Airbus ne veut pas entendre parler d'un Brexit "dur", c'est à dire d'un divorce entre Londres et Bruxelles sans accord commercial. Le groupe aéronautique menace le gouvernement de Theresa May.
"Un scénario sans accord menace directement l'avenir d'Airbus au Royaume-Uni". Cette déclaration sans ambiguïtés de Tom Williams, le directeur général adjoint de l'avionneur européen, intervient à quelques jours d'un sommet européen qui se tiendra à Bruxelles. Les chefs d'État et de gouvernement constateront les avancées des négociations entre les deux parties. Celles-ci ne sont guère probantes en raison des atermoiements de Theresa May qui ne parvient pas à dégager une ligne claire entre les tenants d'un Brexit "dur" et les partisans d'une sortie plus en douceur.
Saut dans le vide
En attendant, l'heure tourne et la date du 29 mai 2019 approche : sans accord commercial signé à cette date, ce sera le saut dans l'inconnu pour le Royaume-Uni et pour les entreprises qui commercent avec le reste de l'Union européenne. Airbus est un acteur économique majeur au Royaume-Uni, il emploie 15 000 personnes répartis sur 25 sites (en particulier au Pays de Galles) et, plus globalement, l'entreprise représente 100 000 emplois indirects chez 4 000 fournisseurs. Airbus pèse 7,8 milliards de livres dans l'activité économique du pays.
Production délocalisée
Airbus ne devrait pas quitter le Royaume-Uni avec armes et bagages, selon plusieurs observateurs. Mais le groupe va fortement réduire la voilure : la production des ailes du successeur de l'A320 pourrait être transférée en Allemagne ou en Espagne. En attendant de sortir du brouillard, le groupe envisage d'accumuler des pièces afin de faire face au problème de réapprovisionnement en cas de sortie du marché unique sans accord.