyland
Par Eliane Faivre-Richard Publié le 27 septembre 2023 à 4h30
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37%37% des Français n’ont pas confiance dans le système de santé

Cette problématique des « déserts médicaux » (ou zones dites « sous-dense » où il est très difficile, voire impossible, de se faire soigner en raison de l’absence de médecins) engendre surtout une inégalité territoriale d’accès aux soins et pourrait même s’avérer dangereuse pour certaines personnes.

En effet, si la démographie des professionnels de santé reste stable, on constate une augmentation croissante du nombre de patients. Ce phénomène s’expliquerait par l’allongement de la durée de vie et l’augmentation du nombre de personnes atteintes de maladies (pluri)chroniques qui nécessitent un suivi régulier. Par ailleurs, le manque d’attractivité de certains territoires joue également un rôle dans ce contexte ; que ce soit à cause de l’absence de grandes métropoles et de pôles d’attractivité économique forts, ou de la mauvaise desserte par les transports en commun.

Pour répondre à cet enjeu de santé public majeur, de nouvelles technologies et de récentes initiatives ont vu le jour. Si elles représentent un espoir, il faut toutefois garder à l’esprit que l’Humain doit rester au cœur de ce secteur.

E-Santé : des initiatives pour répondre à des besoins cruciaux ?

Dans des régions où la population est dispersée sur un grand territoire, on entend régulièrement qu’il est difficile de trouver un médecin à proximité. Les nouvelles technologies pourraient apporter un premier élément de réponse. Ainsi, si cette nouvelle manière permet d’accéder à son médecin (qu’il soit un médecin généraliste ou non) via la télésanté, il s’agit-là d’une réponse concrète à un besoin social surtout pour les zones sous-denses.

Dans le contexte du développement de la e-Santé, il faut cependant noter que celle-ci ne se limite pas à la téléconsultation, ou à la digitalisation des dossiers médicaux. Il faut prendre en compte le champ d’activités dans son entièreté. Et cela passe par la télé-expertise (avis d’un confrère médical), la télésurveillance (dans le cadre des hospitalisations à domicile où les données du patient sont transmises en temps réel par des appareils médicaux), la téléassistance, la régulation médicale faite par les services d’urgences (SAMU via le 15), le télé-soin (pour les auxiliaires médicaux et pharmaciens entre autres), ou encore la télé-radiologie (visualisation d’images médicales par des confrères radiologues situés sur d’autres sites).

Outre ces possibilités, certains acteurs proposent des solutions afin d’assurer l’accessibilité des soins à tous et apportent des solutions. Citons par exemple Ramsay Santé avec le lancement de sa plateforme qualifiée de « Netflix de la médecine » permettant aux patients de consulter en ligne différents professionnels de santé, pour une dizaine d’euros par mois et par personne. Si le lancement de cette offre de service a suscité la polémique et des débats (notamment sur la marchandisation de la santé provoquant une santé à 2 vitesses), les acteurs publics ne sont pas en reste. L’ARS d’Ile-de-France a en effet ouvert des lieux de consultations médicales physiques sans rendez-vous, pour assurer la continuité des soins pour les patients dont le médecin est en vacances pendant la période estivale 2023, et ainsi éviter l’engorgement des services d’urgence. L’État français a également lancé la plateforme SAS (le Service d’Accès au Soin), répertoriant les professionnels acceptant de prendre de nouveaux patients en fonction de leur géolocalisation (à l’instar de Doctolib). Par ailleurs, on peut supposer que si Mon Espace Santé permet d’accéder à certaines informations du patient, il est fort probable que toutes ses initiatives y soient connectées. À terme, n’est-ce pas vers quoi le numérique et la e-Santé tendent ?

Malgré toutes ces initiatives, la santé est un secteur particulier. Les professionnels s’appuient sur l’auscultation, mobilisent leurs sens et ont besoin d’établir un lien pour pouvoir observer et établir un diagnostic. Pour les patients, les recours à des solutions ponctuelles de « dépannage » ne doivent pas devenir la norme. Dans le cadre d’un suivi sérieux et/ou de besoins impérieux de consulter un professionnel de santé, la Haute Autorité de Santé recommande de maintenir des consultations physiques.

De plus, il faut garder à l’esprit que tout le monde ne peut accéder à la e-santé, que ce soit par manque de ressources ou d’appétence avec les outils de nouvelles technologies. Et même si 71% des Français1 estiment que le passage de la santé au numérique est une avancée positive, le lien et l’accompagnement humain doivent être préservés pour garantir l’accès au soin à tous.

Les données de santé : au cœur de la digitalisation

Afin d’optimiser la e-santé, il est nécessaire de s’intéresser à la clé de voûte de son fonctionnement : les données patientes. Grâce à la dématérialisation et à la centralisation des dossiers médicaux, les patients peuvent avoir un suivi en continu sans avoir à expliquer leurs historiques à chaque consultation. Selon le même sondage, près de 90% des Français pensent que cette digitalisation permet aux médecins d’avoir le même niveau d’information et que cela peut améliorer leurs prises en charge. Cette lisibilité, cette transparence et cette accessibilité des données viendraient donc participer à un meilleur accompagnement.

Côté médecins et professionnels de santé, le suivi de leurs patientèles s’en voit amélioré : les nouvelles technologies – alimentées par les données – viennent aussi optimiser la détection et l’aide aux diagnostics. En effet, si l’on prend l’intelligence artificielle générative, cette technologie de pointe peut devenir un assistant en matière de connaissances médicales, permettant d’identifier certaines maladies. Sur la base d’une liste de symptômes, l’IA peut établir la liste des maladies correspondantes et fournir des options pour un traitement potentiel. De plus, en se basant sur des grandes quantités de données obtenues (provenant de centres de recherche et de l’ensemble des données centralisées des patients), cet outil peut aider à réaliser des diagnostics plus précoces. Par ailleurs, pour les praticiens géographiquement isolés, il peut être compliqué d’échanger avec un confrère spécialisé sur le cas d’un patient. Si l’on prend l’exemple d’un échange entre professionnels sur l’interprétation d’une imagerie de radiologie, ils doivent alors se tourner vers des solutions interopérables (basées sur les standards d’interopérabilité tels que HL7 ou profils d’intégration XDS, etc.) pour pouvoir partager l’information de façon agnostique et collaborative en temps réel.

Enfin, les bénéfices des technologies sont aussi conséquents pour les établissements de santé regroupant plusieurs praticiens et traitant un grand nombre de patients. L’intégration de solutions de santé, couplée à une solution GED, peut permettre aux professionnels de santé d’avoir accès aux données quel que soit le type de consultation au sein de leur groupe. Dans un contexte où le gouvernement français aborde la désertification médicale par zone géographique, l’implémentation de solutions de gestion de données au sein des GHT (groupements hospitaliers territoriaux) permet de centraliser les données des patients de cette zone. Ainsi, si cette problématique est abordée d’un point de vue géographique, cela peut constituer une première étape dans le suivi et la mise à jour régulière des dossiers des patients.

À l’heure où les nouvelles technologies s’implantent sur le territoire français, chaque initiative permettant de lutter contre les déserts médicaux est la bienvenue. Si le numérique ne doit pas prendre le pas sur l’Humain, il vient toutefois redynamiser le secteur. Avec la multiplication d’initiatives et l’adoption de plus en plus massive des nouvelles technologies, l’objectif est bien d’uniformiser les pratiques et de faire des solutions une entité interopérable.

1 Sondage mené par OpinionWay pour Hyland, entre le 4 et le 5 janvier 2023 auprès d’un échantillon de 1001 personnes représentatif de la population française âgée de plus de 18 ans.

Eliane Hyland

EMEA Healthcare Customer Success, Hyland

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