Alerte en Europe : Une démographie en berne et une immigration en hausse 

Malgré un effondrement du nombre de naissances largement inférieur au nombre de décès, la démographie européenne est positive !

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Par Daniel Moinier Publié le 19 juillet 2023 à 5h00
Europe Immigration Cerveaux Entreprises
56%56 % des Européens pensent que leur pays doit se fermer davantage sur le plan migratoireimm

Par quel tour de passe-passe est-ce possible ?

Les composantes :

  1. Allongement de la durée de vie (environ 7 heures de plus chaque jour en France)
  2. Effondrement du taux de fécondité
  3. Chute du nombre de naissances
  4. Hausse du nombre de décès

Résultat : Le solde naturel, c’est-à-dire le nombre de naissances moins le nombre de décès est négatif.

C’était déjà le cas pour des pays tels le Japon, la Chine, et en Europe : l’Italie, la Pologne, la Croatie, la Bulgarie….

Mais pour l’ensemble de l’Europe la résultante positive qui a créé la surprise, c’est :

Un fort taux d’immigration qui couvre le déficit et augmente même le nombre d’habitants

Effectivement, malgré un solde négatif, la population de l’Union européenne a atteint en 2022, 448 millions d’habitants, soit 1,6 million de plus. C’est même la plus forte augmentation après deux années de baisse due au Covid.

Soit la plus forte augmentation de la population depuis vingt années.

C’est donc l’immigration qui a réussi à faire basculer un solde négatif en une progression positive.

Les principaux pays concernés sont l’Allemagne, l’Espagne en progression malgré des soldes très négatifs.

La guerre en Ukraine a particulièrement augmenté le processus avec les arrivées de réfugiés.

En 2019, le taux de fécondité européen était de 1,59. Un taux extrêmement bas à comparer du taux minimum de remplacement qui est de 2,1+. Heureusement la durée de vie augmentant compense partiellement cette perte de naissances. Pour certains pays comme ’Italie, l’Espagne pays les moins féconds, suivis de la Pologne, La Finlande, la Grèce, la Croatie, la perte de population s’accentue. Suivent l’Allemagne, et tous les pays de l’Est, le Portugal, les pays Slaves, la Bulgarie qui ne bouclent pas la boucle.

Ceux qui compensent le plus par l’immigration sont l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède, l’Italie à un degré moindre puisque que cette dernière ne parvient pas à être positive. L’Irlande s’en sort mieux avec la meilleure fécondité de l’Union et une forte immigration, comme pour la Suède.

La France depuis quelques années voit sa fécondité diminuée d’année en année, passant de 2 à moins de 1,8 mais compensant par l’arrivée d’étrangers et une durée de vie plus importante.

« Si la population européenne augmente beaucoup sur le très court terme, c'est en raison des soldes migratoires très importants, analyse Laurent Toulemon, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (INED). Beaucoup d'Ukrainiens ont rejoint l'Allemagne et la Pologne avec la guerre en Ukraine, alors qu'en Espagne l'immigration en provenance de l'Afrique est forte. »

Même la France depuis deux ans voit sa population immigrée augmenter assez fortement.

L’Allemagne a augmenté sa population de 1,3 million d’habitants, l’Espagne de 1,1 M, la France de 780 K et les Pays-Bas de 530K.

L’immigration va devenir un sujet de plus en plus politique qui va alimenter les tensions droite-gauche. Progressivement l’évolution du solde naturel de population va se dégrader. Nous allons assister à une coupure du monde entre les pays, dont la population va être boostée par l’émigration légale ou illégale tels les Etats-Unis, les pays totalement fermés à l’immigration comme le japon, la Pologne (hors Ukraine, la Roumanie…

Autre point qui fait débat, le manque de main d’œuvre. La part de la population active va connaître une baisse significative, alors que la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans devrait augmenter du fait de l’allongement de la durée de vie.

Ce sujet politique, économique, sociologique va engendrer des débats politiques intenses entre les partisans et les contres.

Depuis plusieurs années, des formations plus ou moins conservatrices dirigent 21 des 27 pays de l’U.E. En 2003 avant l’élargissement en Europe de l’Est, la gauche formait 13 des 15 gouvernements dans les pays de la fédération.

En ce qui concerne la France, elle est confrontée à un véritable « baby crash ». En 2022 le nombre de naissances n’avait jamais été aussi bas depuis l’Après-guerre et 2023 s’annonce pire encore !

Les causes multifactorielles :

  1. Un nombre de femmes en âge d’avoir des enfants au plus bas.
  2. Le nombre de naissances a baissé depuis les années 80 à 94, c’est-à-dire moins de jeunes femmes actuellement.
  3. Le retard dans l’acte de procréer suite à une installation plus tardive dans la vie et des études plus longues.
  4. Les contextes économique, épidémique, social, géopolitique plus ou moins anxiogènes, ne prédisposent pas à faire des enfants.
  5. Des associations pour la transition écologique qui veulent modérer les naissances et même pour certaines les interrompre.

En revenant à l’Europe, une vaste enquête par sondages effectués par Fondapol, un think tank fondé au début du siècle aux tendances progressistes, libérales et européennes (Fondation pour l’innovation politique) révèle une conversion des Européens aux valeurs de droite.

La première des causes : L’augmentation de l’immigration et surtout celle qui s’éloigne des valeurs européennes.

Cette perception négative de l’immigration domine partout. En moyenne, six citoyens sur dix sont d’accord avec l’affirmation suivante : « Il y a trop d’immigrés dans notre pays. » À peu près le même nombre (56 %) pensent que leur pays doit se fermer davantage sur le plan migratoire, les Français étant les plus réfractaires (63%) à l’ouverture et fortement d’avis que « l’islam représente une menace pour la République » et est peu compatible avec nos origines judéo-chrétiennes. Dans le bloc de droite, cette idée rallie 81 % des sondés. Les partisans de gauche s’avèrent eux aussi majoritairement « pro-fermeture ». 

« Si ça continue comme ça, dans quelques années, on aura une majorité de Français positionnés à droite, dit M. Delage. C’est vraiment une tendance forte. ». Et avec une fécondité supérieure, l’Europe aura un pourcentage de 40% de musulmans en France en 2050 ! (Voir simplement les prénoms)

En comparaison l’immigration massive de polonais entre les deux guerres, celle de l’après guerre des Italiens, des Espagnols, des Portugais…, n’avait posé aucun problème et très peu de contestations. Il est vrai que l’intégration était facilitée par une base ethnique similaire.

www.danielmoinier.fr

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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