Où en est l’Europe à la veille d’élections à risques, avec pourtant une résilience inattendue ?

A la veille des élections de juin 2024 l’Europe est un modèle octogénaire qui risque d’être remis en question ! Et pourtant depuis des décennies, elle a montré une adaptation, face aux différentes crises : financière, géopolitique, sanitaire.

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Par Daniel Moinier Modifié le 27 mai 2024 à 10h07
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14,9 MILLIARDS €Le programme spatial européen est doté de 14.9 milliards d’euros pour la période 2021-2027.

Son avenir va se jouer avec les élections des députés européens dans les 27 pays de l’Union.

Il est nécessaire de rappeler aux plus jeunes que l’Europe a vécu en paix pendant plus de soixante-dix ans. Cette union a démarré avec six pays, puis neuf en 1973, ensuite douze en 1986, quinze en 1995. Après une stabilité de près de dix ans, le 1er mai 2004 elle a intégré dix nouveaux membres, dont huit de l’ancien bloc soviétique.

Cette construction, grand projet d’intégration, a permis de régler les divisions de la guerre froide une fois pour toute, mais aussi les confrontations France-Allemagne et la réunification de cette dernière lui permettant de devenir le leader européen.

On pensait qu’il ne pourrait plus y avoir de guerre sur le sol européen, mais l’attaque de la Russie en février 2022, a brusquement remis en cause cette idée.

Cette guerre, malgré des dissonances, a permis l’alignement de tous les pays avec l’existence d’un sens du destin commun de ce grand ensemble et la protection de ses 448 millions de citoyens.

Cette union a permis de prospérer avec une stabilité, suivant un modèle propre, économique, politique, social et maintenant écologique. Le seul bémol, c’est la sortie du Royaume-Uni qui pour lui, n’a pas été une franche réussite.

Cet ensemble est devenu un géant économique qui peut se comparer sans rougir avec les Etats-Unis et la Chine. Son PIB est près de six fois celui de la Russie.

Ci-dessous : Etats-Unis, Chine, UE, France : population et PIB

Arti Moinier 27052024

Les grands avantages que tous les concitoyens ont pu tirer de la création de l’Europe, c’est une grande liberté de pouvoir vivre, travailler, commercer, voyager, payer avec l’euro dans toute l’Union et pour les étudiants et apprentis, étudier avec les échanges Erasmus.

Les principaux avantages : En premier, il y a eu la CECA (La Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) en 1952, premier accord industriel très prometteur puis l’euro introduit en 2002, utilisé par 349 millions d’Européens, ensuite les accords de Schengen : C’est le plus grand marché unique du monde dans lequel presque toutes les marchandises, capitaux, services, entrepreneurs, travailleurs peuvent circuler sans barrière ou presque, sur toute sa surface.

Cela a permis de rester gagnant dans le jeu du commerce international, de générer des gains de PIB pour les états et d’exporter plus qu’elle n’importe. Cette intégration a été très profitable pour les pays entrants tel l’Espagne, le Portugal, les pays d’Europe centrale et de l’Est.

L’Europe distribue des fonds pour réduire les écarts de richesse entre régions, en France pour l’outre-mer, l’Occitanie….

La BEI (Banque Européenne d’Investissements) finance de nombreux projets : infrastructures, start-ups, services publiques…

La PAC (Politique Agricole Commune) a sauvé nombre d’agriculteurs mais a bâti beaucoup de lois contraignantes, parfois contre productives qui ont irrité au plus haut point ces mêmes agriculteurs.

Sa démocratie imparfaite, des décisions longues à mettre en place, une immigration pas facilement contrôlée, sont devenues un épouvantail des partis de droites eurosceptiques et europhobes qui veulent en réduire le pouvoir.

En revanche la pandémie a permis de procéder à des commandes groupées de vaccins, de lancer un plan d’urgence de relance à 27, financé par de la dette commune.

La guerre en Ukraine a révélé l’Europe de la défense avec de nouveaux budgets pour l’armement et un fond pour soutenir Kiev, avec pour thème : Unir pour se défendre et vaincre.

Strasbourg s’est aussi enrichi (comme Bruxelles) avec le parlement européen, son siège pour lequel les citoyens vont voter en juin.

L’Europe une aide financière discrète mais très productive

A l’origine, la Banque Européenne d’investissement était missionnée pour les grands travaux européens.

Dorénavant, elle s’implique dans tous les rouages de l’Europe en finançant tant les prêts publics mais aussi privés, l’écologie, les technologies du futur, le capital-risque, les start-ups, les régions, même le RSA en France.

EXEMPLE en France : Régions métropolitaines recevant des fonds régionaux européens (2021 à 2027) :

Hauts de France 1.36 Md, Le Grand-Est 867 Mns, Auvergne-Rhône-Alpes 850 Mds, Nouvelle Aquitaine 845 Mns, Occitanie 801 Mns soit un total de 4,723 Mds d’euros. On peut ajouter des aides à l’agriculture et la pêche de 600 Mns d’euros…

20.000 sociétés ont bénéficié d’aides européennes par l’intermédiaire de la région entre 2014 et 2020, mais aussi bons nombres de logements sociaux, etc…

Depuis l’arrivée du numérique, de l’intelligence artificielle, l’Europe devient pionnière en matière de régulation, d’aide des filières technologiques innovantes et industries de pointe.

EXEMPLES :

-Le projet Quantique lancé en 2018 soutenant la recherche avec un budget d’un milliard d’euros sur dix ans.

-Le projet en Semi-conducteur Chips-Act prévoit de doubler la part de marché mondial de l’UE pour le porter à 20% d’ici 2030 avec 43 milliards d’euros.

-Le programme spatial européen est doté de 14.9 milliards d’euros pour la période 2021-2027.

TROIS LOIS PROTECTRICES :

-RGPD = Le Règlement Général sur la Protection des Données. Il protège les personnes à l’égard du traitement de leurs données personnelles (Depuis le 25 mai 2018).

-L’IA Act : Loi sur l’Intelligence Artificielle, une première mondiale pour essayer d’endiguer les risques de cette technologie innovante. (03.2024)

-Le Digital Market Act et Digital Services Act. Ces deux textes protègent les personnes contre les contenus illicites, en encadrant les acteurs géants qui essaient d’accaparer les marchés et ses services numériques.

Ces textes ont été élaborés par deux éminences européennes. Thierry Breton (Commissaire au Marché intérieur) et Margarèthe Vestger (Danoise-Commissaire à la Concurrence).

Qu’a apporté l’Europe aux concitoyens ? Quelques exemples…

ERASMUS : Le programme créé en 1987 a permis l’échange de plus de 139.000 Français de partir en Europe faire leurs études. Des demandes en constante croissance. Bourse de 200 à 800 euros et plus pour handicap.

Les demandes de financement ont explosé de 35% l’an dernier.

TELECOMS : Grâce au cadre réglementaire institué par l’UE, les tarifs ont fortement diminué. Les monopoles ont été cassés à partir de 1998 avec la libéralisation des marchés. La France a les tarifs les plus bas du monde sans frais d’itinérance sur le mobile. Un avantage très concret de notre marché unique européen. Les Britanniques ont perdu cet avantage en quittant l’UE.

BILLETS d’AVION : La dérégulation opérée entre 1987 et 1997 du ciel européen a permis l’essor des compagnies à bas coûts. Elles ont fait chuter le prix et capté un tiers du marché.

FRAIS BANCAIRES : Bruxelles a imposé aux banques d’appliquer des frais identiques sur tous les produits ; cartes, chèques, virements, mandats, retraits et en 2025 un virement instantané gratuit.

L’ELECTROMENAGER : Création de l’étiquette énergétique en 1995 révisée en 2021, avec des notes de A à G et des critères plus exigeants. Il existe aussi le nutri-Score pour l’alimentation encore partiellement bloqué par l’Italie.

VACCINS COVID : Après un an, la commission européenne a non seulement mené des achats groupés lui permettant de sécuriser 1.8 milliards de doses et de les répartir dans les 27 pays, mais en même temps de faire fabriquer 300 millions de doses par mois en Europe. C’est Thierry Breton commissaire aux marchés intérieurs, qui a géré cette affaire avec la meilleure couverture vaccinale de la planète, ce qui aurait selon l’OMS permis d’éviter 1.4 million de morts.

Il ne faut toutefois pas oublier pour la 5ème année consécutive, que la France est le pays d’Europe le plus attractif pour les investissements étrangers et possède un nombre intéressant de start-ups innovantes et de licornes (plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires).

Malgré ces avantages, plus d’un français sur deux nationalisent les européennes !

Alors votons en notre âme et conscience.

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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