Grèves : semaine de chaos en France, à quoi s’attendre ?

Alors que l’année 2024 touche à sa fin, la France s’apprête à vivre une nouvelle semaine marquée par des mobilisations sociales d’une ampleur significative. Dès ce lundi 18 novembre 2024, les agriculteurs et les cheminots ouvriront le bal d’une contestation sociale qui pourrait s’étendre à d’autres secteurs dans les semaines à venir. Avec des revendications variées mais une colère commune, ces grèves sont une démonstration claire d’un climat social tendu, sur fond d’inquiétudes économiques et de réformes contestées.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 18 novembre 2024 à 9h53
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Grèves : semaine de chaos en France, à quoi s’attendre ? - © Economie Matin
10%10% des emplois de Fret SNCF sont menacés.

Les agriculteurs montent au créneau : les blocages seront légion

Dès le lundi 18 novembre 2024, les agriculteurs français seront en première ligne des mobilisations. Organisées par la FNSEA, principal syndicat agricole, et la Confédération Paysanne, ces manifestations ont pour but de faire pression sur le gouvernement, accusé de ne pas répondre aux difficultés croissantes du monde agricole.

Les revendications au cœur de la mobilisation :

  1. Une trésorerie au bord du gouffre : Les agriculteurs dénoncent des conditions de prêts inadéquates, les laissant sans solution face à des charges croissantes et des revenus insuffisants.
  2. Un accord commercial menaçant : L’opposition au traité Mercosur, perçu comme une trahison, est au centre des critiques. Cet accord pourrait ouvrir le marché européen à des produits agricoles sud-américains, souvent moins chers, menaçant la compétitivité des producteurs français, notamment dans l’élevage.
  3. Des réglementations asphyxiantes : Les agriculteurs réclament des allègements administratifs pour leur permettre de travailler plus efficacement.

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a prévenu : « Nous ne voulons pas bloquer la France, mais nous serons visibles sur tout le territoire. » Tracteurs, rassemblements devant les préfectures, barrages sur les ronds-points, la stratégie consiste à maintenir une pression constante sur le gouvernement sans se mettre à dos l’opinion publique.

Pourtant, des voix plus radicales, notamment au sein de la Confédération Paysanne, envisagent des actions plus musclées, laissant craindre des tensions accrues.

La SNCF : quelques jours de grève… mais ce n’est que le début

La grève à la SNCF prévue du mercredi 20 novembre à 20 h au vendredi 22 novembre à 8 h illustre parfaitement la grogne sociale qui monte dans les services publics. Tous les syndicats représentatifs — CGT, UNSA, Sud-Rail et CFDT — ont uni leurs forces pour dénoncer des réformes qu’ils jugent destructrices.

Les principales raisons de la colère :

  • Le démantèlement de Fret SNCF : Imposé par la Commission européenne, ce plan est perçu comme un prélude à la disparition progressive du fret ferroviaire public, avec des conséquences néfastes pour l’environnement et les emplois.
  • L’ouverture à la concurrence : La libéralisation des lignes régionales est une autre pomme de discorde. Les syndicats redoutent une détérioration du service, comme cela a été observé dans d’autres pays européens.
  • Un réseau à bout de souffle : Les cheminots exigent des investissements massifs pour moderniser le réseau ferroviaire et éviter des accidents toujours plus fréquents.

Ce mouvement est perçu comme un avertissement avant une grève illimitée prévue à partir du 11 décembre 2024. En plein mois de Noël, cette perspective inquiète les usagers qui dépendent du train pour leurs déplacements.

La fonction publique en grève début décembre 2024

Si la semaine du 18 novembre 2024 sera marquée par les mobilisations des agriculteurs et des cheminots, d’autres secteurs se préparent à entrer dans la danse. Une journée nationale de grève dans la fonction publique est déjà annoncée pour le 5 décembre 2024. Portée par une large intersyndicale, cette mobilisation pourrait s’avérer massive, touchant des domaines aussi essentiels que l’éducation, la santé et les services administratifs.

Les revendications :

  • Contre la réforme des arrêts maladie, qui prévoit une réduction des indemnités et l’instauration de jours de carence.
  • Opposés à une réduction générale des budgets, perçue comme une politique d’austérité déguisée.
  • Pour une reconnaissance accrue des métiers du service public, souvent en sous-effectif.

Ce mécontentement s’ajoute à celui des ouvriers des usines Michelin, en grève depuis plusieurs jours contre la fermeture annoncée de sites à Vannes et Cholet, menaçant 1 200 emplois.

Grèves en France : une convergence des luttes en vue ?

Ces différentes mobilisations traduisent un sentiment généralisé d’abandon. Qu’il s’agisse d’agriculteurs, de cheminots ou de fonctionnaires, tous dénoncent un gouvernement jugé sourd à leurs revendications. La question qui se pose désormais est celle d’une éventuelle convergence des luttes. Des mouvements sociaux unifiés pourraient rapidement mettre le pays à l’arrêt, d’autant plus que décembre, avec ses fêtes de fin d’année, est une période propice à la pression sociale.

Mais jusqu’où le gouvernement peut-il tenir sans fléchir ? Pour l’instant, les promesses d’écoute et de dialogue peinent à convaincre, et l’exécutif semble jouer la montre.

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Tableau récapitulatif des grèves

Secteur Dates Revendications principales Impact prévu
Agriculture 18 novembre - Mi-décembre Trésorerie, Mercosur, cadre juridique Manifestations locales
SNCF 20 novembre (20 h) - 22 novembre (8 h) Démantèlement Fret, concurrence, modernisation Trafic ferroviaire perturbé
Fonction publique 5 décembre Réduction des droits, austérité budgétaire Services publics paralysés
Usines Michelin En cours Fermetures de sites, suppressions d’emplois Usines de Vannes et Cholet impactées
Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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