Gaz à effet de serre : les émissions de méthane augmentent encore en 2023

En 2023, les émissions de méthane ont atteint des sommets très préoccupants, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 15 mars 2024 à 13h30
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30 %Le méthane est à l'origine de près de 30 % du réchauffement de la planète depuis la révolution industrielle.

Émissions de méthane : un record inquiétant en 2023

L'année 2023 a vu un pic préoccupant pour les émissions de méthane, avec 120 millions de tonnes émises par l'industrie fossile et 10 millions supplémentaires dues à la bioénergie. C'est une légère augmentation par rapport à 2022. Ce puissant gaz à effet de serre, bien plus nocif que le CO2 sur le court terme, est principalement libéré par des fuites lors de l'extraction et du traitement des énergies fossiles. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) alerte dans son rapport du 13 mars 2024 : ces niveaux record nous éloignent dangereusement de l'objectif de limiter le réchauffement climatique.

Une poignée de pays sont responsables de la majorité de ces émissions, avec sans surprises la Chine, les États-Unis et la Russie en tête de liste. Mais les pays qui émettent le plus de méthane ne sont pas toujours ceux qui produisent le plus d'énergie. Par exemple, la Norvège, les Pays-Bas et les pays du Moyen-Orient émettent relativement peu de méthane, contrairement au Turkménistan ou au Venezuela, qui font partie des plus grands émetteurs. Ces derniers sont responsables de grandes fuites de méthane détectées par satellite, un problème qui a augmenté de 50 % en 2023, libérant au total 5 millions de tonnes de méthane. Une de ces fuites au Kazakhstan a même duré 200 jours ! L'AIE pointe du doigt l'absurdité de la situation : environ 40 % de ces émissions pourraient être évitées sans coût net, grâce à la valorisation du méthane capturé. Chaque année, on émet environ 580 millions de tonnes de méthane. Sur ce total, 60 % viennent des activités humaines, surtout de l'agriculture, et près d'un tiers des zones humides. Le méthane chauffe beaucoup plus que le CO2, mais ne reste pas aussi longtemps dans l'atmosphère, environ une dizaine d'années. Malgré cela, il est à l'origine de près de 30 % du réchauffement de la planète depuis la révolution industrielle.

Un cout à plusieurs milliards de dollars

Le coût pour réduire drastiquement ces émissions est estimé à 170 milliards de dollars, une somme qui semble colossale, mais représente moins de 5 % des revenus de l'industrie fossile en 2023. Cette dépense est d'autant plus justifiée que la valeur du méthane récupéré pourrait largement compenser les investissements nécessaires. Cependant, l'AIE souligne que les pays en développement auraient besoin d'une aide financière pour contribuer à cet effort global. En effet, un total de 45 milliards de dollars de financements seraient nécessaires. Les émissions de méthane liées aux énergies fossiles sont presque au niveau record de 2019 et bien loin de la baisse de 75 % nécessaire pour ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement, qui est l'objectif fixé par l'accord de Paris pour 2030.

Malgré les résultats inquiétants de l'année 2023, l'AIE se montre optimiste pour l'avenir. Les engagements pris lors de la COP28 à Dubaï et les nouvelles réglementations pourraient marquer le début d'un recul des émissions de méthane. En 2024, une adoption de différentes politiques plus strictes et une meilleure prise de conscience est sûrement à prévoir. La lutte contre les émissions de méthane est importante pour atteindre nos objectifs climatiques et nécessite une action immédiate de tous les acteurs concernés.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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