Les économies africaines continuent de rugir

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Par Auguste Meillon Publié le 5 octobre 2016 à 14h29
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50%En 2020 50% des Africains auront un Smartphone.

Le 15 septembre dernier, le cabinet de conseil McKinsey Global Institute a publié la deuxième édition de son rapport d’analyses sur les économies africaines. Si le triomphalisme, annoncé il y a quelques années dans la première édition à propos de ces « lions rugissants », doit être atténué, le potentiel du continent africain reste très important malgré une conjecture économique défavorable.

Très attendu, le rapport McKinsey sur les économies africaines, baptisé « Lions on the Move II : Realizing the Potential of Africa’s Economies », devait permettre une mise à jour des économies du continent depuis la première édition, publiée il y a maintenant six ans. A l’époque, les auteurs du rapport, dont Acha Leke, patron de McKinsey à Johannesburg (Afrique du Sud) et principal instigateur, annonçaient une émergence économique du continent africain qui faisait apparaître les fameux « lions rugissants ». Mais la situation en 2016 n’est plus la même qu’au début de la décennie et le ton est aujourd’hui plus nuancé, même si l'optimisme reste toujours de rigueur.

Si les lions rugissent un peu moins en 2016, c'est avant tout en raison d'une conjecture économique mondiale peu favorable depuis quelques années. Alors que la croissance moyenne sur le continent était de 4,9 % entre 2000 et 2008, elle a ralenti entre 2010 et 2015, pour atteindre 3,3 %. Mais, point positif, l'étude démontre avant tout une capacité de résilience importante des économies africaines, capables de résister aux crises et autres aléas économiques majeurs.

Évidemment, tous les pays ne sont pas logés à la même enseigne avec des situations économiques divergentes. Tout d'abord, 11 pays, représentant 60 % du PIB du continent, affichent un ralentissement important. Il s'agit des pays pétroliers mais aussi des trois pays secoués par le Printemps arabe, c'est à dire l’Égypte, la Libye et la Tunisie. Au contraire, les autres pays ont maintenu leurs taux de croissance annuel depuis les années 2000 au-delà de 4 %. Globalement, le tableau est donc positif et devrait permettre à l'Afrique d'être la deuxième région mondiale en termes de croissance d'ici à 2020.

« Les fondamentaux sont réunis »

En effet, le rapport McKinsey projette que cette croissance va s’accélérer d'ici quelques années car « les fondamentaux sont réunis », explique Acha Leke. Quels sont ces fondamentaux, justement ? Il s’agit, en premier lieu, de l’urbanisation grandissante ; au cours des dix prochaines années, 187 millions d'Africains supplémentaires vivront en ville. Une donnée positive si cet accroissement démographique est correctement accompagné. La réserve de main d’œuvre, particulièrement jeune, qui en émergera, devra être formée et bénéficier des meilleures conditions de travail, notamment en termes d’infrastructures pour que la productivité soit au rendez-vous.

Cela se traduira également par une hausse de la consommation. Le cabinet américain estime que les dépenses des foyers africains atteindront 2,1 trillions de dollars en 2025. Les principaux centres urbains deviendront donc de véritables bassins de consommation. A titre d'exemple, le taux de pénétration des smartphones passera de 10 % en 2015 à 50 % en 2020. Cependant, les premières sources de dépenses des ménages resteront l'alimentation, le logement, la santé et l'éducation.

Concernant la demande alimentaire, l'Afrique pourra s'appuyer sur sa propre offre de production, puisque le rapport précise que 60 % de la surface agricole non-utilisée se trouve en Afrique. A cela s'ajoute un sol riche d'un grand nombre de réserves naturelles, principalement des minerais. En dix ans, l'on assistera ainsi à une transformation de l'économie des ressources naturelles en Afrique, passant d'une exportation massive à une croissance basée sur la demande interne. Il faut noter qu'actuellement, un tiers des produits alimentaires et boissons sont importés, démontrant le défi qui attend les Africains.

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Si l'intervention des États sera l'un des facteurs de réussite de ces évolutions attendues, particulièrement dans les domaines de l’éducation et des infrastructures, McKinsey met en avant le rôle futur des entreprises africaines. Si les plus grandes réalisent plus d’un milliard de dollars de chiffre d'affaires, et sont donc plus rentables que certaines multinationales, elles n'ont pas encore atteint tout leur potentiel. Pour cela, six secteurs ont été identifiés, de l'industrie légère à la construction en passant par la santé. L'objectif est donc désormais de capter la demande intérieure, toujours plus grandissante.

Au terme de son étude, McKinsey propose six priorités, présentées sous forme de recommandations, à destination des dirigeants politiques africains pour permettre de transformer ces prospectives en réalité économique. Entre autres, ces impératifs comprennent la capacité à mobiliser les ressources financières domestiques (impôts, assurance-vie) au profit du développement ou encore le renforcement de l'intégration régionale. Ce n’est qu’à ce moment-là, selon le cabinet d’études, que les lions rugiront plus forts.

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Auguste Meillon, professeur d'histoire-géographie, passionné par le développement économique et culturel en Afrique

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