AREVA monte en puissance sur le marché américain du démantèlement nucléaire

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Par Rédaction Modifié le 8 décembre 2017 à 20h58
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72,30%L'Etat français détient 72,30 % du capital d'Areva.

L’accord entre le leader français du nucléaire et le groupe coréen KHNP s’inscrit dans une stratégie mûrement pensée, mêlant partage de compétences et ouverture à l’international. Une montée en compétence qui permet à AREVA de miser encore davantage sur les États-Unis, marché particulièrement porteur.

Se rapprocher pour mieux anticiper l’avenir. Le français AREVA, leader mondial du démantèlement de centrales nucléaires et du recyclage de combustibles usés, vient de signer un accord avec KHNP (Korea Hydro & Nuclear Power), l’opérateur des centrales sud-coréennes. L’accord, important, vise à renforcer la coopération entre les deux groupes dans les domaines stratégiques que sont, et que seront encore davantage demain, l’assainissement et le démantèlement des centrales nucléaires arrivées en fin de vie.

Les fiançailles ont été amplement préparées en amont par les « parents » respectifs des entreprises, les États français et coréen. Séoul et Paris sont, en effet, tombés d’accord pour intensifier leur coopération dans le secteur de l’énergie et, en particulier, dans celui du démantèlement. Lors d’une récente tournée européenne, le ministre sud-coréen de l’Énergie, Paik Un-gyu, a rencontré son homologue français en charge de l’Environnement, Nicolas Hulot. Les deux hommes ont convenu de l’importance d’accroitre le partage des savoirs et des expertises entre leurs pays.

Les protocoles d’entente signés entre AREVA et KHNP traduisent cette ambition commune. La Corée du Sud bénéficiera de l’expertise, incontestée, des Français dans la déconstruction des réacteurs nucléaires. Et du côté de Séoul, on entend bien mettre en avant les compétences des spécialistes sud-coréens dans le domaine du démantèlement. En d’autres termes, il s’agit bien d’un accord gagnant-gagnant.

Le démantèlement, un marché porteur

Ce rapprochement est aussi stratégique pour AREVA. Avec KHNP, le groupe français pourra non seulement partager des savoirs, mais aussi développer de nouveaux procédés, et tirer profit des retours d’expérience. Car l’avenir du secteur est dans les consortiums. Il faut atteindre une taille critique pour renforcer l’innovation et proposer des offres compétitives. Et ce alors que de plus en plus d’acteurs se positionnent sur le marché porteur du démantèlement.

En 2014, quelque 140 réacteurs étaient à l’arrêt dans le monde (dont une grande partie aux États-Unis ou en Allemagne). Et entre 2015 et 2030, pas moins de neuf centrales nucléaires françaises, de première génération et appartenant à EDF, devront subir des opérations, forcément très complexes, de déconstruction et d’assainissement. Selon le cabinet Xerfi, le marché du démantèlement des seules centrales nucléaires françaises s’élèverait à 8 milliards d’euros d’ici à 2030. Avec un tel pactole à la clé, pas étonnant que cela se bouscule au portillon.

Pour sortir leur épingle du jeu, les acteurs du secteur vont donc devoir concentrer leurs efforts, gagner en performance et en compétitivité. Et viser l’international. C’est aussi ce qu’ont bien compris les dirigeants d’AREVA, qui ont choisi de développer leur savoir-faire et de miser sur un marché américain particulièrement dynamique.

AREVA à la conquête des États-Unis

Les États-Unis ne sont pas la France : le nucléaire n’y est pas aussi compétitif que dans l’Hexagone, avec pour conséquence la fermeture récente de plusieurs centrales dans un certain nombre d’États américains. En 2015, 19 réacteurs étaient à l’arrêt et en voie de démantèlement. Du pain bénit pour AREVA, dont la filiale AREVA Nuclear Materials a conclu, en avril dernier, une joint-venture avec l’entreprise américaine NorthStar, spécialisée dans la destruction d’immeubles.

Baptisée ADP, la joint-venture associera toutes les compétences clés pour mener à leur terme les nombreux projets d’assainissement-démantèlement de centrales aux États-Unis. Dans un pays où les centrales peuvent régulièrement changer de propriétaire, ADP négocie le rachat d’installations nucléaires afin de les démanteler, tout en assurant également la gestion des combustibles usés. AREVA et NorthStar proposent ainsi à leurs clients des solutions quasi clé en main, en assurant l’ensemble du process de manière sûre et efficace.

Cette montée en puissance fonctionne. ADP a ainsi remporté le démantèlement de la centrale de Vermont Yankee, en service depuis 1972 sur les bords du fleuve Connecticut, et mise à l’arrêt en 2014. De l’autre côté de l’Atlantique, en France, ce sont 58 réacteurs qui fonctionnent encore, mais dont il convient de rappeler que, pas davantage qu’aux États-Unis, ils ne sont éternels. En Allemagne, les mêmes défis se posent, avec la sortie progressive du pays de l’atome. En somme, l’activité démantèlement d’AREVA a de beaux jours devant elle.

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