Flamanville : la centrale nucléaire va s’arrêter fin 2026 (pour un an)

Alors que l’EPR de Flamanville franchit enfin le seuil critique des 80 % de puissance, sa trajectoire s’apprête déjà à basculer vers une nouvelle étape décisive : une année entière d’arrêt programmée dès 2026.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 13 novembre 2025 7h05
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Flamanville : la centrale nucléaire va s’arrêter fin 2026 (pour un an) - © Economie Matin
23 MILLIARDS €La facture de Flamanville dépasserait les 23 milliards d'euros.

Le 12 novembre 2025 marque un moment clé pour Flamanville : le réacteur EPR atteint pour la première fois 80 % de puissance Cette progression, très attendue dans un chantier engagé depuis 2007, ouvre la voie à la pleine exploitation du site tout en mettant en lumière le prochain défi : un arrêt complet d’une durée de 350 jours prévu à partir du 26 septembre 2026.

La centrale nucléaire de Flamanville franchit le cap des 80 % : un tournant technique majeur pour l’EPR

Le seuil des 80 % atteint par Flamanville représente un jalon stratégique. Le réacteur, pour la première fois, s’est stabilisé à ce niveau de puissance au matin du 12 novembre 2025, un état confirmé par EDF. Cette montée en puissance constitue une phase essentielle du programme d’essais, indispensable pour valider le comportement thermique et neutronique du cœur. Le réacteur reste en effet soumis à une série de tests normés, et chacun doit être validé avant la montée au palier suivant. Selon Connaissance des Énergies, EDF vise toujours 100 % « d’ici la fin de l’automne », un horizon maintenu malgré les aléas passés.

La montée progressive répond aussi à une logique de sûreté. Les équipes d’EDF rappellent que chaque réacteur du parc connaît une séquence similaire. « C’est le cas pour Flamanville 3 comme pour l’ensemble des réacteurs du parc nucléaire dans son histoire », affirme Sébastien Miossec, directeur délégué production d'EDF. Cette approche graduelle permet de vérifier chaque paramètre, tout en garantissant un pilotage précis de la puissance.

Objectif 2026 : pourquoi Flamanville sera totalement à l’arrêt pendant 350 jours

Si Flamanville doit atteindre sa pleine puissance d’ici la fin de 2025, l’année 2026 marquera pourtant un arrêt complet du réacteur. EDF a confirmé une période d’interruption de 350 jours à compter du 26 septembre 2026, indispensable pour mener la première « visite complète ». Cette opération correspond au premier grand cycle industriel d’un EPR français. À ce titre, elle est considérée comme fondatrice pour l’avenir du réacteur, puisqu’elle doit permettre de démontrer la répétabilité des opérations de maintenance et la robustesse du design évolutif mis en œuvre sur Flamanville. Cette visite doit notamment inspecter l’ensemble du circuit primaire, les mécanismes de commande de grappes, ainsi que les systèmes de sûreté requis par l’Autorité de sûreté nucléaire.

La complexité de l’opération justifie sa durée. « De l’ordre de 20 000 activités vont être réalisées sur Flamanville », précise EDF dans un point d’information relayé par Connaissance des Énergies. Le chantier mobilisera plus de 200 partenaires industriels, du contrôle non destructif aux équipes de robotiques spécialisées. Pour un EPR, cette étape constitue aussi un retour d’expérience fondamental. Elle permettra de comparer les performances observées à Flamanville avec celles des EPR déjà en fonctionnement à l’étranger.

Une montée en puissance qui s’inscrit dans l’héritage lourd du chantier de Flamanville

La nouvelle phase franchie par Flamanville ne peut être comprise sans rappeler l’historique exceptionnel du chantier. Débuté en 2007, le projet accuse aujourd’hui 12 ans de retard, comme le rappelle Nice-Matin. Cette dérive temporelle s’accompagne d’une augmentation très significative du coût total. La Cour des comptes a évalué en janvier 2025 la facture globale à 23,7 milliards d’euros, soit la dérive financière la plus marquante du nucléaire civil français. Malgré cet héritage lourd, la progression actuelle du réacteur révèle un équilibre retrouvé entre l’ingénierie et la validation réglementaire.

Le raccordement officiel au réseau électrique, intervenu le 21 décembre 2024, a constitué un premier tournant après des années d’ajustements techniques. « Le couplage de l’EPR de Flamanville est un évènement historique pour toute la filière nucléaire. Je tiens à saluer toutes les équipes qui ont su relever les défis rencontrés lors de ce chantier avec la plus grande ténacité, sans jamais faire de compromis sur la sûreté », déclarait Luc Rémont. Cette affirmation illustre la portée stratégique de Flamanville : au-delà du site lui-même, il s’agit du premier réacteur nucléaire mis en service en France depuis un quart de siècle.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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