Une essence pas comme les autres vient d’être lancée en Allemagne. Son prix frôle les 2,30 €, mais vous allez quand même l’adorer.
Cette essence à 2,30 euros le litre va être votre nouveau chouchou
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Published on 1 juillet 2025 9h17
Le 17 juin 2025, dans la commune allemande de Kirchweyhe, une station-service CLASSIC a marqué un tournant discret mais décisif dans l’histoire de l’essence. Pour la première fois, un carburant synthétique grand public, le KlimaBenzin95, a été mis en vente. À 2,29 € le litre, il affiche un positionnement tarifaire élevé, mais avance un argument redoutable : une réduction des émissions de CO₂ de 90 % par rapport à une essence standard. Un pari audacieux pour un marché encore dominé par les hydrocarbures.
Une essence à 95 % sans pétrole : la promesse du klimabenzin95
Le KlimaBenzin95 est un carburant dérivé de biométhanol, produit à partir de déchets papetiers. Il ne contient que 5 % de pétrole et repose sur un procédé industriel appelé MTG (Methanol-to-Gasoline), déjà connu dans les cercles techniques. Ce processus convertit le méthanol en un carburant chimiquement équivalent à l’essence traditionnelle. Contrairement aux e-fuels issus d’électricité verte et de CO₂ capté dans l’air, ce méthanol provient d’une fermentation de matières organiques — une approche plus classique, mais redoutablement efficace.
Le distributeur ClassicOil GmbH, en partenariat avec CAC Engineering, a lancé ce produit dans une unique station de Kirchweyhe, près de Brême. Ce lancement s’inscrit dans un projet pilote soutenu par le ministère fédéral allemand des Transports, avec un budget de 15 millions d’euros pour produire 380 000 litres de ce nouveau carburant.
2,29 € le litre : une conscience verte à un prix premium
Selon la déclaration de la porte-parole de Classic, le prix du KlimaBenzin95 a été fixé à 2,29 € le litre au 25 juin 2025. À titre de comparaison, le SP95 classique était affiché à environ 1,70 € au même moment, et le Super Plus atteignait 2,07 € dans l’agglomération de Hambourg.
Ce surcoût s’explique par des volumes de production encore faibles, une chaîne d’approvisionnement inédite et une phase de test à petite échelle. Mais selon les porteurs du projet, le rapport coût/bénéfice reste acceptable pour les automobilistes soucieux de l’empreinte environnementale de leur véhicule.
Facile à utiliser, sans modification du véhicule
L’un des principaux arguments du KlimaBenzin95, c’est sa compatibilité totale avec les voitures modernes. Contrairement au bioéthanol E85, qui nécessite souvent une reprogrammation du calculateur moteur voire l’ajout de composants spécifiques, cette essence nouvelle génération peut être utilisée sans aucune adaptation mécanique, à condition que le moteur accepte le sans-plomb 95 E10.
Sur le plan écologique, le KlimaBenzin95 affiche des arguments solides. Grâce à l’usage de biométhanol produit à partir de déchets organiques, sa fabrication permet d’exploiter des ressources déjà existantes sans recourir à de nouvelles cultures agricoles, évitant ainsi toute concurrence avec la production alimentaire. Ce procédé valorise des résidus de l’industrie papetière, transformant des sous-produits souvent non valorisés en énergie de mobilité.
Résultat : les émissions de CO₂ sont réduites de 90 % par rapport à une essence classique. De plus, l’absence d’aromatiques et de souffre dans sa composition améliore la qualité de l’air local en réduisant les émissions de particules fines et d’oxydes d’azote. Ce carburant se positionne donc comme une alternative immédiate et réaliste pour décarboner les véhicules à essence sans attendre le renouvellement du parc automobile.
Objectif 2028 : vers un déploiement plus large du carburant
Aujourd’hui, la distribution du KlimaBenzin95 est limitée à une seule station. Mais l’expansion à d’autres points de vente est prévue à partir de 2028, sous réserve d’une évaluation positive de cette première phase.
Le carburant est déjà inscrit dans un plan de transition énergétique à l’échelle nationale, bien que certaines incertitudes persistent, notamment sur sa future taxation dans le cadre de l’augmentation programmée des prélèvements sur le carbone.
Vers une nouvelle ère pour l’essence ?
Le député allemand Axel Knoerig (CDU), présent lors du lancement à Kirchweyhe, n’a pas manqué de saluer cette innovation : « Nous nous sommes toujours engagés pour l’ouverture technologique. Les e-fuels sont une alternative innovante face à l’électrification obligatoire des mobilités. » Le ministre de l'Économie du Land de Basse-Saxe, Grant Hendrik Tonne, a également salué l’initiative.
Alors que la transition vers la neutralité carbone agite l’Europe, ce carburant expérimental pourrait bien préfigurer une troisième voie : ni 100 % fossile, ni 100 % électrique, mais un compromis viable pour prolonger l’utilisation des moteurs thermiques dans une logique environnementale.