Véhicules électriques : un nouveau site de production de batteries en France malgré l’incertitude sur leur avenir

Dans un contexte industriel européen secoué par des débats sur l’avenir du tout‑électrique, l’ouverture d’une gigafactory de batteries pour véhicules électriques suscite l’attention en France. Jeudi 11 décembre 2025, la start‑up grenobloise Verkor a inauguré sa première usine de grande capacité à Bourbourg, près de Dunkerque. Cette étape marque un tournant pour l’industrie des batteries en France et en Europe au moment où Bruxelles doit se prononcer sur un éventuel assouplissement de l’interdiction de vente de véhicules thermiques prévue pour 2035, une décision qui pourrait impacter fortement la dynamique du marché des véhicules électriques.

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By Rédaction Last modified on 12 décembre 2025 14h22
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Véhicules électriques : un nouveau site de production de batteries en France malgré l’incertitude sur leur avenir - © Economie Matin

Située dans les Hauts‑de‑France, la nouvelle gigafactory de Verkor s’inscrit dans une stratégie industrielle visant à renforcer la production de batteries pour véhicules électriques en Europe. Son ouverture intervient alors que la Commission européenne envisage de modifier la feuille de route pour l’interdiction des moteurs thermiques neufs à partir de 2035, une perspective qui complique les projections de croissance du secteur automobile électrifié.

Verkor : une gigafactory au cœur de la transition énergétique européenne

À Bourbourg, la gigafactory de Verkor s’étend sur 100 000 m² et symbolise l’ambition française d’accélérer la production industrielle de batteries. Inaugurée le 11 décembre 2025 sous le haut patronage d’autorités gouvernementales françaises, l’usine représente un investissement total de 1,5 milliard d’euros, financé pour près de la moitié par des aides publiques, selon des informations confirmées par l’AFP.

Verkor prévoit de produire, à terme, 16 GWh de cellules de batterie par an, une capacité qui doit permettre d’équiper environ 300 000 véhicules électriques par an d’ici 2027. Cette cadence de production est pensée pour renforcer l’autonomie industrielle européenne sur un segment dominé jusqu’ici par des acteurs asiatiques.

Lors de l’inauguration, le président et cofondateur de Verkor a souligné les défis auxquels l’industrie est confrontée, plaidant pour un cadre européen protecteur : « Nous avons besoin de protection, nous sommes une industrie naissante », a‑t‑il déclaré, pointant la nécessité de soutien face à la concurrence internationale.

Un contexte européen incertain pour les véhicules électriques

L’ouverture de la gigafactory intervient alors que la Commission européenne doit annoncer, dans les prochains jours, ses arbitrages sur la proposition d’assouplir l’interdiction des véhicules thermiques neufs prévue pour 2035, un engagement du Green Deal. Cette éventualité, soutenue notamment par l’Allemagne et plusieurs constructeurs, est perçue comme un risque par certains acteurs de la filière électrique.

En France, les autorités cherchent à maintenir une trajectoire ambitieuse vers l’électrification. À l’issue d’un précédent sommet européen, le président Emmanuel Macron avait averti qu’un recul de l’objectif de 2035 pourrait compromettre les projets de gigafactories européennes, soulignant ainsi l’importance d’un cadre réglementaire stable pour la filière.

Le débat sur l’avenir des ventes de véhicules thermiques s’inscrit dans une dynamique plus large du marché des véhicules électriques en Europe. Les projections indiquent une transition progressive vers les motorisations zéro émission, mais le rythme reste sujet à discussion, notamment au regard des contraintes économiques et industrielles actuelles.

Pôles industriels et emplois : la vallée française de la batterie

La gigafactory de Verkor s’intègre dans une stratégie régionale plus vaste baptisée « vallée française de la batterie », qui regroupe plusieurs projets industriels clés dans les Hauts‑de‑France. Avant l’arrivée de Verkor, deux autres usines de production de batteries pour véhicules électriques étaient déjà en activité : celle d’ACC, coentreprise entre Stellantis, Mercedes‑Benz et Saft, ainsi que celle d’AESC, filiale du groupe japonais Envision.

Selon les estimations communiquées lors de l’inauguration, la gigafactory de Verkor doit générer 1 200 emplois directs et environ 3 000 emplois indirects, dès sa montée en régime. Les premières cellules devraient être commercialisées au début de l’année 2026, avec une montée en puissance progressive au fil des premiers mois de production.

Outre l’impact économique régional, cette gigafactory s’inscrit dans la volonté de réduire la dépendance de l’Europe vis‑à‑vis des importations de batteries tout en renforçant la souveraineté technologique du continent dans un secteur clé de la transition énergétique.

Objectifs industriels et défis technologiques

L’usine devrait, à terme, pouvoir étendre sa capacité jusqu’à 30 GWh par ans. Cette extensibilité fait partie intégrante de la stratégie industrielle de Verkor pour répondre à la demande croissante en batteries pour véhicules électriques.

Cependant, la montée en puissance d’une gigafactory reste un défi technique et organisationnel considérable. La production de cellules de haute performance exige des environnements de production extrêmement contrôlés, une expertise pointue et une logistique industrielle adaptée. Certains observateurs estiment que les premières étapes de montée en cadence peuvent prendre plusieurs mois, voire plus d’une année, avant d’atteindre les rendements escomptés.

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