Hybride rechargeable : un gouffre écologique et économique pour les automobilistes

Vendue comme la combinaison idéale entre économie et écologie, la voiture hybride rechargeable multiplie pourtant les désillusions. Trois études récentes — menées par Transport & Environment, Roole/Ifop et d’autres organismes européens — dressent un constat implacable : ces véhicules coûtent plus cher, consomment davantage et polluent bien plus que ce que promettent les constructeurs.

Jean Baptiste Le Roux
By Jean-Baptiste Le Roux Published on 5 novembre 2025 7h24
Le XC 90 hybride rechargeable de Volvo. Entre surcoût d’achat, consommation réelle dissimulée et résultats d’études accablants, le mythe du PHEV s’effondre. Capture d'écran.
Le XC 90 hybride rechargeable de Volvo. Entre surcoût d’achat, consommation réelle dissimulée et résultats d’études accablants, le mythe du PHEV s’effondre. Capture d'écran. - © Economie Matin

Une promesse économique qui vire au fiasco

Selon l’étude Roole/Ifop, le rêve d’économie vire rapidement à la déception. En France, le coût mensuel moyen d’un véhicule hybride rechargeable neuf atteint 762 euros, soit bien plus qu’un modèle électrique (513 euros) ou même qu’un diesel (551 euros). Le surcoût ne s’arrête pas à l’achat : à l’usage, les propriétaires déboursent en moyenne 500 euros de plus par an en carburant que ce qu’ils avaient anticipé.

L’écart s’explique par une consommation réelle très éloignée des chiffres officiels. Là où les constructeurs annoncent fièrement 2 L/100 km, les études constatent plutôt 6 à 7 L/100 km. En clair, les PHEV avalent trois fois plus de carburant que prévu, transformant leur avantage économique en gouffre financier. Et le prix d’achat n’arrange rien : 55.700 euros en moyenne pour une hybride rechargeable, contre 40.500 euros pour une électrique pure.

Cette différence s’explique aussi par la typologie de l’offre. Les constructeurs ont surtout développé des modèles SUV premium — Audi, Mercedes, BMW ou Volvo — destinés à des clients aisés. Or, ces véhicules lourds et puissants consomment davantage une fois la batterie vide. Quand le moteur thermique prend le relais, il doit propulser plus de 2 tonnes, dont 400 kg de batterie souvent inutilisée. Un paradoxe coûteux pour les acheteurs, qui paient au prix fort une technologie censée les faire économiser.

Des études qui démasquent un mensonge écologique

Sur le plan environnemental, les chiffres sont tout aussi accablants. L’organisation Transport & Environment a analysé les données réelles de 800.000 véhicules hybrides rechargeables en Europe. Verdict : ces voitures ne roulent en mode électrique que 27% du temps, bien loin des 84% affichés dans les tests d’homologation.

Cette sous-utilisation du mode électrique s’explique simplement : la plupart des conducteurs ne rechargent pas régulièrement leur voiture. Par manque de bornes, de temps ou de discipline, ils se contentent de l’essence. Résultat : le PHEV devient un véhicule thermique lesté d’une batterie vide. Et même lorsqu’il fonctionne en "mode électrique", le moteur essence se déclenche environ un tiers du temps pour compenser la puissance insuffisante du bloc électrique, notamment en côte ou sur autoroute.

Les chiffres d’émissions parlent d’eux-mêmes. En conditions réelles, les hybrides rechargeables rejettent 68 g de CO₂ par kilomètre, contre 8 g selon les tests officiels. Une différence vertigineuse qui confirme l’ampleur du décalage entre le marketing et la réalité. En moyenne, ces modèles n’émettent que 19% de CO₂ en moins qu’un véhicule thermique classique, et non 75% comme le prétendent les constructeurs.

Le lobby automobile en embuscade

Ces constats n’empêchent pas les constructeurs de défendre leur technologie. Face à l’interdiction programmée des moteurs thermiques neufs en 2035, plusieurs groupes — notamment allemands — intensifient leur lobbying à Bruxelles pour faire reconnaître les hybrides rechargeables comme "neutres en carbone". L’objectif est clair : retarder la transition vers l’électrique et préserver leurs marges sur des véhicules haut de gamme.

Cette stratégie rappelle tristement le mensonge du diesel dans les années 2000, présenté comme "propre" avant que les scandales d’émissions ne révèlent la supercherie. Les PHEV semblent suivre le même chemin : une solution de transition prétendument verte, soutenue par des avantages fiscaux, mais aux résultats désastreux.

Jean Baptiste Le Roux

Jean-Baptiste Le Roux est journaliste. Il travaille également pour Radio Notre Dame, en charge du site web. Il a travaillé pour Jalons, Causeur et Valeurs Actuelles avec Basile de Koch avant de rejoindre Economie Matin, à sa création, en mai 2012. Il est diplômé de l'Institut européen de journalisme (IEJ) et membre de l'Association des Journalistes de Défense. Il publie de temps en temps dans la presse économique spécialisée.

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