Avec Free TV, l’opérateur Free promet de « réinventer la télévision » : accès gratuit à plus de 170 chaînes, programmes à la demande et interface simplifiée. Une révolution pour les consommateurs, mais un séisme pour les chaînes traditionnelles comme France Télévisions et TF1, qui dénoncent une diffusion sans accord préalable.
Free TV : la nouvelle ère de la télévision gratuite fait grincer les dents des chaînes

Le 21 octobre 2025, Free a lancé Free TV, une plateforme ouverte à tous, sans abonnement, censée rendre la télévision plus simple, plus accessible et surtout gratuite. Pour les téléspectateurs, c’est une promesse séduisante : regarder leurs chaînes favorites en un clic, sans passer par une mosaïque d’applications. Mais pour les diffuseurs historiques, cette facilité apparente masque un conflit de fond : Free aurait intégré leurs flux sans autorisation et sans rémunération.
Free TV, la télévision repensée pour le spectateur
Free TV se présente comme une plateforme hybride : un espace unique où l’on retrouve plus de 170 chaînes (dont 16 de la TNT) et 25 000 programmes en replay, selon le communiqué d’Iliad du 21 octobre 2025. L’accès est entièrement gratuit, financé par la publicité, tandis qu’une version premium, Free TV+, offre des fonctions supplémentaires pour 0,99 € par mois la première année, puis 5,99 € ensuite, explique Journal du Geek.
L’application, disponible sur smartphones, navigateurs et téléviseurs connectés, s’inspire des plateformes de streaming. Elle intègre des recommandations, une recherche unifiée et un mode de lecture instantané, sans inscription obligatoire. Free TV ambitionne donc de centraliser la télévision dans une seule interface, à la manière d’un Spotify du petit écran.
Pour le consommateur, les avantages sont évidents : simplicité, gratuité, liberté d’accès. L’utilisateur n’a plus à jongler entre TF1+, France.tv, 6play ou Arte.tv ; tout semble réuni au même endroit. Pourtant, c’est précisément cette unification qui met le feu aux poudres.
Le revers du confort : quand la simplicité devient un casse-tête juridique
France Télévisions et TF1 ont vivement réagi au lancement, dénonçant une reprise “sans concertation préalable” et sans rémunération. Dans un communiqué commun cité par Boursorama, ils parlent d’une « méthode brutale » et d’un « mépris des droits des ayants droit ». Pour eux, Free diffuse leurs chaînes sans autorisation, alors même que ces flux sont protégés par le droit d’auteur et les contrats de distribution.
En clair, les chaînes estiment que Free s’approprie leur travail pour attirer les spectateurs sur sa propre plateforme. L’opérateur, de son côté, assure qu’il ne fait qu’offrir un point d’accès unifié vers des chaînes déjà diffusées gratuitement, à la manière d’un guide électronique. Ce flou alimente le débat : Free agit-il comme un distributeur ou comme un simple agrégateur ?
D’un point de vue juridique, la nuance est cruciale. Un distributeur doit rémunérer les éditeurs, tandis qu’un agrégateur peut rediriger vers des flux existants sans contrepartie — à condition de ne pas altérer les signaux ni de revendre l’accès. Si l’ARCOM ou la justice tranche que Free TV relève de la première catégorie, l’opérateur pourrait être contraint de négocier des licences et verser des droits à France Télévisions, TF1 et d’autres éditeurs.
Et maintenant ? Les scénarios possibles pour Free TV et le secteur
Face à la montée du conflit, France Télévisions et TF1 envisagent plusieurs options. Selon KultureGeek, une plainte formelle auprès de l’ARCOM est à l’étude. Les chaînes demandent au régulateur d’examiner la conformité de Free TV au regard des obligations de distribution et de propriété intellectuelle. Si la plainte est déposée, elle pourrait ouvrir un précédent sur la qualification juridique des plateformes d’agrégation.
Quelle que soit l’issue, Free TV marque un tournant pour la consommation audiovisuelle. L’utilisateur devient le centre du modèle : il choisit où, quand et comment regarder, sans contrainte technique ni abonnement. Cette flexibilité, proche des usages du streaming, pousse tout le secteur à repenser son rapport au public.
