Immobilier : quel salaire faut-il pour acheter un T3 ?

Acheter un logement de trois pièces est devenu un exercice d’endurance financière. Dans les grandes villes françaises, l’immobilier impose désormais des niveaux de revenus qui grimpent, ville après ville, sous l’effet combiné de prix élevés et de hausses continues sur cinq ans.

Paolo Garoscio
By Paolo Garoscio Published on 18 décembre 2025 8h30
Logement : une hausse des loyers deux fois supérieure à l’inflation en 2025 ?
Logement : une hausse des loyers deux fois supérieure à l’inflation en 2025 ? - © Economie Matin
13283 EUROSÀ Paris, acheter un trois-pièces neuf nécessite 13 283 euros de revenus mensuels

En décembre 2025, une étude publiée par Bien’ici permet de mesurer précisément les revenus nécessaires pour acheter un trois-pièces dans l’ancien et dans le neuf dans les principales métropoles françaises. Les chiffres révèlent un marché profondément déséquilibré, où l’immobilier s’éloigne progressivement des capacités financières des acheteurs, même dans des villes longtemps considérées comme accessibles.

Immobilier ancien : Paris au sommet, des seuils élevés partout ailleurs

Dans l’ancien, l’immobilier parisien évolue dans une catégorie à part. Pour acheter un trois-pièces à Paris, un ménage doit aujourd’hui justifier de 9 669 euros de revenus mensuels. Ce niveau place la capitale très largement en tête, loin devant les autres grandes villes, et confirme une réalité bien installée : l’achat immobilier à Paris est réservé à une minorité de foyers aux revenus très élevés.

Derrière Paris, Nice s’impose comme la deuxième ville la plus chère de France pour l’achat dans l’ancien, avec 5 525 euros de revenus mensuels nécessaires. Viennent ensuite Lyon avec 4 798 euros, puis Bordeaux à 4 508 euros. Un second groupe de villes se situe autour de 3 400 à 3 800 euros, notamment Lille, Rennes, Toulouse, Strasbourg, Montpellier, Marseille et Nantes. Même dans ces villes, l’immobilier ancien exige désormais des revenus bien supérieurs aux salaires médians locaux, rendant l’accession à la propriété de plus en plus conditionnelle à des situations professionnelles stables et bien rémunérées.

Immobilier neuf : des niveaux de revenus qui franchissent de nouveaux caps

Dans le neuf, la pression financière s’intensifie encore, selon Bien'Ici. À Paris, acheter un trois-pièces neuf nécessite 13 283 euros de revenus mensuels, un seuil sans équivalent ailleurs en France. L’immobilier neuf parisien se situe ainsi dans une sphère quasi inaccessible pour la majorité des acheteurs, même parmi les cadres.

Hors de la capitale, Nice et Lyon se détachent nettement. Il faut respectivement 6 231 euros et 6 078 euros de revenus mensuels pour y acheter un T3 neuf. Strasbourg et Rennes suivent avec des niveaux supérieurs à 5 000 euros, confirmant la montée en gamme de l’immobilier neuf dans les métropoles attractives. À l’autre extrémité, Lille, Toulouse, Nantes et Bordeaux affichent des seuils compris entre 3 600 et 3 900 euros, des montants qui restent élevés au regard des revenus moyens observés localement.

Hausse des revenus nécessaires : Nice et Toulouse sous forte pression

L’évolution sur cinq ans accentue encore les inquiétudes pour les acheteurs. Dans l’ancien, Nice enregistre la progression la plus marquée, avec une hausse de 37 % des revenus nécessaires depuis 2020, soit 1 481 euros supplémentaires par mois pour acheter le même logement.

Derrière Nice, Lille affiche une hausse de 27 %, suivie de Marseille et Strasbourg à 22 %, puis de Toulouse à 23 %. Même Paris, déjà très élevé en 2020, voit les revenus requis progresser de 13 %, ce qui représente 1 081 euros mensuels supplémentaires pour un acheteur. Lyon fait figure d’exception avec une quasi-stagnation à +1 %, mais cette stabilité intervient après plusieurs années de hausses importantes, qui ont déjà fortement réduit le pouvoir immobilier des ménages.

Ces évolutions s’expliquent par un double effet : des prix toujours élevés et des conditions de crédit nettement moins favorables qu’en 2020. Les calculs reposent sur un emprunt sur 25 ans avec un taux de 3,20 %, contre 1,45 % cinq ans plus tôt, ce qui alourdit mécaniquement les revenus nécessaires pour acheter. Pour de nombreux acheteurs, l’immobilier apparaît ainsi comme un objectif qui s’éloigne jusqu’à devenir inaccessible.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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