Transport : l’Europe au secours du train français !

L’article 10 du règlement européen sur les droits des voyageurs ferroviaires, entré en vigueur en juin 2023, garantit un accès continu à différentes informations pour les agences de voyage en ligne indépendantes en faisant la demande. Il s’agit d’une étape importante pour le choix des voyageurs et pour nos ambitions de décarbonation du secteur des transports. Cela doit être le début d’un voyage vers un système de transport plus intelligent et plus durable, fondé sur le choix du consommateur et la multimodalité.

Jérémy Terrasson, Responsable Des Affaires Réglementaires France Chez Edreams Odigeo
Par Jérémy Terrasson Modifié le 10 octobre 2023 à 11h11
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78%78% des Français indiquent utiliser le train au moins de temps en temps

Le train : un transport pratique mais onéreux pour les Français

D’après l’étude Harris Interactive 2023, 78% des Français indiquent utiliser le train au moins de temps en temps, le plus souvent dans un cadre personnel ou de loisir, notamment pour partir en vacances (46%) ou le temps d’un week-end (43%). Quel que soit l’objectif du voyage, dans près de 2/3 des cas, le train est choisi pour des raisons de praticité. La durabilité apparaît comme un critère secondaire dans leurs motivations.

Malgré l’annonce gouvernementale de février 2023, promettant un investissement de 100 milliards d’euros d’ici 2040, la réputation du train demeure entachée. Les dysfonctionnements et les fluctuations tarifaires, contribuent à une perception négative, 53% des Français estimant que la qualité du service s’est dégradée.

L’augmentation significative du coût moyen des billets de train a également impacté la compétitivité du secteur ferroviaire. Selon une étude de Greenpeace datant de 2023, l’avion s’avère moins coûteux que le train pour 70 % des 112 itinéraires européens examinés. Quant à la France, elle occupe la quatrième place en Europe en termes d'écart tarifaire entre le train et l'avion : emprunter le réseau ferroviaire coûte 2,6 fois plus cher qu'utiliser le transport aérien.

Un autre enjeu majeur réside dans la disponibilité restreinte des billets de train dans l'UE. Ces billets ne sont souvent pas accessibles via des agences de voyage indépendantes et sont parfois uniquement vendus par des opérateurs en situation de monopole. Cette exclusivité entrave la mise en place d’une mobilité multimodale, de plus en plus plébiscitée par les voyageurs. En effet, l’étude Ipsos sur les préférences de transport des 18-34 ans lors des vacances met en évidence que, malgré la préférence marquée pour la voiture et l’avion, les jeunes ne se limitent pas à un seul mode de transport pour leurs vacances. Ils sont nombreux à combiner plusieurs modes de transport lors d’un même voyage, en fonction des circonstances spécifiques de leur déplacement.

Une réglementation qui répond aux attentes des consommateurs

L’entrée en vigueur de l'article 10 marque un tournant pour les consommateurs. Elle permet aux voyageurs de choisir des modes de transport plus respectueux de l'environnement en facilitant la comparaison et la combinaison de différents moyens de locomotion. De plus, elle rend possible l’intégration de segments ferroviaires dans des itinéraires multimodaux lors de la réservation de billets auprès d’agences de voyage spécialisées sur une plateforme unique. Dans un monde où la commodité est reine, cette réglementation encourage davantage les voyages en train.

L’impact de ce règlement sera fortement perceptible. Une concurrence saine contribuera à stabiliser non seulement les prix des billets de train, mais aussi ceux d’autres modes de transport, puisque les voyageurs pourront comparer plus facilement leurs alternatives. De plus, cette évolution offrira aux voyageurs une plus grande flexibilité lorsqu'ils considèrent leur empreinte carbone. L'impact qu'un plus grand choix de modes de transport sur la décarbonation ne saurait être sous-estimé :

  • L'augmentation du nombre de voyageurs ferroviaires réduit le volume de location de voitures dans les aéroports, ce qui permet de diminuer encore davantage les émissions de CO2.

  • La facilité d'accès aux billets de train profite également aux pays de l'UE et aux opérateurs ferroviaires eux-mêmes, qui peuvent s’attendre à une hausse du tourisme et du nombre de voyageurs sur leurs lignes.

Donner le coup d'envoi d'une ère de voyages plus intelligents et durables

Il est impératif que l'UE assure une application stricte de l'article 10, dans l'intérêt des consommateurs et de l'environnement, afin de développer un réseau de transport plus durable pour l'avenir, fondé sur les principes fondamentaux du choix du consommateur et de la multimodalité. Au-delà de l'article 10, la législation européenne sur les services de mobilité numérique multimodale vise à étendre ces principes à tous les modes de transport. Il s'agit là d'une nouvelle opportunité de promouvoir un choix accru pour les consommateurs, au bénéfice des voyageurs et de l'environnement.

La décarbonation des transports a souvent fait la une des journaux en raison d'autres initiatives, telles que la recherche de carburants alternatifs pour l'aviation. Mais la question de la multimodalité dans la vente de billets en ligne doit être tout aussi importante dans le débat. La décarbonation est autant une question de changement de comportement que de progrès technologique. En encourageant une utilisation plus intelligente et optimisée des différents modes de transport, il pourrait être possible de réduire l’empreinte environnementale des voyages tout en proposant un usage agile et multimodal des options de transport.

Jérémy Terrasson, Responsable Des Affaires Réglementaires France Chez Edreams Odigeo

responsable des affaires réglementaires France chez eDreams ODIGEO

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