Selon une étude Meyle–OpinionWay, huit Français sur dix ne se sentent pas capables de réparer leur voiture eux-mêmes. Pourtant, l’intérêt pour la mécanique ne faiblit pas : plus de la moitié aimeraient apprendre à entretenir leur véhicule. Un paradoxe révélateur d’un rapport ambivalent à l’automobile.
La mécanique automobile intéresse 1 Français sur 2

Une mécanique encore trop mystérieuse pour la majorité
Publiée le 14 octobre 2025, l’étude Meyle–OpinionWay dresse un constat clair : 86 % des Français estiment ne pas pouvoir réparer leur voiture faute de connaissances, et 58 % s’en sentent totalement incapables. Ce déficit de confiance traduit un rapport d’éloignement croissant entre les automobilistes et la technique, dans un contexte où la voiture se complexifie.
Les véhicules modernes, bardés d’électronique, rendent en effet la mécanique automobile moins accessible. Les systèmes embarqués et la multiplication des capteurs exigent des compétences spécifiques, souvent hors de portée du grand public. Selon L’Argus (octobre 2025), le diagnostic électronique représente désormais plus de 40 % du temps d’intervention en atelier, contre à peine 20 % il y a dix ans. « L’automobiliste n’a plus la main sur son moteur », résume un garagiste interrogé par Auto Infos.
Garagistes : un pilier toujours incontournable
Face à cette complexité, 73 % des automobilistes font appel à un professionnel dès le moindre problème technique. Le garagiste est perçu comme un allié indispensable, à la fois gain de temps (82 %) et source de confiance (60 %), selon l’enquête Meyle. En moyenne, un foyer français consacre près de 650 € par an à l’entretien automobile.
Les domaines jugés inaccessibles au grand public concernent principalement l’électronique (92 %), les mécaniques complexes (92 %) et la carrosserie (90 %). La modernisation rapide du parc, avec la montée en puissance des véhicules hybrides et électriques, accentue encore cette dépendance. Les ateliers spécialisés dans les véhicules électriques enregistrent une hausse de fréquentation de +18 % en un an, preuve que la transition énergétique redéfinit la culture mécanique des Français.
L’auto-réparation progresse, portée par Internet
Pour autant, une frange d’automobilistes garde le goût du bricolage : 38 % ont déjà effectué une réparation eux-mêmes, dont un quart à plusieurs reprises. Ces interventions restent modestes — changement d’ampoules, d’essuie-glaces ou de batterie — mais traduisent une curiosité mécanique croissante. Plus de 43 % des répondants ont déjà commandé des pièces détachées en ligne, un chiffre en hausse de dix points par rapport à 2023.
Cette tendance est soutenue par la démocratisation des tutoriels et des plateformes spécialisées. Des sites comme Oscaro, Mister Auto ou Yakarouler simplifient l’achat de pièces et encouragent le “do it yourself” automobile. L’étude Meyle note que 55 % des Français aimeraient apprendre à entretenir leur véhicule, un signe que la mécanique redevient un loisir éducatif, à mi-chemin entre passion et économie domestique.
Un clivage générationnel face à la mécanique
Si la curiosité est bien présente, elle n’est pas uniformément répartie. L’étude révèle un écart marqué entre générations : les moins de 35 ans manifestent un intérêt plus fort pour la compréhension technique, tandis que les plus de 55 ans privilégient la sécurité et la délégation au professionnel. Cette différence reflète des évolutions sociétales : la mécanique, autrefois synonyme d’autonomie et de débrouillardise, tend aujourd’hui à devenir une compétence culturelle, liée à la nostalgie d’une époque où l’on réparait sa voiture dans son garage. Chez les jeunes, la mécanique s’associe davantage à la technologie et à la durabilité, notamment via l’entretien des véhicules électriques ou hybrides.
Les formations professionnelles observent d’ailleurs un regain d’intérêt : les lycées techniques et CFA spécialisés dans la maintenance automobile enregistrent une hausse de +12 % d’inscriptions à la rentrée 2025. Loin d’un désintérêt, c’est donc une reconfiguration du rapport à la mécanique qui se dessine, plus numérique, plus consciente, mais aussi plus encadrée.
La pédagogie technique, un levier de reconquête pour la filière
L’étude souligne aussi un enjeu de transmission : la compréhension des bases de la mécanique devient un vecteur de confiance entre automobilistes et professionnels. Les acteurs du secteur insistent désormais sur l’importance d’un dialogue technique clair, dans un contexte où les technologies automobiles évoluent rapidement. Comme le résume Jean-Pierre Rodrigues, directeur général de Meyle France, « il faut aider les automobilistes à comprendre pourquoi certaines réparations doivent être confiées à des spécialistes ».
Cette réflexion traduit une mutation plus large : la pédagogie mécanique s’impose comme un outil de fidélisation et de responsabilisation. Les conducteurs ne veulent plus seulement confier leur voiture, mais comprendre ce qu’on y fait. Cette tendance marque un tournant culturel : la mécanique, longtemps perçue comme une compétence d’expert, redevient un savoir partagé, à l’heure où les véhicules hybrides et électriques transforment profondément la relation entre le conducteur et la machine.
