France : une usine de biorecyclage unique au monde

En Meurthe-et-Moselle, la petite commune de Longlaville est devenue un symbole mondial de l’innovation en matière de recyclage avec l’inauguration de la première usine de biorecyclage de l’entreprise Carbios. Grâce à une enzyme spécifique, cette usine est capable de recycler des déchets qui étaient jusqu’à présent considérés comme non recyclables.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 2 mai 2024 à 15h14
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230 millions d'eurosLe financement de l'usine de Carbios s'élève à 230 millions d'euros.

Une technique de recyclage unique au monde

C'est une « fierté française » et une « révolution technologique », a félicité le Président Emmanuel Macron sur LinkedIn, à propos de Carbios. Cette entreprise visionnaire, basée à Clermont-Ferrand, s'est lancée dans un projet audacieux : recycler les déchets que personne ne recycle tels que les flacons, les bouteilles en plastiques, les barquettes alimentaires, les vieux tee-shirts, etc.

Le cœur de cette innovation réside dans l'utilisation d'une enzyme que Carbios a développée après plus de 10 ans de recherche. Cette dernière fonctionne comme une « paire de ciseaux moléculaires », pour reprendre les termes d'Emmanuel Ladent, directeur général de Carbios. Autrement dit, elle est capable de découper les chaînes de molécules qui composent le plastique PET (polyéthylène téréphtalate). Une fois ces chaînes moléculaires coupées, le plastique est réduit à ses composants de base, qui peuvent ensuite être purifiés et réassemblés pour former du nouveau plastique de haute qualité. « À partir d'une bouteille de shampoing, on peut faire une bouteille d'eau ; à partir d'un T-shirt, on peut faire une bouteille de shampoing... C'est extrêmement flexible », résume Emmanuel Ladent, directeur général de Carbios.

Jusqu'à 50.000 tonnes de déchets traités par an

Le processus de biorecyclage développé par Carbios est non seulement innovant, mais aussi extrêmement efficace :  « pour une tonne de déchets traités, nous récupérons 90 % de matériau utilisable », précise Emmanuel Ladent. Le reste est transformé en un « gâteau » de particules qui peut servir de combustible, notamment dans le secteur de la cimenterie.  La construction de l'usine de Carbios à Longlaville a débuté en 2023 et elle devrait être pleinement opérationnelle d'ici 2026, c'est-à-dire, être en capacité de traiter jusqu'à 50 000 tonnes de déchets par an, ce qui équivaut à la production de 300 millions de t-shirts. Avec un financement qui s'élève à 230 millions d'euros, soutenu par l'État via le programme France 2030 et la région Grand Est, Carbios représente une véritable pépite française, comme on les aime.

L'entreprise espère bien que sa technologie dépassera les frontières de la France. Sa première usine à Longlaville est d'ailleurs stratégiquement située près du Luxembourg et de la Belgique et vise à collecter des déchets PET dans un rayon de 500 kilomètres avec dans l'idéal « un minimum de bouteilles en plastique et un maximum de déchets difficiles à recycler », précise Emmanuel Ladent. Il ne lui manque plus qu'une licence pour commercialiser sa technologie à l'international. En attendant de l'obtenir, plusieurs grandes marques ont déjà été séduites, notamment L'Oréal, L'Occitane en Provence, Salomon et Puma, qui voient dans le biorecyclage une solution pour atteindre leurs objectifs de développement durable.

Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin depuis septembre 2023.

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