Ne plus dépendre du charbon: des régions européennes bâtissent un avenir durable avec le soutien de l’UE

Une initiative de recherche financée par l’UE aide les régions européennes dépendantes du charbon à opérer une transition vers des énergies plus propres et renouvelables, tout en se concentrant sur la création d’emplois.

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By Horizon Published on 14 août 2025 5h00
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Ne plus dépendre du charbon: des régions européennes bâtissent un avenir durable avec le soutien de l’UE - © Economie Matin
86,9%Le nucléaire représente 86,9 % de la production d'électricité d'EDF

Le complexe Maritsa Iztok, situé dans le sud-est de la Bulgarie, est le vestige d’une époque révolue. Depuis les années 1950, ses quatre centrales thermiques fournissent de l'énergie à cette région en exploitant du charbon extrait de trois mines à ciel ouvert situées à proximité. 

Cette forme d'exploitation minière figure parmi les plus nocives. Mais une transition attendue depuis longtemps est maintenant en cours, promettant de transformer la région dans les années à venir.

Cette région, qui abrite l'un des plus importants complexes miniers et de centrales thermiques de Bulgarie, n'est pas un cas isolé. En effet, l'Europe compte encore 31 régions charbonnières dans 11 pays membres de l'UE, qui emploient environ 200 000 personnes dans des mines et des centrales au charbon. 

Non loin, en Grèce, la région de Macédoine occidentale accueille également des mines de lignite et des centrales très polluantes. Plus au nord, le județ roumain de Mureș dépend lui aussi fortement de l'industrie des combustibles fossiles pour fournir des emplois locaux.

Pour ces régions, le défi est double. Il leur faut rapidement remplacer le charbon par des sources d'énergies renouvelables, tout en accompagnant les communautés locales dans cette transition par la création d’emplois et la reconversion professionnelle. 

À la recherche de solutions communes

Panagiotis Grammelis, directeur de recherche au Centre for Research and Technology Hellas (CERTH) dans le nord de la Grèce, s'emploie à rendre cette transition à la fois juste et efficace. 

Il est à la tête d'un projet d'envergure financé par l'UE jusqu’à fin 2026, dans le cadre d'une équipe internationale aidant des régions de Grèce, Bulgarie et Roumanie à définir une stratégie commune de sortie du charbon.

«Ce n'est pas seulement un défi technologique», déclare M. Grammelis. «C'est également une problématique sociale.»

L'initiative, appelée COALition, privilégie une approche ascendante. Des pôles régionaux associent des chercheurs, des décideurs, des entreprises et des communautés pour élaborer des solutions adaptées aux spécificités locales. 

Malgré des problématiques particulières, ces régions ont en commun la volonté de favoriser les énergies propres et de prendre en compte les dimensions sociales de la transition.

«Nous tournons la page du charbon pour ouvrir celle des énergies renouvelables», explique M. Grammelis. «Nous avons des défis communs, des problématiques politiques similaires et nous souhaitons développer un modèle d'innovation partagé pour y répondre.»

Assurer une transition équitable

L'urgence est manifeste. Depuis 2003, la production d'électricité à partir du charbon a continuellement baissé dans l'UE. En 2024, la production électrique solaire a pour la première fois dépassé celle du charbon. 

Une transition équitable vers les énergies renouvelables est indispensable pour permettre à l’UE d'atteindre l'objectif de devenir le premier continent climatiquement neutre d'ici 2050. Cette démarche est soutenue par le Mécanisme pour une transition juste, qui allouera environ 55 milliards d'euros entre 2021 et 2027 pour en faciliter la mise en œuvre. 

À Stara Zagora en Bulgarie, où un emploi sur trois est lié au complexe minier local, il est difficile de faire accepter l'idée d'une transition énergétique. 

«Nous n'en sommes qu'au début et la résistance est encore très forte», explique Mme Rumyana Grozeva, directrice de l'agence de développement économique régional de Stara Zagora. «Les gens ne font pas confiance au gouvernement pour gérer correctement la situation.»

Mme Grozeva, qui a passé la majeure partie de sa vie à Stara Zagora, souligne la nécessité d'un véritable engagement communautaire. 

«La transition n'est pas seulement une question de planification, mais aussi de communication», ajoute-t-elle. Des dialogues constructifs concernant la transition énergétique commencent enfin à se mettre en place.

L'équipe de Mme Grozeva collabore avec les syndicats locaux pour identifier les nouvelles compétences professionnelles qui seront requises à l'avenir et pour s'assurer de la disponibilité des formations appropriées.

Le déficit de compétences en technologie de l'hydrogène en est un exemple. L'équipe prépare actuellement des propositions visant à inclure une formation appropriée dans le programme d’études national.

Mme Grozeva est convaincue que l'avenir de la région réside dans des secteurs comme l'hydrogène propre, la mécatronique et l'agriculture durable. 

«Ce sont les régions qui disposent du meilleur potentiel pour une croissance durable sur le long terme», a-t-elle affirmé.

L'hydrogène en vue

Avec l'inauguration d'un nouveau centre d'excellence pour les technologies de l'hydrogène, Stara Zagora se positionne comme l'une des deux vallées de l'hydrogène en Europe. L'objectif est de permettre à la région de produire chaque année 500 tonnes d'hydrogène propre.

Sur le long terme, le projet ambitionne d’intégrer localement toute la chaîne de valeur: de la conception à la fabrication, jusqu’à l’assemblage et la production d’énergie à partir de l’hydrogène, du solaire et d’autres sources renouvelables. 

«La création d'une telle synergie industrielle, ainsi que la formation de main-d'œuvre qualifiée pour la soutenir, représenterait une opportunité majeure pour la région», a indiqué Mme Grozeva, qui a souligné l'importance cruciale de la coopération internationale pour favoriser l'échange de bonnes pratiques entre les régions. 

En Macédoine occidentale, une initiative semblable menée par le CERTH et soutenue par le Fonds pour une transition juste, met en œuvre des technologies liées à l'hydrogène vert, de sa production jusqu’à son stockage et son utilisation. L'échange d'expériences entre les régions devrait être bénéfique pour les deux parties.

Le Centre commun de recherche de la Commission européenne estime que les technologies d'énergie propre pourraient générer jusqu'à 315 000 emplois dans les anciennes régions minières de l'UE, un chiffre qui pourrait atteindre 460 000 à l'horizon 2050.

Toutefois, il est essentiel que les nouveaux emplois correspondent à ceux qui disparaissent. 

«Les nouveaux emplois doivent proposer des salaires aussi élevés que ceux du secteur des combustibles fossiles,» a affirmé M. Grammelis.

Pour lui, l'approche développée par COALition pourrait servir de modèle à d'autres régions amenées à gérer des transitions similaires.

«Ce modèle pourrait être transposable à plus grande échelle pour des transitions énergétiques équitables, en guidant d'autres régions confrontées aux mêmes enjeux».

Les recherches présentées dans le cadre de cet article ont été financées par le biais du programme Horizon de l’UE. Les opinions des personnes interrogées ne reflètent pas nécessairement celles de la Commission européenne.

Cet article a été publié initialement dans Horizon, le magazine de l’UE dédié à la recherche et à l’innovation.

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