Grève des auto-écoles : le permis bloqué par la pénurie de places

Grève inédite et tensions palpables : ce lundi 29 septembre 2025, les auto-écoles et les inspecteurs du permis de conduire cessent le travail pour protester contre des délais d’attente records, des places d’examen insuffisantes et une hausse continue du coût du permis. La mobilisation, organisée à Paris, entend frapper fort et contraindre les autorités à agir.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 29 septembre 2025 6h10
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Grève des auto-écoles : le permis bloqué par la pénurie de places - © Economie Matin
1804 EUROSLe coût moyen du permis de conduire en France est de 1804 euros

La grève des auto-écoles secoue la capitale ce lundi 29 septembre 2025. Intersyndicale d’ampleur, elle réunit pour la première fois les organisations professionnelles de la conduite et les inspecteurs du permis. Au centre du mouvement : la pénurie persistante de places, des délais d’examen bien au-delà du seuil légal et la revendication de recruter 150 inspecteurs supplémentaires pour soulager un système jugé à bout de souffle.

Raisons d’une grève record dans le secteur des auto-écoles

La grève s’explique d’abord par des chiffres implacables. « Alors que la loi impose un délai maximal de 45 jours entre deux présentations à l’examen, plus de 90 départements dépassent les délais légaux, et le délai moyen est aujourd’hui de 85 jours », dénonce l’UNIC citée par TF1 Info. Dans certains départements l’attente peut grimper jusqu’à 6 à 8 mois, ce qui place candidats et auto-écoles dans une impasse. Ce goulet d’étranglement nourrit la colère et justifie la grève annoncée.

Le problème s’aggrave à mesure que les inscriptions augmentent. D’après Le Monde, l’ouverture du permis à 17 ans a entraîné plus de 300 000 candidats supplémentaires en 2024, soit un tiers de cette classe d’âge. Malgré un taux de réussite supérieur à la moyenne, environ 73 % contre 58 % pour l’ensemble des candidats, cette nouvelle vague contribue à saturer les agendas. Le délai médian pour un second passage a d’ailleurs bondi à 74 jours en 2024, contre 65 jours un an plus tôt. Ces données confirment la pression croissante sur les auto-écoles et justifient une mobilisation jugée « plus délicate qu’en 2019 », selon Benjamin Panis, président de l’UNIC.

Grève des auto-écoles : ce que réclament les professionnels pour les places et l’examen

Au cœur de la grève, les revendications se concentrent sur deux mesures phares. La FEETS-FO exige « recrutement de 150 inspecteurs et 20 délégués supplémentaires ; augmentation du volume minimum de formation à 28 heures ». Pour les syndicats, il s’agit de garantir un encadrement suffisant et de réduire les échecs qui saturent les créneaux. D’autant plus qu’en moyenne, le taux de réussite plafonne à 55,9 %, ce qui impose à près de la moitié des candidats de revenir, souvent après un délai de 80 jours. La grève vise donc à casser ce cercle vicieux.

Les pouvoirs publics ont annoncé, selon Mobilians, 80 000 places supplémentaires et 10 inspecteurs recrutés d’ici 2026. Mais la profession juge ces réponses insuffisantes. L’appel national à la grève constitue un avertissement direct au gouvernement, perçu comme incapable de suivre la montée en charge des besoins. Les organisations reprochent en outre à l’État de maintenir une base de formation à 20 heures, trop faible à leurs yeux. Le passage à 28 heures, martèle la profession, permettrait de mieux préparer les candidats, d’améliorer la sécurité routière et de réduire la pression sur les places.

Paris : où et comment l’auto-école compte se faire entendre

À Paris, un cortège de véhicules d’auto-écoles et d’inspecteurs s’élance ce lundi, avec des ralentissements attendus sur le périphérique avant une convergence vers la place de la Nation, annonce Yahoo Actualités. Côté mobilisation, un sondage relayé par PermisMag avance que 35 % des auto-écoles interrogées comptent participer. Bien que ce chiffre soit indicatif, il confirme une adhésion significative. Le fait marquant reste surtout l’unité inédite : associations d’auto-écoles et syndicat majoritaire des inspecteurs, le Snica-FO, avancent ensemble. La mobilisation, selon ses promoteurs, entend peser lourd pour réformer un examen du permis devenu l’un des points noirs du secteur automobile.

La grève porte aussi un projet pédagogique. Porter la formation minimale de 20 à 28 heures réduirait les échecs dès la première tentative, selon FEETS-FO. Moins d’échecs signifie moins de repassages, et donc plus de places disponibles pour les nouveaux candidats. L’objectif n’est pas seulement de recruter des inspecteurs, mais aussi de revoir l’ensemble de la chaîne d’apprentissage automobile.

Enfin, la mobilisation illustre un blocage politique. TF1 Info rappelle que les organisations ont été reçues en juillet au ministère de l’Intérieur, puis à l’Élysée en septembre, sans avancées jugées suffisantes. Entre promesses de quelques inspecteurs et réalité de centaines de milliers de candidats supplémentaires, la grève se présente comme un outil de pression directe.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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