Livres d’occasion : Macron veut les faire payer plus cher

Présent au Festival du Livre de Paris, le 12 avril 2024, Emmanuel Macron a lancé une nouvelle idée de taxe. Une taxe qui ne concerne ni les plus riches ni la dette de l’État mais… une taxe qui aura pour conséquence de peser lourd sur les finances des amateurs de livres. Et ce alors même qu’Emmanuel Macron veut que les Français lisent plus…

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 15 avril 2024 à 9h57
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20%Seulement 20%d es livres achetés en France sont d'occasion.

Emmanuel Macron s’attaque aux livres d’occasion

Les livres d’occasion, pour les amateurs, c’est une mine d’or : moins chers, ils permettent également d’acheter des ouvrages désormais hors commerce ou rares. Mais ça ne plaît pas à Emmanuel Macron qui estime que c’est une perte pour les auteurs. « Le livre d'occasion, quand il est fléché par certaines plateformes, c'est une espèce de mauvais usage, en tout cas de contournement de ce prix unique », a-t-il plaidé.

Le prix unique protège en effet les auteurs et leur permet d’avoir des revenus qu’il est possible de prévoir. Mais ce prix unique ne s’applique qu’au marché du neuf. Sur le marché du livre d’occasion, ce prix unique, voté en 1981 et qui a fait de la France le premier pays à se doter d’une telle loi protectrice, n’a pas d’application. Les particuliers comme les plateformes peuvent mettre en vente leurs livres sans se soucier du prix, généralement à un prix moins élevé que le prix du neuf.

Les livres sont trop chers : les Français se tournent vers l’occasion

Le marché du livre d’occasion pèse néanmoins peu face au marché de l’édition. Selon une étude de la SOFIA (Société française des intérêts des auteurs de l’écrit), seulement un livre sur 5 est acheté d’occasion en France. Soit un chiffre d’affaires de 888 millions d’euros contre 3,5 milliards estimés pour les livres neufs.

Mais avec la multiplication des romans ces dernières années, toutefois, les Français ont compris que conserver un livre déjà lu, s’il n’a d’autre intérêt que l’histoire qu’il raconte, n’est pas intéressant. Ils revendent et rachètent. Et c’est ainsi que les polars, par exemple, se retrouvent avec un marché de l’occasion qui représente 50% des ventes. « Le marché du livre d'occasion augmente plus vite, beaucoup plus vite dans certains secteurs de l'édition que le marché du neuf », explique Geoffroy Pelletier, directeur de la SOFIA, au micro de Radio France le 3 avril 2024.

Vers une taxe sur les livres d’occasion ?

« On va mettre en place au moins une contribution qui puisse permettre de protéger le prix unique et permettre à nos auteurs, éditeurs et traducteurs aussi d'être mieux aidés », a donc affirmé le chef de l’État, sans donner plus de précisions. Les discussions risquent en effet d’être tendues entre le lobby des maisons d’édition et les commerçants. Rachida Dati, ministre de la Culture, devrait donner plus de précisions sur les mesures possibles avant la fin du Salon du Livre de Paris.

« La contribution, la taxe, c'est une solution. Il faudra que l'on regarde si elle peut être mise en œuvre, comment cela peut s'organiser aujourd'hui, auprès de quels acteurs et comment cela peut être ensuite redistribué aux auteurs et aux éditeurs concernés », affirme de son côté le directeur de la SOFIA.

Mais pourquoi les Français achètent des livres d’occasion ?

Reste que l’étude de la SOFIA dévoile que le marché du livre d’occasion qui se développe est surtout lié… au prix du livre neuf. Ce dernier ne cesse d’augmenter : en 2023, par exemple, selon le SLF (Syndicat de la librairie française), le prix des livres a grimpé de 5,2%, contre une inflation de 3,9% sur un an. Ce qui fait grimper le chiffre d’affaires du secteur de l’édition qui a augmenté de 6% entre 2019 et 2022.

Or, souligne la SOFIA, « c'est avant tout pour payer moins cher leurs livres que les Français achètent d'occasion ». L’idée d’une taxe paraît donc contre-productive : si les prix de l’occasion augmentent et que, toujours selon la SOFIA, « près de 25% des acheteurs de livres combinent l'achat de livres neufs et d'occasion » et « très peu d'acheteurs se cantonnent à l'occasion », alors le budget des acheteurs pour les livres neuf va baisser. Et donc la taxe ne fera qu’exacerber la situation.

Car, de toute manière, les lecteurs qui achètent un livre d’occasion pour le lire et puis le revendre ou le donner, par exemple, n’achèteront pas plus volontiers un livre neuf sous réserve que la différence de prix s’est réduite.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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1 commentaire on «Livres d’occasion : Macron veut les faire payer plus cher»

  • La connerie du  » macronite » et sans limites !

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