Alstom : le sauvetage du site de Belfort plus compliqué que prévu

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 6 février 2017 à 5h46
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400 MILLIONS €L4achat de 15 TGV va coûter à l'Etat près de 400 millions d'euros.

Lorsque le groupe Alstom avait annoncé la fermeture de l’usine historique de Belfort, trop coûteuse, un gigantesque bouclier politique s’était levé contre cette possibilité. A quelques mois des élections impossible pour le gouvernement de permettre la fermeture du site, le quinquennat de Hollande ayant déjà été marqué par l’échec de Florange. Un plan de sauvetage a donc été imaginé.

Simple, ce plan semble toutefois être irréalisable.

Une commande de L’État déjà critiquée

Dès que le plan avait été rendu public, la commande passée par l’État à Alstom avait été vivement critiquée. Le gouvernement voulait acheter 15 rames TGV duplex pour les faire rouler sur la ligne intercité Marseille-Bordeaux, ligne qui devrait devenir, à terme, une ligne LGV. Mais entre temps les rames auraient roulé bien en dessous de leur vitesse maximale, les lignes classiques ne permettant pas de rouler au-dessus de 200 km/h alors que les TGV dépassent les 300 km/h en vitesse de pointe.

L’État aurait donc procédé à un achat cher et inutile. Ou pas. Car selon les services de Bercy, l’achat tel qu’il a été prévu n’est pas faisable. La lettre spécialisée "Mobilettre" et Les Echos ont pu consulter ce document de Bercy daté du 2 décembre 2016. Il y est tout simplement écrit que c’est impossible.

L’idée, pour l’État, était de mettre cet achat dans un avenant au contrat-cadre liant la SNCF et Alstom et datant de 2007. Mais pour les spécialistes de Bercy, c’est impossible : l’avenant à ce contrat n’est pas une option.

Le problème de l’appel d’offres qui ne doit pas être fait

Pour sauver Alstom, l’État ne doit pas passer par un appel d’offres comme ce devrait être le cas en temps normal : si l’appel d’offres est perdu par Alstom au profit d’un de ses concurrents, l’achat ne pourrait pas sauver l’usine de Belfort.

L’État doit donc forcer la main à la SNCF et sa propre trésorerie d’où l’intérêt de l’avenant du contrat-cadre, seule option pour ne pas devoir faire appel à l’appel d’offre. Cet contrat-cadre a, toutefois, déjà reçu cinq avenants depuis sa signature en 2007.

La SNCF serait alors réticente : cette option pourrait, en cas de recours auprès d’un tribunal par exemple, se retourner contre elle. Le gouvernement, lui, veut à tout prix tenir sa promesse de sauver Alstom, du moins jusqu’aux élections.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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